La séduction – séduire ou être séduisant ?

Vous lisez un titre sur la séduction et vous vous dites : « Enfin ! Des trucs pour devenir irrésistible et mettre fin à ma vie de célibataire ! ». Vous n’avez pas tort, mais vous verrez que la séduction, ça peut mener à d’autres choses que l’amour des autres. Dans cet article, nous verrons d’abord la définition de la séduction, puis les caractéristiques de la personne séduisante. Finalement, nous parlerons des avantages à devenir séduisant.

 

La séduction : qu’est-ce que c’est ?

Mais qu’est-ce que la séduction ? Nous commencerons par faire la distinction entre « séduire » et « être séduisant ».

Être séduisant, c’est « exercer un vif attrait par son charme, ses qualités. » (Larousse). On pourrait donc dire qu’être séduisant, ce n’est pas juste une question de beauté physique. En effet, plusieurs personnes diront qu’elles ont été séduites par la gentillesse, la douceur ou le rire de quelqu’un.

Maintenant, qu’est-ce que ça veut dire « séduire » ? Séduire, c’est « exercer sur quelqu’un tous les moyens de plaire (…) pour le faire agir dans un sens bien précis. » (Larousse). Quelle est la différence entre les deux termes ? Être séduisant, c’est la manière dont les autres nous décrivent alors que « séduire », c’est tenter de manipuler quelqu’un afin qu’il fasse ce que nous souhaitons (comme venir passer la soirée chez nous ou accepter une invitation au restaurant).

Quand quelqu’un nous trouve séduisant, est-ce que ça veut dire que nous sommes séduisants pour tout le monde ?

Une femme est séduite par un homme. Elle le trouve généreux et attentionné. Pourquoi ? Parce qu’il s’est offert pour l’aider à déménager. Il va se présenter avec son camion, à l’heure, sans quitter avant que tout ne soit terminé. Pensez-vous qu’une femme qui a déjà un camion et 5 amis sera séduite par un homme qui lui offrirait de venir avec sa camionnette ? Probablement moins.

Il est alors permis d’affirmer que de séduire, c’est de répondre aux besoins de l’autre ou de lui faire des promesses d’un avenir agréable. Quel genre de besoins ? Besoin de se sentir beau/belle, désirable, intéressant, unique, en sécurité et j’en passe. Vous, quand vous êtes en relation, comment aimez-vous que l’autre vous fasse sentir ?

 

Séduction et santé mentale

Mais quel est le lien avec les troubles de santé mentale ? On pourrait dire que chaque trouble amène des besoins bien spécifiques. Vous êtes anxieux ? Vous apprécierez probablement une personne qui vous apaise et qui tolère vos hésitations. Vous êtes dépressif ? Vous aimerez la présence de gens qui vous font rire, qui vont vous voir au lieu de vous inviter et qui tolèrent que vous disiez « non » à toutes les occasions de sortie qui se présentent. Vous êtes colérique ? Vous rechercherez des gens qui tolèrent de subir votre violence.

Pensez-y : si deux toxicomanes s’aiment parce qu’ils consomment ensemble, que se passera-t-il lorsqu’un des deux voudra se rétablir ? C’est un peu la même situation pour les autres troubles de santé mentale.

 

Et l’amour de soi là-dedans ?

Maintenant, je me permets de vous poser une grosse question : êtes-vous séduisant avec vous-mêmes ? Si vous hésitez à répondre, les prochaines affirmations pourraient vous aider à mieux comprendre.

Vous arrêtez de vous regarder dans le miroir parce que vous n’aimez pas votre reflet ? Vous faites souvent des choses pour les autres que vous ne faites pas pour vous-mêmes ? Vous avez de la difficulté à accepter les compliments ? Êtes-vous toujours en mode « critique » avec vous-mêmes ?

