Le stress : un faux ennemi ?

En général, le stress est bien mal-aimé. Revisitons le stress pour voir qu’il n’est pas que mauvais! En effet, le stress est une réponse normale, et parfois même désirable, qui peut nous aider à naviguer certains défis de la vie. Comprendre les nuances du stress peut nous aider à le gérer plus efficacement.

Qu’est-ce que le stress?

À la base, le stress est une réaction de notre corps face à une menace. C’est grâce au stress que nous adoptons des comportements qui peuvent être utiles à notre survie, notre performance et permettre de nous dépasser et de nous adapter. Par exemple, le stress ressenti avant une compétition de sport ou encore une présentation orale augmente notre énergie, notre attention et notre motivation. Ainsi, le stress peut contribuer à améliorer la performance. Bien que le stress à dose modérée puisse être bénéfique, il n’y a aucun doute que le stress prolongé, répétitif ou excessif est problématique. Dans ce cas, le stress peut avoir des effets néfastes sur la santé physique et psychologique.

Qu’est-ce qui nous stress? Stresseurs absolus et relatifs

Il existe deux types de stresseurs : les stresseurs absolus et les stresseurs relatifs. Cependant, le corps ne fait aucune distinction entre ces types de stress : il réagit de la même manière aux stresseurs absolus et relatifs. Un stresseur absolu représente un danger réel et imminent pour notre vie. Les stresseurs absolus provoquent du stress chez tous les individus qui y font face. Se faire pourchasser par un ours agressif et affamé serait un exemple de stress absolu. En réalité, les stresseurs absolus sont plutôt rares de nos jours.

D’un autre côté, les stresseurs relatifs sont des situations qui ne menacent pas notre survie, et qui peuvent tout de même générer du stress. Par exemple, déménager, une dépense imprévue, les bouchons de circulation, parler devant des personnes … En fait, les stresseurs relatifs résultent de notre interprétation d’une situation : ils sont donc propres à chacun. Une personne peut percevoir une situation comme stressante, alors qu’une autre n’aura pas la même lecture de la situation. Tout est donc une question de perception.

Les ingrédients du stress : C.I.N.É

De nos jours, la plupart des stresseurs que nous vivons sont relatifs (notre vie n’est pas réellement menacée). Même si les stresseurs relatifs peuvent être interprétés différemment par chacun, il existe une recette commune du stress : C.I.N.É. Cette recette contient quatre ingrédients : un sentiment de Contrôle faible, l’Imprévisibilité, la Nouveauté et une menace à l’Égo. Il ne suffit que d’un ingrédient pour qu’une situation nous fasse ressentir du stress. Plus il y a d’ingrédients présents dans une situation, plus nous sommes susceptibles de ressentir du stress.

Redéfinir sa relation avec le stress

Comment nous voyons le stress peut également entraîner des répercussions. Avoir l’idée que le stress peut être un allié dans nos performances pourrait nous aider à mieux performer que lorsqu’on perçoit le stress comme étant uniquement néfaste. Il est donc important de se rappeler que vivre du stress est normal. Après tout, le cerveau est une machine à détecter des menaces, réelles ou perçues, pour nous sauver la vie. Développer une perception balancée du stress (il n’est pas que néfaste et il n’est pas que bon) pourrait donc nous aider à l’apprivoiser. Une autre façon d’apprivoiser son stress pourrait passer par l’écoute et la compréhension de notre stress.

Être à l’écoute de son stress

Lorsqu’on remarque des signes de stress, on peut prendre un moment pour se demander : quelle est la situation à l’origine de mon stress? Ensuite, on peut prendre le temps de déconstruire la situation stressante avec les ingrédients C.I.N.É. Ceci nous aidera à mieux comprendre à quelle situation/ingrédient nous sommes plus sensibles.

Voici des exemples de questions à se poser :

Contrôle faible : Est-ce que j’ai l’impression d’avoir peu ou pas de contrôle sur la situation ?
Imprévisibilité : Est-ce qu’il s’est produit quelque chose d’inattendu? Est-ce que je sens que la suite des choses est incertaine/inconnue?
Nouveauté : Est-ce que je suis dans une situation nouvelle, dans laquelle je n’ai jamais été?
Égo : Est-ce que je sens que mes capacités et mon égo sont en jeu ou remis en question?

D’ailleurs, si vous êtes intéressés à en apprendre plus sur quel ingrédient du stress vous affecte le plus, je vous invite à répondre à un questionnaire développé par le centre de recherche sur le stress humain : https://www.stresshumain.ca/le-stress/questionnaire-cine-2020/

En bref, le stress est une réponse naturelle et adaptative qui nous prépare à gérer une menace. La plupart des situations qui provoquent du stress sont propres à chacun, mais ils ont des ingrédients communs. Développer une perception plus nuancée du stress peut nous aider à apprivoiser le stress comme une ami plutôt qu’un ennemi.

Les effets des émotions sur l’intelligence et le potentiel de guérison

En art-thérapie, je te demande parfois d’illustrer une ou des émotions. Pourquoi exprimer visuellement des émotions ? Parce que plus on reconnaît nos émotions, mieux on peut comprendre ce qu’elles ont à nous dire et en prendre soin. 

L’art, la beauté et ses effets sur le cerveau

Les scientifiques ne sont pas encore arrivés à définir l’effet de la beauté sur le cerveau1. Cependant, ils ont des pistes. Le cerveau est capable de distinguer et de traiter ce qui est beau, par exemple, quand on apprécie l’harmonie d’un tableau, son rythme et sa composition. Le cerveau est stimulé par une émotion déclenchée par ce qui nous apparaît comme beau. En d’autres mots, c’est comme si cela allumait les neurones du cerveau. Prenons l’exemple d’une mélodie qui te plait. Même si tu l’écoutes dix fois dans une même année, elle n’aura pas le même effet sur tes neurones. Il y a plus de 600 millions de synapses (chemins ou câbles) qui connectent les neurones par millimètre cube (insérer dessin neurone 1 émotions, neurone 2 savoir tenir un crayon, donne neurone 3: exprimer l’émotion – câbles qui les relient entre eux). C’est difficile à imaginer pour un si petit espace. C’est pendant toute la vie qu’on peut agrandir les circuits du cerveau, ou reconnecter ces chemins neuronaux. C’est ce qu’on appelle la plasticité du cerveau. Plus on est stimulé par différents types de beauté, plus notre cerveau créera de nouvelles connexions entre les neurones. Pas besoin de chercher loin. La belle nature est gratuite et présente tout autour de nous. Elle stimule des émotions et des sentiments durables de calme, de plaisir ou de satisfaction.

L’expression des émotions et l’intelligence

Justement, parlons-en des émotions. Dans ma pratique artistique et d’art-thérapeute, une création peut libérer des émotions inexprimées ou des inconforts. On peut choisir d’illustrer une émotion pour voir à quoi elle ressemble pour soi. Il suffit d’entrer en contact avec l’émotion pour ressentir comment elle se manifeste dans le corps. Où est-elle ? Quelle est sa forme, ses mouvements et son rythme ? On peut ensuite la regarder avec curiosité et se demander ce qu’elle vient faire, ici et maintenant. On peut découvrir ce qu’elle cherche à dire. La pratique de l’expression des inconforts intérieurs peut amener à la conscience les émotions et favoriser leur compréhension. Avec le temps, tu développes et raffines ton intelligence émotionnelle. Donc, tu peux laisser s’exprimer l’émotion artistiquement, même si tu ne sais pas laquelle est là. Ensuite, tu peux essayer de la comprendre, pour saisir pourquoi elle est là. C’est ainsi que l’émotion contribue à l’intelligence globale du corps, et éventuellement à une prise de décision réfléchie. 

