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novembre, 2024

Venez manger du bonheur avec nous !

Rédigé par : 

François Viau

Oui, le titre peut paraître intéressant. Et qu’est-ce qu’on veut dire par là ? Personnellement, je n’ai jamais vu de recette de cuisine où l’on devait ajouter 2 tasses de bonheur. Alors donnez-vous votre langue au chat ? Non ? J’entends déjà des gens qui m’informent qu’une saine alimentation est essentielle à une bonne qualité de vie. D’autres me diront qu’ils ont la pire humeur lorsqu’ils ont le ventre vide. Vous croyez déjà avoir répondu à la question ? Pas du tout ! 

Que veut-on dire alors par « manger du bonheur » ? Commençons par le commencement. Nous suivrons ici le parcours d’un rôti de bœuf au travers d’une cuisine et nous comprendrons ce qui rend heureux. Vous doutez que la nourriture soit aussi bénéfique qu’on le prétend ? Je n’attends plus et je vous partage dès maintenant ma recette pas si magique que ça. Si vous n’êtes pas sûrs      de comprendre, vous pouvez aussi demander à un de nos 12 participants du       cours de cuisine du lundi, car la nourriture n’a plus de secrets pour eux.

Première étape : Prenez votre rôti et faites-le mariner dans un bouillon social pour au moins une heure.

Pourquoi ? Parce qu’une marinade, ça attendrit ! Même les plus grosses pièces de viande deviennent souples quand elles profitent d’un bon bouillon. Le rôti de boeuf que nous suivons dans son parcours arrive triste, anxieux et grognon. Après avoir jasé avec une cuisinière, deux stagiaires et 4 usagers, l’anxiété commence à disparaître            chair      se desserre      . Les mouvements des muscles sont plus souples, moins robotiques. Comme c’est le cas avec un humain. L     es réponses courtes de trois mots se transforment en échanges vivants et spontanés. Tranquillement, le CAFGRAF et ses usagers font leur œuvre. Comme le ventre et le corps en général sont plus détendus, la personne aura plus de facilité à manger. Avez-vous déjà essayé de manger en état avancé de stress ? Parfois, ça ne passe tout simplement pas.

Deuxième étape : Apprêtez vos ingrédients en y mettant plein d’amour !

Lorsque votre pièce de viande est bien socialisée, c’est enfin le temps d’y injecter un gros tas d’amour et d’épices (des gens préfèreront toujours l’amour bien épicé !). Facile à dire ! Voici quelques indications qui vous permettront de réaliser avec succès la deuxième étape. D’abord, prenez le temps d’observer. Plusieurs personnes sont tellement pressées de parler qu’elles ne se soucient pas de l’autre. Aimez-vous que l’on vous parle sans vous écouter ? Que l’on vous propose des trucs qui sont loin de votre réalité ou déconnectés de vos moyens financiers ? Vous n’aimez pas ça ? Personne n’aime ça ! Alors soyez attentifs aux autres comme vous aimez qu’on soit attentifs à vous. Prenez le temps de comprendre l’autre, de vous intéresser à lui. Vous ne trouverez pas que des différences, mais aussi des points en commun que vous pourrez utiliser pour débuter une discussion intéressante. J’entends plusieurs personnes partager, au CAFGRAF, qu’elles ont parfois de la difficulté à avoir de belles relations. Essayez ce truc ! C’est le plus facile au monde ! Il vous demande en fait de ne rien faire : arrêter de parler, arrêter de couper la parole et laisser      l’autre le temps de terminer sa phrase, voire son histoire.

Ensuite, si j’avais un autre conseil à vous offrir, ce serait de penser à complimenter les autres. Reprenons maintenant l’exemple de notre rôti de bœuf. Imaginez-vous en train de servir le plus magnifique rôti à tous les gens que vous aimez. Vous attendez-vous à des compliments ? Des remerciements ? Oui ? Est-ce que ça fait de vous des gens capricieux ? Des bébés gâtés ? Absolument pas ! Au contraire, c’est parfaitement normal et même très sain. C’est à coup de compliments que l’on apprend à croire en nous. Que l’on apprend à s’aimer. Que l’on apprend aussi à se laisser aimer.

Se laisser aimer ? Tout à fait ! Comme un rôti qui se laisserait manger. Sinon, dites-moi à quoi ça pourrait servir de donner tant d’attention à notre rôti, de le faire mariner doucement, de l’assaisonner selon les préférences des invités, de monter la chaleur pour le laisser cuire afin qu’il ressorte du four le plus tendre possible. Tout ça pour finalement ne pas le servir ? Idéalement, toute cette expérience se terminera donc par un partage. 

Où est-ce que je m’en vais avec tout ça ? Je voulais simplement démontrer que toute la belle expérience d’inviter des gens à la maison pour un repas, ou de le cuisiner au CAFGRAF pour une belle gang d’affamés, ne se résume pas aux 15 coups de fourchettes que nous donnons à notre assiette. En effet, j’ai déjà vu plusieurs personnes ici ressentir un plaisir authentique alors qu’ils étaient en train d’accomplir un merveilleux travail d’équipe en cuisine. Ça rit, ça crie, ça partage, ça entraide, ça bouffe et…ce n’est pas un peu le contraire de la dépression tout ça ?

Et puis, quand vous amenez au reste du groupe la belle nourriture que vous avez préparé, que vous recevez des applaudissements et des compliments, ce n’est pas un peu le contraire de la honte tout ça ?

Alors je dirais que oui, au travers d’un rôti de bœuf, on peut traiter la dépression et l’anxiété. Le remède n’est pas le rôti lui-même, mais plutôt toutes les étapes qui d’habitude font chialer les gens : on coupe les légumes (en jasant), on cuit les viandes (en riant), on apprend de nouvelles recettes (en partageant) et finalement, on sert le plat (avec fierté).

Venez donc manger du bonheur avec nous ! On ne vous le servira pas sur un plateau d’argent, tout cuit dans le bec. Pas parce qu’on est égoïstes (j’ai demandé à Luc si « égoïstes » prenait un « s » et il me dit que oui, alors pardonnez-moi si j’ai fait une faute !), mais plutôt parce qu’on a aucun bonheur déjà tout prêt. Comment ça ??? Parce qu’on a besoin de vous pour en faire. 

Continuez de venir nous voir. Continuez de venir manger avec nous. La fierté, la reconnaissance et la confiance en soi viendront vous rejoindre, tous et toutes assis à la même table !

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