Si vous avez répondu « oui » à la majorité des questions, alors vous avez besoin d’une bonne dose d’auto-séduction. Voici un mode d’emploi très facile à suivre et qui vous permettra d’augmenter votre sentiment d’amour propre. En effet, si vous vous traitez comme quelqu’un d’aimable, les autres vous verront aussi comme quelqu’un d’aimable. Finalement, quand on apprend à s’apprécier, on se protège de la solitude : on n’est plus jamais seul, mais toujours avec une personne qu’on aime (nous-même). Voici quelques trucs faciles à appliquer.

Votre corps : En prenez-vous soin ? Quand vous rencontrez quelqu’un, préférez-vous une odeur de cendrier ou de propreté ? C’est beaucoup plus séduisant d’arriver avec des vêtements propres et des cheveux lavés.

Votre esprit : Vous donnez-vous le droit d’être fier de vous ? Êtes-vous attentifs à vos propres besoins ? Si vous ne prenez pas soin de vous, les gens qui vous regardent le remarqueront : « Si je suis en couple avec cette personne, elle ne prendra pas soin de moi ».

Vos émotions : Il n’est pas normal de se sentir triste lorsqu’on pense à l’amour, ni de se sentir découragé lorsqu’on voit son reflet dans le miroir. Vous êtes sévère avec vous ? Donnez-vous de l’amour ! Prenez soin de vous ! Sérieusement, qu’attendez-vous ?

Pour terminer cet article en douceur, je vous laisse sur une citation de Louise Hay : « Souvenez-vous, vous vous êtes critiqué pendant des années et ça n’a pas fonctionné. Essayez de vous aimer et voyez ce qui arrivera ».

 

 

Princesse Fatemeh Khanum “Esmat al-Dowleh” (1855-1905). Au 18ième siècle, une fine moustache était très jolie chez les femmes Perses. Sur internet, son nom a été modifié pour « princesse Qajar » et certaines personnes affirment faussement que 13 hommes se sont suicidés après qu’elle ait rejeté leurs avances. L’objectif de ce mensonge est de sensibiliser les gens à l’évolution des critères de beauté.

 

Le bonheur: un regard sur les jeunes canadiens

La quête du bonheur est universelle. Nous aspirons tous à atteindre cet état de bien-être et de plénitude intérieure. D’ailleurs, on dit que la jeunesse est l’une des périodes les plus heureuse d’une vie. Pourtant, ce discours semble aujourd’hui éloigné de ce que ressentent les jeunes canadiens. En effet, les jeunes canadiens rapportent un niveau de bonheur plus bas que leurs aînés. Cette disparité du bonheur est plus qu’une simple statistique : c’est un appel à l’action. Explorons ensemble le bonheur des jeunes.

Qu’est-ce que le bonheur?

Le bonheur peut être perçu comme une émotion passagère, qui va et vient selon les évènements de la vie. En réalité, le bonheur ne se résume pas à de simples moments de plaisir. Les psychologues définissent le bonheur comme un bien-être subjectif, qui implique une vie plaisante, significative et engagée.[1] En d’autres mots, le bonheur est une combinaison d’apprécier les petits moments de la vie et vivre une vie riche de sens.

Le bonheur des jeunes canadiens

Le Canada est reconnu comme un pays heureux : il se classe au 15e rang de l’indice mondial du bonheur sur 143 pays.[2] Néanmoins, un regard approfondi sur les chiffres révèle un tout autre portrait pour les jeunes Canadiens. En effet, si on prend en compte uniquement les personnes âgées de 30 ans et moins, le Canada chute à la 58e position. En revanche, si on ne tient compte que des Canadiens âgés de 60 ans et plus, le Canada se hisse au 8e rang mondial des personnes les plus heureuses. Cette différence marquante n’est pas propre au Canada : d’autres pays comme les États-Unis, l’Australie et la Nouvelle-Zélande affichent des tendances similaires, mais le Canada et les États-Unis sont en tête pour ce qui est de la disparité entre le bonheur des jeunes et celui des personnes plus âgées.[3]