L’intelligence émotionnelle et ses effets 

L’émotion vient stimuler directement la partie réactive du cerveau. Si on ne comprend pas les émotions, celles-ci peuvent diriger nos comportements, malgré notre bonne volonté. Par exemple, tu veux arrêter de fumer. Arrive une situation stressante. Tu ne prends pas le temps d’être en contact et de comprendre le stress que ça génère. Cela engendre le besoin de fumer. Tu prends une bouffée de cigarette, malgré ta volonté de ne pas recommencer.  Si tu t’arrêtes pour comprendre le message de ton stress, tu arrives à raisonner et prendre la bonne décision pour toi. 

Et pas seulement pour soi. Se connaître émotionnellement peut contribuer au succès. En effet, l’intelligence émotionnelle des employés contribuerait à 85% du développement des entreprises2. Les médecins3 reconnaissent de plus en plus l’effet bénéfique de l’expérience artistique sur les changements bénéfiques pour soi. Lorsqu’une personne est malade, l’art-thérapie peut contribuer au processus de guérison ou d’acceptation de la maladie. Aussi, la maladie mentale est une condition physique, tout comme une jambe cassée. Le cerveau est un organe qui fait partie du corps. La personne d’avant la maladie (physique ou mentale) est encore là.  Vivre et exprimer sainement les émotions, comme la peur, la tristesse, la colère peut favoriser le processus du retour à une vie satisfaisante.

Les effets cognitifs et symboliques sur le cerveau

Si on exprime la colère avec un bloc d’argile, en le cognant sur une table et en le transformant, peu à peu le sentiment d’être envahi va diminuer. En modelant la colère qui est encore présente, on lui donnera une forme d’expression (symbolique). On peut chercher à comprendre (cognitif) ce qui s’exprime. Cela a un effet sur les chemins (synapses) qui sont formés dans le cerveau. Exprimer et comprendre peut aider à se sortir des comportements qui nuisent à ta santé mentale et/ou physique. Par exemple, les comportements qui font trop boire d’alcool, trop manger ou trop consommer de drogues. 

Ce qui est envahissant est souvent difficile à identifier et à comprendre. Par exemple, utiliser l’aquarelle (sensoriel) en tapotant (kinesthésique) permet d’exprimer doucement le trop-plein de l’affectif (émotion). Ce qui amène éventuellement à perce-voir autrement (perceptif)4. De là, on comprend mieux l’effet de l’émotion sur notre comportement (cognitif). La forme (symbolique) exprime ce que notre corps et nos émotions cherchent à nous apprendre. Avec le temps, l’image créée revient dans nos pensées. Graduellement, les images créées aident à supporter ce qui est inexprimable ou invivable. 

Par exemple, cette image illustre un moment où je ne me sentais pas bien. J’étais inconfortable avec une décision prise. J’ai pris un carton noir, pour faire ressortir ce que j’avais besoin de voir, car je ne voyais pas clair. Sur l’image abstraite, on voit une femme avec les mains et le corps tournés vers la gauche, et le regard tourné vers la droite. Cela m’a fait prendre conscience que ma pensée (décision) n’était pas alignée avec ce que mon corps ressentait. J’ai alors réfléchi à ce qui pourrait réconcilier mon corps et ma pensée. J’ai pris la même position que le personnage et j’ai réaligné mon corps. Ce mouvement m’a guidé à voir la décision appropriée pour moi. Tu as des questions, viens me voir et on pourra regarder comment tu peux t’approprier l’expression de tes émotions.

 

Références

    1. Verdo, Y. (2016) Comment l’art embrase le cerveau. Retrouvé sur le site Les Échos. https://www.lesechos.fr/2016/11/comment-lart-embrase-le-cerveau-218142
    2. Découverte Sciences (2024). Nos émotions nous rendent-elles intelligents? 38 dossiers pour comprendre Cerveau & Neurosciences, p. 72-74.
    3. Pellecchia, A., Gagnayre, R. (2006). Entre cognition et émotion : les potentialités de l’art dans l’éducation thérapeutique. Revue internationale francophone d’éducation médicale.
    4. Lusebrink, V. J., Hinz, L. (2019). Cognitive and symbolic aspects of art therapy and similarities with large scale brain networks. Journal of the American art therapy association 37(3), 113-122.

 

Le cadre du continuum des thérapies expressives en art-thérapie

Le cadre du Continuum des Thérapies Expressives (CTE) en art-thérapie c’est quoi ? En art-thérapie, on utilise des médias d’art-visuels. En utilisant le cadre du CTE, les médias sont disposés sur un continuum dans le studio d’art-thérapie. C’est-à-dire qu’on dispose les médias des plus fluides aux plus résistifs. Ça veut dire quoi tout ça ? Il n’y a rien de mieux qu’une image. 

Mais encore, pourquoi du plus fluide au plus résistant ? Chaque médium peut amener dans le corps une réaction différente. Cela peut aller de l’indifférence, au plaisir, au dégoût ou encore une résistance sans raison particulière. Par exemple, la création avec l’aquarelle peut amener une émotion de lâcher-prise ou de déplaisir. Certaines personnes seront ravies de jouer avec la fluidité de l’aquarelle qui peut s’écouler dans différents sens. D’autres se sentiront désemparées, car l’aquarelle et les médiums apparentés laissent moins de place au contrôle. Un autre exemple est la création avec l’argile. Certaines personnes peuvent avoir de la difficulté à la manipuler. D’autres auront de la difficulté à apprécier sa matérialité. Plusieurs personnes seront surprises d’arriver à donner forme à ce qu’ils imaginent. Certaines personnes aimeront la malléabilité de l’argile et sa propriété pourtant solide.

Des médiums comme les crayons de couleurs, le collage ou les feutres peuvent faciliter le développement de capacités cognitives. Les thérapies expressives comprennent beaucoup plus de matériaux que ceux illustrés ci-haut. Cependant, il est important de ne pas introduire trop de médiums inconnus au début d’une série de séances en art-thérapie.1

Un aspect important de l’approche par le CTE est d’encourager la personne à explorer les médiums. Une des valeurs importantes est de créer avec ce qui est présent.  Comment la personne se sent, quelles couleurs et textures y correspondent. Avec le temps on peut introduire des matériaux moins conventionnels. Ces matériaux peuvent favoriser une expression symbolique et significative pour la personne. Les matériaux non conventionnels peuvent être du tissu, des souliers, pour confectionner un personnage ou une marionnette. Ces explorations symboliques peuvent aider à nourrir des aspects de soi avec un manque à combler. L’important est d’avoir une variété de matériaux qui peuvent nourrir les différents besoins liés à la culture. Par exemple, l’utilisation de tissus, laine ou rubans apaisent et nourrissent les besoins de type sensoriels.