Au cours des dernières années, le bonheur et la satisfaction de vie ont diminués chez l’ensemble des Canadiens, mais cette baisse est particulièrement marquée chez les jeunes adultes. Par exemple, le bonheur des jeunes à diminuer deux fois plus que celui des personnes plus âgées.[4] Ainsi, si 49 % des Canadiens se déclarent très satisfaits de leur vie,

seuls 36 % des 25-34 ans sont de cet avis, comparativement à 62 % des Canadiens âgés de 65 ans et plus. [1]

Au-delà de la satisfaction de vie, il est important de souligné la diminution de la santé mentale chez les jeunes. En 2015, 67 % des femmes et 74 % des hommes âgés de 15 à 30 ans ont déclaré avoir une bonne santé mentale. En 2020, ces chiffres avaient considérablement diminué, avec seulement 33 % des femmes et 44 % des hommes dans ce cas.[2] C’est donc dire que 2 femmes sur 3 ne considéraient pas avoir une bonne santé mentale et un peu plus de la moitié des hommes.[3]

Les pistes de solutions

Les défis auxquels sont confrontés les jeunes sont multiples et complexes. Cependant, plusieurs pistes de solution peuvent être envisagées pour améliorer leur bien-être et leur bonheur. Considérant que cette baisse de bonheur est partagée par un ensemble des jeunes, il est impératif de considérer autant les solutions individuelles que systémiques:

  1. La santé mentale : La santé mentale est un facteur important du bonheur en général. Depuis les dernières années, la santé mentale rapportée par les jeunes canadiens est en déclin.[4] La santé mentale des jeunes doit être adressée et des ressources déployées pour soutenir la santé mentale des jeunes.
  2. Créer des relations de qualité pour contrer la solitude : Les Canadiens âgés de 15 à 24 ans déclarent des niveaux de solitude en augmentation, bien qu’ils soient la génération la plus « connectée » de l’histoire. Les médias sociaux peuvent créer une fausse impression de connexion tout en renforçant le sentiment d’isolement. Cependant, la création de véritables relations authentiques et profondes peut aider les jeunes à se sentir plus connectés et moins seuls.
  3. Apaiser l’insécurité financière: Les soucis d’argent sont une source constante de stress pour plusieurs Canadiens, particulièrement les jeunes. Avec l’augmentation du coût du logement et du coût de la vie, il est difficile de pouvoir assurer une certaine sécurité financière. De nombreux jeunes doivent renoncer ou reporter des projets de vie tels que l’achat d’une maison ou même la parentalité en raison de leur situation financière précaire.[5] L’insécurité financière mine le bonheur en créant un sentiment d’instabilité et de peur face à l’avenir. Ainsi, des initiatives visant l’atténuation du stress financier pourraient améliorer la qualité de vie des jeunes.
  4. Impliquer les jeunes face au futur: Le monde évolue rapidement et, pour de nombreux jeunes, l’avenir semble incertain plus que jamais. Entre les changements climatiques et les tensions politiques, les jeunes sont moins optimistes quant à leur avenir.[1] [2]

Les jeunes ont besoin de sentir qu’ils sont partie prenante de leur avenir et qu’ils peuvent faire une différence. L’un des moyens d’y parvenir est de donner aux jeunes une voix dans les processus décisionnels qui les concernent, par exemple dans les politiques environnementales. C’est en donnant aux jeunes la possibilité de s’exprimer et ainsi d’avoir du pouvoir sur les politiques que nous pouvons les aider à se sentir plus optimistes, engagés et heureux.

Pour résumé, l’écart de bonheur entre les jeunes Canadiens et les générations plus âgées est une invitation au changement. C’est donc une occasion de faire sentir aux jeunes qu’ils sont soutenus, entendus et valorisés, notamment en accordant la priorité à la santé mentale, en favorisant les liens sociaux authentiques, en atténuant le stress financier et en donnant aux jeunes la possibilité de participer à l’élaboration de leur avenir.

 

 

Références :

[1] Psychomédia. (2013, 11 mai). Différentes conceptions du bonheur dans la recherche en psychologie positive. https://www.psychomedia.qc.ca/psychologie/2013-05-10/psychologie-positive-definitions-du-bonheur

[2] Helliwell, J. F., Layard, R., Sachs, J. D., De Neve, J.-E., Aknin, L. B., & Wang, S. (Eds.). (2024). World Happiness Report 2024. University of Oxford: Wellbeing Research Centre. https://worldhappiness.report/ed/2024/

[3 Idem.