On peut aussi marcher dans l’environnement immédiat pour trouver des objets qui peuvent nourrir le processus créatif. Ce processus de recherche de l’objet naturel ou autre favorise l’action. Par exemple, je marche dans le parc et je trouve une plaquette informatique de 4 pouces (oui ça m’est arrivé). Intéressant.  Comment est-elle arrivée là ? D’où vient-elle ? Qui a participé à sa création ? Je trouve une noisette, mais il n’y a aucun noisetier dans le boisé. Étrange. Quel voyage a-t-elle fait pour se rendre dans ce boisé ? On peut alors imaginer et créer l’histoire de ce qu’on a trouvé.

Vous aurez compris que tout cela explique le CTE. On peut regarder ce continuum sous l’angle de fonctions de composantes physiques et/ou cognitives. Toutes ces composantes font partie de l’expérience humaine. Cela contribue au processus créatif de différentes manières. La personne choisit de créer en fonction de ce qu’elle a besoin d’exprimer. Si le besoin est de marteler ou frapper, elle peut le faire avec un feutre et créer à partir de points successifs. Si elle a besoin de douceur, de textures, elle pourrait utiliser des textiles, de la peinture à doigts ou du pastel à l’huile travaillé avec les doigts. Un autre pourrait avoir besoin d’exprimer des émotions et utiliserait l’aquarelle. Ou encore pour changer sa perspective sur une situation, par exemple en agrandissant une image (comme si on la regardait au microscope). Dans un même processus, la personne peut avoir besoin d’utiliser un crayon pour ajouter un élément précis (passant ainsi à la composante cognitive). L’ajout d’un élément symbolique peut amener une conclusion ou une nouvelle direction à l’œuvre en cours.

INSÉRER GRAPHIQUE DE HINZ 2008 MODIFIÉ

Tout cela pour dire que le CTE est un cadre intéressant, tant pour la personne que pour l’art-thérapeute. L’outil peut permettre à la personne de mieux comprendre ses besoins et de mettre des mots sur son processus. Si au contraire la personne ne sait pas comment procéder, le cadre du CTE peut offrir des possibilités d’exploration en lien avec ce qui est présent. Ce continuum ne se travaille pas de manière linéaire ou par étape, mais plutôt selon le besoin de la personne. Ce n’est pas non plus une recette, mais plutôt un outil ou un cadre d’accompagnement. 

Tout comme avec l’art-thérapie positive2 on travaille à partir de ce qui est présent, en validant et en cherchant avec la personne. Ce qui la motive, la soulage, lui permet de voir une situation sous différents angles, susciter l’espoir et découvrir des capacités inespérées. Bref, on sort de la boîte connue, pour sauter dans l’univers de soi qu’on connaît moins. Comme dit mon collègue Maxime, pour sortir de la boîte, faut-il encore qu’il y ait une boîte ou un cadre pour contenir tout ça.

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  1. Hinz, L. H. (2020). Expressive Therapies Continuum: A framework for using art in therapy (2nd ed.). Routledge.
  2. Wilkinson, R. A., Chilton, G. (2018). Positive Art Therapy: theory and practice. Routledge.

Présentation du Modèle Canadien du Rendement et de l’Engagement Occupationnel (MCREO)

L’ergothérapie est une profession permettant aux personnes de réaliser les occupations qu’elles considèrent comme importantes. L’ergothérapie est décrite comme étant « l’art et la science de l’habilitation de la personne à l’engagement dans la vie de tous les jours par l’occupation ; habiliter les personnes à effectuer les occupations qui favorisent leur bien-être ; habiliter les membres de la société, de telle sorte que celle-ci soit juste et inclusive afin que tous puissent s’engager, selon leur plein potentiel, dans les activités de la vie quotidienne».

Une occupation est l’ensemble d’activités et de tâches de la vie quotidienne auxquelles les individus et les différentes cultures donnent un nom, une structure, une valeur et une signification. L’occupation comprend tout ce qu’une personne fait pour prendre soin d’elle (soins personnels), se divertir (loisirs) et contribuer à l’édifice social et économique de la communauté ‘productivité). C’est l’expertise de l’ergothérapeute. (ACE, 2002). 

Les modèles conceptuels en ergothérapie

Cette profession s’appuie sur des modèles conceptuels. Ces derniers sont des outils essentiels pour guider la démarche clinique. En effet, ils permettent d’organiser les connaissances des thérapeutes, d’analyser les difficultés des clients de manière structurée et d’identifier les priorités d’interventions, dans le but de favoriser leur rendement et leur engagement occupationnel. Dans cet article, le modèle canadien du rendement et de l’engagement occupationnel sera détaillé. 

 

Le Modèle Canadien du rendement et de l’engagement occupationnel (MCREO) 

Le Modèle canadien du rendement et de l’engagement occupationnel (MCREO) est utilisé par les ergothérapeutes oeuvrant au Québec et au Canada. C’est un modèle centré sur le client. Cela signifie que les interventions visent à répondre aux besoins spécifiques de chaque individu, en tenant compte de ses valeurs, de ses objectifs et de son contexte unique. L’évaluation se fait souvent en collaboration avec la personne elle-même, garantissant une participation active dans le processus de prise de décision.

 

La personne est représentée sous plusieurs dimensions : la dimension physique (fonctions sensori-motrices, prothèse de hanche, fractures) ; la dimension cognitive (fonctions cérébrales, la mémoire, l’attention) ; la dimension affective (les émotions comme la colère, la tristesse ou la joie et les sentiments) et la dimension spirituelle (croyances, valeurs, projets de vies). Cette vision globale aide à comprendre la personne dans toutes ses dimensions, ses fonctions, ses activités, ses besoins et ses habitudes de vie.

Puisque chaque individu vit dans un contexte environnemental qui lui est propre, la personne est représentée à l’intérieur de l’environnement. L’environnement est divisé en quatre catégories : l’environnement social (les amis ou la famille de la personne, un voisin gentil) ; l’environnement culturel (la culture québécoise et canadienne par exemple) ; l’environnement institutionnel (les lois, la politique, l’économie ; règles de vie en communauté, etc) et l’environnement physique (le logement de la personne : appartement, maison, château, la rue ; les ressources financières). L’environnement offre des possibilités occupationnelles aux individus. 

À cet effet, les occupations sont conceptualisées comme faisant le pont entre l’environnement et l’individu, puisque celui-ci agit sur son environnement par le biais de ses occupations. Ce modèle propose trois finalités occupationnelles, soit les soins personnels (manger, boire, se déplacer, faire son épicerie et son ménage), la productivité (le travail, les études et le bénévolat) et les loisirs (randonner, lire, dessiner).

Le rendement occupationnel est défini comme le « résultat d’un rapport dynamique qui s’établit tout au long de la vie entre la personne, l’environnement et l’occupation. Le rendement occupationnel évoque la capacité d’une personne de choisir, d’organiser et de s’adonner à des occupations signifiantes qui lui procurent de la satisfaction. » Puis, l’engagement occupationnel, « capture la plus large des perspectives de l’occupation ».  Ce terme réfère à tout ce qu’une personne fait pour s’impliquer, s’investir, pour participer et pour s’occuper. Ainsi, l’engagement occupationnel est plus que la simple réalisation d’une occupation.

Le modèle canadien du rendement et de l’engagement occupationnel (MCREO)     

Avantages de l’utilisation du modèle en santé mentale

L’utilisation du MCREO est cliniquement efficace pour détecter les changements significatifs des vies des personnes qui présentent des problématiques de santé mentale. En effet, l’utilisation du modèle en santé mentale permet de prendre en compte la subjectivité, la spiritualité de la personne ainsi que l’aspect social.

En santé mentale le MCREO, nous permet de regarder la personne au-delà de son diagnostic (bipolaire, schizophrène, etc.). Nous allons explorer et prendre en considération la personne dans sa globalité avec ses valeurs (ce en quoi elle croit) et ses forces. 

Références : 

Christiansen, C., Baum, C. M., & Bass-Haugen, J. (2005). Occupational therapy: performance, participation, and well-being. Thorofare: Slack.

Dunn, W. (2011b). Using frames of reference and practice models to guide practice. Dans Best practice occupational therapy for children and families in community settings. Danvers: Slack inc.

Morel-Bracq, M-C. (2017). Les modèles conceptuels en ergothérapie. Introduction aux concepts fondamentaux (2ème édition). De Boeck Supérieur : Lausanne, Suisse.

Ordre des ergothérapeutes du Québec (OEQ). Qu’est-ce que l’ergothérapie? Repéré à https://www.oeq.org/m-informer/qu-est-ce-que-l-ergotherapie.html 

Sames, K. M. (2010). Documenting  Occupational Therapy Practice. Upper Saddle  River: Pearson Education, 36-46 

Townsend, E.A., & Polatajko, H.J. (2013). Habiliter à l’occupation: Faire avancer la perspective ergothérapique de la santé, du bien-être et de la justice par l’occupation (2e ed. version française Noémi Cantin). Ottawa, Ont : CAOT Publications ACE.

Comment reconnaître la violence conjugale et quels sont les mécanismes qui maintiennent une victime dans une telle situation ?

L’un des premiers problèmes rencontrés quand on cherche à aider une personne victime de violence conjugale, c’est de lui faire reconnaître qu’elle en est bien victime. En effet, la violence s’exprime parfois d’une manière tellement subtile qu’il est difficile de la détecter. La violence prend plusieurs formes : physique, verbale, psychologique, sexuelle ou encore économique.

Quelques distinctions

Une chose importante à comprendre concernant la violence conjugale, est de comprendre qu’elle ne résulte pas d’une perte de contrôle, mais constitue, au contraire, un moyen choisi pour dominer l’autre personne et affirmer son pouvoir sur elle. La violence conjugale n’est pas non plus une simple accumulation de conflits, dans la mesure où ces derniers sont inévitables dans toute relation amoureuse, et peuvent être résolus dans le respect et l’ouverture aux compromis.
Pourquoi une personne reste dans une telle situation ?
Il existe deux mécanismes qui expliquent comment une personne peut s’enfoncer dans une situation de violence conjugale, et pourquoi il est difficile pour elle d’en sortir, c’est l’escalade de la violence et le cycle de la violence. Il est important de comprendre ces mécanismes pour ne pas blâmer la victime de la situation dans laquelle elle se trouve.
Escalade de la violence

Pour que la violence conjugale s’installe, elle s’immisce dans la relation de manière subtile, et surtout, graduelle, ce qui la rend difficile à percevoir. D’abord, la violence conjugale peut débuter par du contrôle, pour doucement évoluer vers de la violence psychologique et verbale. Ces signes avant-coureurs sont perçus par soi et par les autres comme étant de simples disputes qui peuvent arriver à tous les couples. De plus, ces comportements sont bien souvent noyés dans un nuage de gestes affectueux et de mots d’amour caractéristiques d’un début de relation. Avec le temps, les violences s’intensifient et s’additionnent. Parallèlement, la victime s’investit dans la relation et son sentiment d’attachement grandit. Quand la violence devient plus claire, et les comportements de plus en plus fréquents et graves, la victime est déjà bien engagée dans la relation, que ce soit émotionnellement, ou tout simplement parce que des enfants sont nés de cette union entre-temps. Il est donc bien plus difficile pour elle d’en sortir.


https://www.avvec.ch/fr/intimate-partner-violence/intimate-partner-violence/les-differentes-formes-de-violence-conjugale

Cycle de la violence

La violence conjugale n’est pas constamment présente dans une relation ; il existe des moments de répit. Sans cela, il serait plus facile de s’en défaire. La dynamique de la violence conjugale se présente sous la forme d’un cycle, composé de quatre phases.


http://www.clesurlaporte.org/cycle-violence.html

Pendant la phase de tension, la victime sent que le climat est lourd et le ou la partenaire violent.e se montre particulièrement impatient.e. La victime se montre alerte et fait alors tous les efforts possibles pour calmer la situation, mais en vain, car s’ensuit la phase d’agression où les comportements violents explosent et provoquent de la peur et de la confusion chez la victime. Ensuite, vient la phase de justification, le calme après la tempête. L’agresseur.euse peut exprimer certains regrets, donner des explications et parfois même s’excuser et promettre de ne plus recommencer. Pour convaincre la victime de rester l’agresseur.euse, peut se montrer particulièrement affectueux.euse, afin de lui rappeler l’euphorie des premiers jours. La victime reprend alors confiance en l’autre. C’est la phase de réconciliation, aussi appelée “lune de miel”. Ce sont ces deux dernières phases qui expliquent qu’une victime reste dans une relation malgré la violence ; l’espoir de l’amour retrouvé.

Comment aider une personne victime de violence conjugale en tant que proche
Selon les différentes phases, les victimes traversent toutes sortes d’émotions : le choc, la peur, puis la confiance et l’amour. Il est essentiel de garder cela en tête pour comprendre le changement d’attitude de la victime selon la phase qu’elle traverse. De l’extérieur, elle peut en effet sembler ambivalente, ce qui peut être frustrant en tant que proche inquiet. Il vaut cependant mieux éviter de lui mettre la pression pour qu’elle quitte la relation, car elle risquerait de ne pas se sentir comprise. Il vaut mieux se montrer à l’écoute, respecter ses décisions et la valoriser afin qu’elle réalise d’elle-même qu’elle mérite une vie sans violence.

Si cet article a pu vous permettre de reconnaître que vous étiez vous-même dans une situation de violence conjugale, sachez que vous n’êtes pas seul.es. Pour toute demande d’aide, contactez SOS Violence conjugale, 24 heures sur 24 / 7 jours sur 7, au 1 800 363-9010. Service confidentiel et gratuit.

Références

Turgeon, J (2018). Comprendre la violence dans les relations amoureuses. Trécarré.
DEDRI – Trousse d’outils en violence conjugale

Le défi de connaître nos émotions

Dans la relation d’aide, il est fréquent qu’on vous demande “comment vous sentez-vous ?”. Pour la plupart, cette question est simple : “Je me sens gêné, inquiet, blessé, optimiste, embêté, etc.” Pour environ 10% de la population, cette simple question peut être pratiquement impossible à répondre. Le concept de l’alexithymie est relativement nouveau. Il a été introduit en 1970 et depuis quelques décennies, de plus en plus de travaux portent sur ce trouble. Une personne avec ce trouble serait comme aveugle par rapport à ses propres émotions et aurait donc une grande difficulté à comprendre son état émotionnel et à le communiquer aux autres. Nous allons voir d’où cela peut provenir, les effets dans le quotidien et comment s’en rétablir.