[4] Newman, K. M. J. (2024, 21 mars). World Happiness Report Isn’t So Happy for Young Americans. Greater Good Science Center. https://greatergood.berkeley.edu/article/item/world_happiness_report_isnt_so_happy_for_young_americans

[5] Statistique Canada. (13 septembre 2024). Study: Charting change: How time-series data provides insights on Canadian well-being. https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/240913/dq240913b-eng.htm

[6]  Statistique Canada. (2021). Portrait of Youth in Canada: Physical Health & Behaviours. https://www150.statcan.gc.ca/n1/en/pub/11-627-m/11-627-m2021011-eng.pdf?st=JhFSwBpJ

[7] Idem.

[8] Idem.

[9] Statistique Canada. (20 septembre 2023). Navigating Socioeconomic Obstacles: Impact on the Well-being of Canadian Youth. https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/240913/dq240913b-eng.htm

[10] Idem.

[11] Statistique Canada. (17 mai 2022). Hopefulness is declining across Canada: having children or strong ties to a local community associated with a more hopeful outlook. https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/220517/dq220517d-eng.htm

Le pouvoir, l’influence et leurs effets sur soi

Si on peut facilement oublier ce qu’on nous a dit ou fait, on oublie rarement ce qu’on nous a fait ressentir.

 

Le pouvoir qui nuit

Le pouvoir a ceci d’intéressant qu’il révèle parfois le pire côté de la personne, car elle peut se sentir légitime de faire ce qu’elle veut. Plus elle a de pouvoir, plus elle pourrait avoir l’impression que les règles ne s’appliquent pas à elle. Le milieu ou contexte dans lequel la personne évolue favorisera ou non des comportements nuisibles. Les contraintes liées à une position de pouvoir peuvent contribuer à ce que la personne reste insensible à ce que ressent autrui. Cela peut se manifester en favorisant leur point de vue et rejeter celui des autres. Cela peut aller jusqu’à une confiance excessive en son jugement, tout en dévalorisant celui des autres.

 

Le pouvoir qui aide

Une personne de pouvoir, qui démontre de l’empathie, prendra en compte d’autres points de vue. C’est sa responsabilité. Car, « le plus digne du pouvoir est celui qui en connaît la responsabilité » La Rochefoucauld). Une personne de pouvoir qui aide, c’est aussi quelqu’un qui influence les autres à se dépasser. Elle démontre son empathie en facilitant un espace qui favorise l’entraide et le développement des autres. En fait, le pouvoir qui aide est plus souvent celui qui est présent en général.

 

Les nuances

Est-ce que l’abus de pouvoir fait de la personne quelqu’un de méchant ? Pas forcément. Il est possible que cette personne ait été mise en contexte d’impuissance pendant un assez long moment. Il/elle en a peut-être bavé et son impulsion est de garder le pouvoir pour ne plus jamais ressentir d’impuissance. Cette même personne souhaite peut-être aussi faire avancer sa cause, celle d’un groupe ou d’une société (2), et ce à tout prix. Cela étant dit, une posture de pouvoir ne veut pas dire une position d’influence. On a le choix de s’éloigner ou d’essayer de changer les choses.

 

Incarner le contre-pouvoir

Face à un pouvoir malsain, certaines personnes vont incarner la force du contre-pouvoir. Un pouvoir sain est partagé entre des personnes qui développent un sentiment de confiance entre elles. Est-ce plus facile ? Rappelez-vous que l’effet du pouvoir fait ressortir le naturel. On peut utiliser son pouvoir de manière saine dans un contexte et de manière nuisible pour les autres dans un autre contexte. Les personnes qui ont de l’influence autour, font-elles ressortir le meilleur de vous ? Est-ce qu’elles remettent en question un comportement qui semble vous nuire ? Une discussion franche, même si elle apparaît désagréable, peut être nécessaire. Les dynamiques de pouvoir entre êtres humains sont à l’œuvre quand il y a du changement dans l’air. C’est alors que surviennent des conflits.