Je ne ressens rien

L’alexithymie est un trouble de la lecture et de l’expression des émotions. Il est composé de deux grandes dimensions : affective, qui est la difficulté à ressentir les émotions, et cognitive, qui est la difficulté à communiquer nos émotions aux autres. Au lieu des émotions, semblable à un trouble psychosomatique, la personne ressent plutôt des douleurs physiques, comme des ulcères d’estomac, des troubles gastro-intestinaux, des troubles cardiocirculatoires, etc. Cela devient leur mode d’expression principal, remplaçant ainsi les sentiments et les émotions. La personne sera capable de dire qu’elle va bien ou mal, mais sera totalement incapable de donner plus de détails ou d’apporter une plus grande nuance à son discours.

L’alexithymie peut apparaître de deux façons : biologique (primaire) ou psychologique (secondaire). Lorsque l’alexithymie est d’ordre primaire, cela peut être causé par un déficit dans les connexions du cerveau, plus précisément entre le système limbique, qui s’occupe de la mémoire et des émotions, et le néocortex, qui s’occupe de la pensée abstraite. On voit très souvent ce type chez les personnes avec un trouble du spectre de l’autisme, qui ont eu des lésions au cerveau, ou qui est né avec une anomalie génétique.

L’alexithymie d’ordre psychologique, où secondaire, peut se développer à la suite d’un changement majeur dans la vie de la personne. Des liens ont été établis entre l’alexithymie et plusieurs troubles, notamment :

• La toxicomanie
• L’anxiété
• La dépression
• Le trouble de stress post-traumatique
• Les troubles de l’alimentation
• Les troubles de la personnalité
• Et plus encore…

Selon notre compréhension actuelle, l’alexithymie pourrait être un mécanisme de défense, bien qu’inadapté. En se “déconnectant” de ses émotions, la personne évite ainsi de trop souffrir.
Cela peut aussi se développer selon notre éducation. Dans les familles où il est mal vu d’exprimer des émotions comme la peur, la honte ou la tristesse, l’enfant comprend que ces émotions doivent être toujours cachées et ne développe pas le vocabulaire nécessaire pour bien s’exprimer. La plupart du temps, la personne adulte sera seulement capable de manifester de la colère, étant la seule émotion acceptable d’exprimer.

Comment ça m’affecte

En général, comment peut-on se faire des relations significatives ? En ayant des intérêts communs, en partageant nos émotions et en ayant des expériences marquantes avec les autres. Maintenant, dites-vous que vous êtes incapables de comprendre vos émotions ou de les communiquer. Cela devient un énorme défi de réussir à créer et entretenir des relations solides. Le sentiment d’isolement que cela entraîne peut fragiliser la santé mentale de la personne. Elle se sentira incomprise des autres, incapable de dire ou de comprendre ce qui se passe en elle.
Des problèmes de motivation peuvent aussi apparaître. La personne affectée n’a pas le désir intérieur d’améliorer sa situation car son raisonnement sera purement rationnel. Par exemple, dans un emploi, l’alexithymique pourrait être malheureux car il n’est pas épanoui, mais il ne sera pas porté à chercher un nouvel emploi car il est très difficile de savoir ce qui pourrait convenir. Ne sachant pas quels facteurs lui procure du plaisir ou non, elle sera toujours dans une quête identitaire. Ses goûts ne sont pas très définis et ses loisirs ne semblent pas procurer la même joie que les autres expriment.

Comment aller mieux

Heureusement, l’alexithymie n’est pas un trouble incurable. La thérapie comportementale dialectique est un type de thérapie pour aider la personne à se recentrer sur elle-même et d’acquérir le vocabulaire nécessaire pour exprimer ses émotions. Elle se base sur la thérapie cognitivo-comportementale et focalise sur le développement de stratégies dialectique, d’acceptation et d’exercices de pleine conscience. Dans le cas où l’alexithymie est apparue à la suite d’un traumatisme durant l’enfance, un thérapeute peut aider à créer un espace sécuritaire où le patient peut se permettre d’exprimer ce qu’il refoule depuis toujours.
Même au CAFGRAF nous pouvons vous aider ! Vous pouvez voir Dolores qui pourrait vous soutenir à développer des stratégies d’expressions saines des émotions au travers de ses activités d’art-thérapie.

Références
Jouanne, C. (2006). L’alexithymie : entre déficit émotionnel et processus adaptatif. Psychotropes, 12, 193-209. https://doi.org/10.3917/psyt.123.0193
Gosselin, E., Bélanger, J. & Campbell, M. (2020). CONTRIBUTION DU STRESS ET DE l’ALEXITHYMIE AU BONHEUR DES ENSEIGNANTS. Revue québécoise de psychologie, 41(3), 157–178. https://doi.org/10.7202/1075469ar
https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexithymie

La théorie des cuillères

Connaissez-vous la théorie des cuillères ?

Il s’agit d’une métaphore qui permet de décrire la quantité d’énergie que possède une personne dans une journée. La théorie des cuillères a été imaginée par Christine Miserandino, qui est atteinte du lupus, une maladie chronique. Elle avait l’impression que de nombreuses personnes ne comprenaient pas réellement ce que c’était que de vivre avec une maladie qui engendre des limitations au niveau de l’énergie. Essayer d’expliquer comment elle vivait sa maladie revenait à essayer d’expliquer la couleur bleue à un aveugle. Elle a donc inventé une métaphore à laquelle tout le monde pouvait s’identifier, la cuillère. Ici, une cuillère représente une unité d’énergie. L’idée est qu’une personne dispose d’un nombre limité de cuillères par jour, et que, chaque fois qu’elle fait quelque chose, elle puise dans son lot de cuillères (elle épuise son énergie). Sortir du lit, s’habiller, se laver, déjeuner, conduire sont des actions quotidiennes perçues comme anodines par la majorité, mais qui coûtent néanmoins des cuillères. Une personne qui ne vit pas de limitations d’énergie dispose d’un nombre illimité de cuillères. En d’autres mots, la majorité des gens ont suffisamment de cuillères pour passer à travers la journée. Ainsi, la plupart des gens n’ont pas à penser à leur énergie et à gérer les cuillères dont ils disposent. D’un autre côté, une personne qui vit des limitations dispose d’un nombre limité de cuillères. Ajoutons un niveau de complexité : le nombre de cuillères peut fluctuer d’un jour à l’autre selon les symptômes. La personne doit décider comment utiliser ses cuillères à bon escient pour pouvoir passer à travers la journée. Elle doit prioriser ses tâches et ses activités.