 

Exemple de situation

Par exemple, vous souhaitez cesser de boire de l’alcool. Les vendredis soir sont particulièrement difficiles, car vous sortez au bar entre amis depuis le Cégep. Celui qui garde votre groupe uni, vous dit : ‘’Allez, bois une bière avec nous, sinon tu brises le party’’. Vous souhaitez cesser de boire, parce que vous avez de la difficulté à vous relever des abus d’alcool les samedis matin. L’influence de cet ami et le besoin de faire partie du groupe vous tiraillent ? Cet ami, de son côté, souhaite peut-être que les choses ne changent pas. Vous ne voulez pas être trouble-fête. Donc, le désir de changement cause des remous dans l’entourage et c’est normal. Cela demande de l’ajustement et de l’empathie de part et d’autre, surtout si notre entourage a du pouvoir et de l’influence sur notre manière de vivre.

Pour vivre en résonance avec nos valeurs et nos besoins, il suffit d’être attentif à cet élan qui vient de l’intérieur de soi. Cet élan qui pousse et vous amène à être en cohérence avec vos besoins. On peut s’attendre de l’entourage qu’il nous encourage dans les changements qu’on souhaite apporter dans notre vie. Autrement, il se peut qu’on doive s’éloigner de certaines personnes qui souhaite nous influencer dans le sens contraire. Cela n’est pas nécessairement facile.

 

En conclusion

Je conclus en vous posant quelques questions. Comment contribuez-vous à aider les autres à se dépasser ? Oui, je sais, pas si facile qu’on aimerait le croire ! Est-ce qu’il vous arrive de tenter d’imposer votre point de vue et votre manière de vivre ? Comment est-ce que j’essaie d’aider les autres à se dépasser ou atteindre ses objectifs ? Qu’est-ce que je ressens face à une personne d’influence ? Une personne peut nous déplaire, car elle provoque un sentiment qu’on n’a pas envie de regarder. Il n’y a qu’à penser à la vague de personnes en situation d’itinérance. Cela nous dérange… Pourquoi ? On peut se poser la question suivante : quels sont les parties de soi, les valeurs, les besoins ou les rêves qui sont maintenus à l’écart et repoussés au fin fond de soi ? Chaque personne possède le pouvoir de s’accomplir et de se créer une vie qui répond à ses besoins et respecte la liberté d’agir et de penser des autres.

 

 

Références :

Vanessa Haugel (2016) https://www.noovomoi.ca/vivre/bien-etre/article.quel-effet-pouvoir-sur-etre-humain.1.2128944.html

Marie-France Bazzo (2024). Pouvoir et influence. https://www.lapresse.ca/dialogue/chroniques/2024-04-16/pouvoir-et-influence.php

Ghislaine Guérard (2008). Mastering the conflict game: getting ahead by exploring the hidden life of organizations. Éditions Yvon Blais.

https://theses.hal.science/tel-03139835v1/document

Bouxom, H. (2021). Le pouvoir en moi : rôle du soi-actif dans les effets du pouvoir social sur les performances et le jugement moral. Psychologie. Université de Nanterre – Paris X, 2020.

 

Good Life et l’outil WISER

J’ai lu The Good Life, qui explore les éléments clés du bien-être humain, notamment l’importance des relations sociales. Le livre souligne combien la qualité de nos liens affecte notre bonheur global. Il aborde la gestion des frustrations dans les relations et propose un outil, le modèle W.I.S.E.R., pour surmonter ces défis de manière constructive sans laisser les émotions négatives nuire à nos relations.

Avez-vous déjà commencé une nouvelle relation amicale avec enthousiasme, pour ensuite faire face à des frustrations inattendues ? Vous arrive-t-il d’éviter un conflit, espérant que les choses s’arrangent d’elles-mêmes, seulement pour voir la relation se dégrader ? Ce sont des situations auxquelles nous avons tous été confrontés.