 

La théorie des cuillères et les problèmes de santé mentale

Si cette métaphore a été originalement pensée pour représenter le défi de ceux qui vivent une maladie chronique, elle est également pertinente pour comprendre les répercussions de la maladie mentale sur l’énergie. Prenons l’exemple de la dépression. Nous savons que la dépression peut se manifester par un état de grande fatigue. Les gens déprimés peuvent se sentir physiquement et émotionnellement épuisés. Ainsi, il peut leur être difficile d’accomplir des tâches de la vie quotidienne. Par exemple, une tâche qui semble simple, comme sortir du lit, peut demander plus d’énergie (de cuillères). Une autre caractéristique de la dépression est la difficulté de concentration. Ainsi, lire le journal peut être plus demandant et utilise plus de cuillères. J’ai tenté de représenter dans un tableau la métaphore en action lors d’une journée typique. Je conviens que l’exemple est très simpliste, et n’est absolument pas représentatif de la réalité de tous, mais
il permet de mieux visualiser les défis d’avoir un niveau d’énergie limité et la gestion qui en découle.

Utilité de la théorie

Déconstruire les stigmas

« C’est de la paresse », « il ne fait pas d’efforts » … Il peut être difficile de comprendre l’autre qui compose avec un niveau d’énergie diminué à cause d’une maladie « invisible », comme une maladie mentale. Du même coup, il est important de réduire la stigmatisation en rappelant que le manque d’énergie n’est pas un échec personnel ou un manque d’efforts. Cette théorie se veut donc un pont pour bâtir une compréhension commune et réduire les stigmas.

Une meilleure compréhension et empathie

La théorie des cuillères peut être utilisée pour aider les gens à comprendre que les personnes qui vivent avec certaines maladies doivent prendre des décisions difficiles quant à la manière d’utiliser leur énergie pour vivre leur vie. Cela aide à illustrer pourquoi ces personnes peuvent être épuisées et parfois incapables d’en faire autant qu’elles le voudraient.


Un moyen de communication

Cette métaphore peut aider à exprimer à l’autre son niveau d’énergie et son besoin de prioriser certaines tâches. « Je n’ai plus de cuillères » : en effet, c’est une image qui peut être utilisée pour signaler à l’autre son niveau d’énergie. « Je n’ai plus/pas assez de cuillères pour faire cette activité » : cela permet d’indiquer à l’autre qu’il est essentiel de prioriser certaines activités/tâches et que des choix doivent être faits.

Écouter ses besoins et ajuster ses attentes

La théorie des cuillères permet d’identifier ses priorités, ses besoins et ses limites. De plus, bien qu’il ne soit pas possible de contrôler le nombre de cuillères pour une journée, il est possible d’adoucir les attentes envers soimême. Par exemple, reconnaitre le besoin de se reposer ou de faire une sieste pour continuer la journée (pour renflouer la réserve de cuillères) ou encore accepter d’en faire moins. Elle permet aussi de réduire la culpabilité ressentie quand la personne a l’impression de ne pas en faire assez ou de décevoir son entourage. Cela permet d’éviter la comparaison, sachant que chacun débute sa journée avec un nombre différent de cuillères et qu’il fait de son mieux avec ce qu’il a.

 

Références:
https://www.psychologue.net/articles/la-theorie-des-cuilleres
https://butyoudontlooksick.com/articles/written-by-christine/the-spoon-theory/
https://www.washingtonpost.com/wellness/2023/01/14/spoon-theory-chronic-ill -ness-spoonie/
https://www.mhainde.org/thespoon-theory-lens-on-mentalhealth/

Le collage pour se faire du bien

Cet article portera sur le collage, un expérientiel régulièrement utilisée en art-thérapie.  Il est également moins intimidant, car la personne utilise des images qui existent dans les magazines diversifiés (Stallings, 2016). Les effets du collage qu’on pourrait observer sont:

  • Augmentation du sentiment de liberté, par exemple, par le choix des images
  • Développement de l’autonomie
  • Réduit le sentiment de dépendance envers l’intervenant.e qui accompagne
  • Augmentation de la capacité de se structurer

La pratique du collage a notamment des effets au niveau des capacités cognitives. En effet, le processus implique plusieurs opérations : sélection, découpage, assemblage et collage. Cette pratique peut avoir pour effet de restructurer les fonctions cognitives (Lusebrink et Hinz, 2022). Une entrevue avec Dominik permet de mieux comprendre ce que peut apporter une pratique active du collage.

Entrevue avec Dominik

Quel est ton premier souvenir de collage ? Je devais avoir +/- 5 ans et j’avais découpé les jouets que je voulais pour créer un collage de ma liste de souhaits. J’avais placé le collage en dessous du sapin. Il y a environ cinq ans, c’est dans un centre pour femmes que j’ai pris goût au collage.  Cette activité m’a permis de voir certaines peurs que j’avais.

Parle-moi de ton processus de collage et ce que cela t’apporte ? Cela répond à un besoin de couper. C’est déterminant, quand on coupe une image, on ne peut pas revenir en arrière. Parfois le collage se fait d’un coup, d’autres fois c’est par étapes. Par exemple, je peux passer du temps à découper une banque d’images. D’autres fois, je prépare les fonds qui vont recevoir les images choisies. C’est soit par thème ou pour exprimer quelque chose de particulier.

Quand je crée des fonds agréables à regarder, ça me sert à me remplir de la beauté des papiers et des images. Ça transforme des aspects négatifs de la vie. Aussi, la texture du papier qui supporte le collage est importante, il doit être assez épais et solide. Ça amène une sensation de concret, et ça aide que le collage reste intact avec le temps.

C’est aussi le résultat qui me motive, voir l’effet que ça peut donner. Par exemple, si je me sens fâchée, je découpe des images ou du papier à motifs. Si j’ai de la peine, je monte une histoire avec les images. Ce qui est important c’est de mettre ce que le cœur a envie de voir, pas la tête. Le cœur qui voit est différent du cœur qui ressent. Aussi, le cœur qui ressent et qui voit est dans l’action. Il voit mieux ce qui est réel.

À la fin d’une séance de collage, je me sens bien, calme, souriante et rarement déçue. Ça facilite ma capacité de choix et d’affirmation dans la vie de tous les jours. Cela apporte une forme de coupure et de changement ou encore du lâcher-prise. Aucune image n’apparaît pour rien. Les images ont toujours une signification.

Comment tes collages parlent-ils de toi ? J’ai fait plusieurs collages avec des photos de moi. Cela m’a permis de m’accepter. J’ai pu me voir, agrémenter autour des photos et ajouter ce qui faisait du sens. Tu sais, quand on est en crise on ne s’aime pas. Faire des collages avec des images de moi, m’a aidé à mieux m’aimer. Le collage a eu aussi pour effet aussi de m’aider à réapprivoiser ma famille.

Que peux-tu ajouter en ce qui concerne le collage ? C’est complètement ailleurs… Ça me procure du bien-être et de la satisfaction aussi. Puis quand un collage est commencé, c’est à l’infini. Tu peux le changer tant que tu veux : colle, décolle, recolle… Je retouche encore certains collages que j’ai faits il y a 5 ans.

Quand j’ai besoin de retravailler le passé, même si je sais que je ne peux pas le changer, je peux le rendre plus beau.  Une citation de Dominik ressort d’un de ses collages :  »cela semble toujours impossible, jusqu’à ce que ce soit fait ». En montrant ses collages, elle ajoute : quand je vois que je peux faire tout ça, c’est une forme de thérapie autonome, que j’ai faite seule. Quand j’en parle avec mon psychiatre, il me dit de continuer.

Dominik conclut qu’elle a commencé à faire des collages avec son conjoint et voit que cela amène des discussions intéressantes. On met notre jugement de côté et on se met en mode découverte. Quand on n’est pas capable de parler avec les mots, on peut parler avec les images. Tout le monde peut découper, choisir et coller. Si tu n’arrives pas à choisir dans la vie, fais du collage, tu vas apprendre à faire des choix, exprimer et t’affirmer.

Conclusion

En art-thérapie, la personne qui utilise le collage, comme mode d’expression, va indiquer, par ses choix d’images, la direction de l’accompagnement (Landgarten, 1994). Si cet article vous a convaincu, je vous attends à partir du 5 décembre tous les jeudis à partir de 13h30 dans le local d’art pour découvrir votre processus créateur. Vous pourriez y découvrir comment le collège peut vous aider à créer une vie satisfaisante.

 

 

Références:

Landgarten, H. B. (1994). Magazine photo collage as a multicultural treatment and assessment technique, Art therapy, 11:3, 218-219. DOI: 10.1080/07421656.1994.10759089

Lusebrink, V.J. et Hinz, L. (2022). Expressive Therapies Continuum as a framework in the treatment of trauma. Dir, Juliet L. King, Art therapy, trama, and neuroscience: Theoretical and practical perspectives. Routledge.

Stallings, J. w (2016). Collage as an expressive Medium in Art Therapy. Dir: David E. Gussak and Marcia L. Handbook of Art therapy. John Wiley & Sons.

Good Life et l’outil WISER

J’ai lu The Good Life, qui explore les éléments clés du bien-être humain, notamment l’importance des relations sociales. Le livre souligne combien la qualité de nos liens affecte notre bonheur global. Il aborde la gestion des frustrations dans les relations et propose un outil, le modèle W.I.S.E.R., pour surmonter ces défis de manière constructive sans laisser les émotions négatives nuire à nos relations.

Avez-vous déjà commencé une nouvelle relation amicale avec enthousiasme, pour ensuite faire face à des frustrations inattendues ? Vous arrive-t-il d’éviter un conflit, espérant que les choses s’arrangent d’elles-mêmes, seulement pour voir la relation se dégrader ? Ce sont des situations auxquelles nous avons tous été confrontés.

Alors, comment naviguer dans ces moments difficiles ? Comment aborder ces situations de manière constructive ? J’aimerais vous présenter un outil pour gérer ces défis relationnels : le modèle W.I.S.E.R.

  1. Présentation :

En anglais, W.I.S.E.R veut dire “plus sage”. Il se compose de cinq étapes clés : « Watch » (observer, veiller), « Interpret » (interpréter), « Select » (choisir), « Engage » (s’engager), et « Reflect » (réfléchir).

 

Étape 1 – Observer :

L’observation débute par un regard candide sur la situation, sans jugement ni excuses, permettant de comprendre les choses telles qu’elles sont, loin des émotions immédiates. Il est essentiel de considérer le contexte global de l’interaction : l’environnement de la remarque, son adéquation et sa nature habituelle ou exceptionnelle. Ces éléments éclairent la dynamique de la situation. La curiosité aide à explorer les motivations de l’autre, sans excuser son comportement, comme une période difficile influençant son attitude. Observer ses propres réactions internes, comme des mains moites ou un cœur qui bat plus vite, fournit des indices sur son état émotionnel. Cette auto-observation, sans jugement, maintient la connexion avec soi tout en analysant la situation. Une observation neutre, semblable à celle d’un scientifique, permet de recueillir les informations nécessaires avant d’agir, offrant une meilleure préparation pour réagir de manière réfléchie et adaptée.

 

Etape 2 – Interpréter :

L’étape d’interpréter consiste à attribuer un sens aux actions et paroles des autres selon notre propre point de vue, qui peut varier d’une personne à l’autre. Bien que ce point de vue soit basé sur des raisons personnelles et des émotions, il est souvent incomplet, nous poussant à tirer des conclusions hâtives. Face à l’inconnu, notre cerveau comble les lacunes en émettant des hypothèses, comme : « Il a dit ça, donc je pense que c’est à cause de ça. » Cette démarche peut mener à des malentendus, d’où l’importance de vérifier nos interprétations auprès des autres. Les émotions, qui obscurcissent souvent notre jugement, prennent le dessus, rendant difficile une réflexion rationnelle. L’imagination s’emballe alors, amplifiant le problème. Parfois, la honte ou la gêne nous poussent à ignorer les conflits au lieu de les confronter. Pourtant, envisager d’autres perspectives, même si cela est inconfortable, est essentiel. En se demandant : « Qu’est-ce qui m’échappe ? », on peut sortir de cette boucle d’interprétation émotionnelle et aborder la situation de manière plus objective.

 

Étape 3 – Sélectionner :

L’étape de sélection est cruciale pour réfléchir aux meilleures options dans une situation donnée. Il est essentiel d’évaluer les choix disponibles et la marge de manœuvre dont on dispose, tout en considérant la situation dans son ensemble. Cela implique d’identifier les ressources internes (compétences sociales, gestion du stress) et externes (personnes ou outils d’aide). L’objectif est de choisir le scénario offrant la meilleure issue ou, à défaut, celui qui minimise les conséquences négatives tout en maximisant les bénéfices.

La sélection d’une option nécessite d’évaluer nos forces, défis et mécanismes de défense face au problème, ainsi que de réfléchir à l’intention derrière notre action. Si l’on souhaite préserver une relation, il faut peut-être adapter son approche. Nos choix sont influencés par notre expérience, notre individualité et des facteurs culturels.

Le temps accordé à cette réflexion est fondamental. Il ne s’agit pas seulement de choisir, mais aussi de mobiliser les outils appropriés, incluant parfois l’implication d’une tierce personne pour évaluer les alternatives. Enfin, il est crucial de bien peser les avantages et les inconvénients avant de décider.

 

Étape 4 – S’engager :

L’engagement intervient une fois les étapes de réflexion et de sélection achevées, et que l’option la plus adaptée a été retenue. À ce stade, il est essentiel de visualiser mentalement le scénario à venir ou de s’entraîner avec une personne de confiance. Cela permet de s’assurer que l’on est bien préparé et capable de mettre en œuvre les stratégies choisies de manière efficace.

Il est tout aussi important de vérifier si les stratégies sélectionnées sont réalistes et réalisables en fonction de nos capacités actuelles, des ressources disponibles et du contexte dans lequel nous allons agir. Ce qui semble pertinent sur le papier peut parfois nécessiter des ajustements en cours de route. En observant régulièrement ses progrès, on peut rester aligné avec ses objectifs et apporter les ajustements nécessaires pour maximiser les résultats.

L’engagement, c’est véritablement le moment où l’on passe du stade théorique à l’action concrète. Cette étape requiert à la fois flexibilité et détermination, car il peut être nécessaire de réajuster ses actions si les résultats ou les circonstances évoluent différemment de ce qui était prévu.

 

Étape 5 – Réfléchir :

La dernière étape du modèle WISER, réfléchir, correspond à un retour d’expérience complet après avoir agi. Il s’agit de prendre du recul pour évaluer ce qui s’est bien passé, les aspects à améliorer, et les leçons que l’on peut tirer pour l’avenir. Quelles ont été les conséquences positives et négatives de mes actions ? Quelles stratégies ont été efficaces, et lesquelles nécessitent d’être ajustées ?

Cette étape permet d’intégrer les enseignements de l’expérience vécue, afin de mieux réagir dans des situations similaires à l’avenir. Elle offre aussi l’occasion de faire un bilan émotionnel et cognitif, en identifiant les progrès réalisés et les domaines dans lesquels on peut encore grandir. Cette réflexion post-action est cruciale pour un développement personnel continu et pour affiner ses méthodes de prise de décision et d’action.

Conclusion 

Ce modèle est conçu pour nous guider à travers les situations et événements relationnels émotionnellement complexes, en nous permettant de prendre du recul, de mieux comprendre nos émotions et de réagir de manière plus sereine et constructive. Que vous soyez en pleine tempête émotionnelle ou simplement à la recherche de moyens pour renforcer vos relations, le modèle WISER peut devenir un allié précieux dans votre quête d’un bien-être relationnel plus profond.

Le pouvoir, l’influence et leurs effets sur soi

Si on peut facilement oublier ce qu’on nous a dit ou fait, on oublie rarement ce qu’on nous a fait ressentir.

 

Le pouvoir qui nuit

Le pouvoir a ceci d’intéressant qu’il révèle parfois le pire côté de la personne, car elle peut se sentir légitime de faire ce qu’elle veut. Plus elle a de pouvoir, plus elle pourrait avoir l’impression que les règles ne s’appliquent pas à elle. Le milieu ou contexte dans lequel la personne évolue favorisera ou non des comportements nuisibles. Les contraintes liées à une position de pouvoir peuvent contribuer à ce que la personne reste insensible à ce que ressent autrui. Cela peut se manifester en favorisant leur point de vue et rejeter celui des autres. Cela peut aller jusqu’à une confiance excessive en son jugement, tout en dévalorisant celui des autres.

 

Le pouvoir qui aide

Une personne de pouvoir, qui démontre de l’empathie, prendra en compte d’autres points de vue. C’est sa responsabilité. Car, « le plus digne du pouvoir est celui qui en connaît la responsabilité » La Rochefoucauld). Une personne de pouvoir qui aide, c’est aussi quelqu’un qui influence les autres à se dépasser. Elle démontre son empathie en facilitant un espace qui favorise l’entraide et le développement des autres. En fait, le pouvoir qui aide est plus souvent celui qui est présent en général.

 

Les nuances

Est-ce que l’abus de pouvoir fait de la personne quelqu’un de méchant ? Pas forcément. Il est possible que cette personne ait été mise en contexte d’impuissance pendant un assez long moment. Il/elle en a peut-être bavé et son impulsion est de garder le pouvoir pour ne plus jamais ressentir d’impuissance. Cette même personne souhaite peut-être aussi faire avancer sa cause, celle d’un groupe ou d’une société (2), et ce à tout prix. Cela étant dit, une posture de pouvoir ne veut pas dire une position d’influence. On a le choix de s’éloigner ou d’essayer de changer les choses.

 

Incarner le contre-pouvoir

Face à un pouvoir malsain, certaines personnes vont incarner la force du contre-pouvoir. Un pouvoir sain est partagé entre des personnes qui développent un sentiment de confiance entre elles. Est-ce plus facile ? Rappelez-vous que l’effet du pouvoir fait ressortir le naturel. On peut utiliser son pouvoir de manière saine dans un contexte et de manière nuisible pour les autres dans un autre contexte. Les personnes qui ont de l’influence autour, font-elles ressortir le meilleur de vous ? Est-ce qu’elles remettent en question un comportement qui semble vous nuire ? Une discussion franche, même si elle apparaît désagréable, peut être nécessaire. Les dynamiques de pouvoir entre êtres humains sont à l’œuvre quand il y a du changement dans l’air. C’est alors que surviennent des conflits.

 

Exemple de situation

Par exemple, vous souhaitez cesser de boire de l’alcool. Les vendredis soir sont particulièrement difficiles, car vous sortez au bar entre amis depuis le Cégep. Celui qui garde votre groupe uni, vous dit : ‘’Allez, bois une bière avec nous, sinon tu brises le party’’. Vous souhaitez cesser de boire, parce que vous avez de la difficulté à vous relever des abus d’alcool les samedis matin. L’influence de cet ami et le besoin de faire partie du groupe vous tiraillent ? Cet ami, de son côté, souhaite peut-être que les choses ne changent pas. Vous ne voulez pas être trouble-fête. Donc, le désir de changement cause des remous dans l’entourage et c’est normal. Cela demande de l’ajustement et de l’empathie de part et d’autre, surtout si notre entourage a du pouvoir et de l’influence sur notre manière de vivre.

Pour vivre en résonance avec nos valeurs et nos besoins, il suffit d’être attentif à cet élan qui vient de l’intérieur de soi. Cet élan qui pousse et vous amène à être en cohérence avec vos besoins. On peut s’attendre de l’entourage qu’il nous encourage dans les changements qu’on souhaite apporter dans notre vie. Autrement, il se peut qu’on doive s’éloigner de certaines personnes qui souhaite nous influencer dans le sens contraire. Cela n’est pas nécessairement facile.

 

En conclusion

Je conclus en vous posant quelques questions. Comment contribuez-vous à aider les autres à se dépasser ? Oui, je sais, pas si facile qu’on aimerait le croire ! Est-ce qu’il vous arrive de tenter d’imposer votre point de vue et votre manière de vivre ? Comment est-ce que j’essaie d’aider les autres à se dépasser ou atteindre ses objectifs ? Qu’est-ce que je ressens face à une personne d’influence ? Une personne peut nous déplaire, car elle provoque un sentiment qu’on n’a pas envie de regarder. Il n’y a qu’à penser à la vague de personnes en situation d’itinérance. Cela nous dérange… Pourquoi ? On peut se poser la question suivante : quels sont les parties de soi, les valeurs, les besoins ou les rêves qui sont maintenus à l’écart et repoussés au fin fond de soi ? Chaque personne possède le pouvoir de s’accomplir et de se créer une vie qui répond à ses besoins et respecte la liberté d’agir et de penser des autres.

 

 

Références :

Vanessa Haugel (2016) https://www.noovomoi.ca/vivre/bien-etre/article.quel-effet-pouvoir-sur-etre-humain.1.2128944.html

Marie-France Bazzo (2024). Pouvoir et influence. https://www.lapresse.ca/dialogue/chroniques/2024-04-16/pouvoir-et-influence.php

Ghislaine Guérard (2008). Mastering the conflict game: getting ahead by exploring the hidden life of organizations. Éditions Yvon Blais.

https://theses.hal.science/tel-03139835v1/document

Bouxom, H. (2021). Le pouvoir en moi : rôle du soi-actif dans les effets du pouvoir social sur les performances et le jugement moral. Psychologie. Université de Nanterre – Paris X, 2020.