Alors, comment naviguer dans ces moments difficiles ? Comment aborder ces situations de manière constructive ? J’aimerais vous présenter un outil pour gérer ces défis relationnels : le modèle W.I.S.E.R.

  1. Présentation :

En anglais, W.I.S.E.R veut dire “plus sage”. Il se compose de cinq étapes clés : « Watch » (observer, veiller), « Interpret » (interpréter), « Select » (choisir), « Engage » (s’engager), et « Reflect » (réfléchir).

 

Étape 1 – Observer :

L’observation débute par un regard candide sur la situation, sans jugement ni excuses, permettant de comprendre les choses telles qu’elles sont, loin des émotions immédiates. Il est essentiel de considérer le contexte global de l’interaction : l’environnement de la remarque, son adéquation et sa nature habituelle ou exceptionnelle. Ces éléments éclairent la dynamique de la situation. La curiosité aide à explorer les motivations de l’autre, sans excuser son comportement, comme une période difficile influençant son attitude. Observer ses propres réactions internes, comme des mains moites ou un cœur qui bat plus vite, fournit des indices sur son état émotionnel. Cette auto-observation, sans jugement, maintient la connexion avec soi tout en analysant la situation. Une observation neutre, semblable à celle d’un scientifique, permet de recueillir les informations nécessaires avant d’agir, offrant une meilleure préparation pour réagir de manière réfléchie et adaptée.

 

Etape 2 – Interpréter :

L’étape d’interpréter consiste à attribuer un sens aux actions et paroles des autres selon notre propre point de vue, qui peut varier d’une personne à l’autre. Bien que ce point de vue soit basé sur des raisons personnelles et des émotions, il est souvent incomplet, nous poussant à tirer des conclusions hâtives. Face à l’inconnu, notre cerveau comble les lacunes en émettant des hypothèses, comme : « Il a dit ça, donc je pense que c’est à cause de ça. » Cette démarche peut mener à des malentendus, d’où l’importance de vérifier nos interprétations auprès des autres. Les émotions, qui obscurcissent souvent notre jugement, prennent le dessus, rendant difficile une réflexion rationnelle. L’imagination s’emballe alors, amplifiant le problème. Parfois, la honte ou la gêne nous poussent à ignorer les conflits au lieu de les confronter. Pourtant, envisager d’autres perspectives, même si cela est inconfortable, est essentiel. En se demandant : « Qu’est-ce qui m’échappe ? », on peut sortir de cette boucle d’interprétation émotionnelle et aborder la situation de manière plus objective.

 

Étape 3 – Sélectionner :

L’étape de sélection est cruciale pour réfléchir aux meilleures options dans une situation donnée. Il est essentiel d’évaluer les choix disponibles et la marge de manœuvre dont on dispose, tout en considérant la situation dans son ensemble. Cela implique d’identifier les ressources internes (compétences sociales, gestion du stress) et externes (personnes ou outils d’aide). L’objectif est de choisir le scénario offrant la meilleure issue ou, à défaut, celui qui minimise les conséquences négatives tout en maximisant les bénéfices.

La sélection d’une option nécessite d’évaluer nos forces, défis et mécanismes de défense face au problème, ainsi que de réfléchir à l’intention derrière notre action. Si l’on souhaite préserver une relation, il faut peut-être adapter son approche. Nos choix sont influencés par notre expérience, notre individualité et des facteurs culturels.

Le temps accordé à cette réflexion est fondamental. Il ne s’agit pas seulement de choisir, mais aussi de mobiliser les outils appropriés, incluant parfois l’implication d’une tierce personne pour évaluer les alternatives. Enfin, il est crucial de bien peser les avantages et les inconvénients avant de décider.

 

Étape 4 – S’engager :

L’engagement intervient une fois les étapes de réflexion et de sélection achevées, et que l’option la plus adaptée a été retenue. À ce stade, il est essentiel de visualiser mentalement le scénario à venir ou de s’entraîner avec une personne de confiance. Cela permet de s’assurer que l’on est bien préparé et capable de mettre en œuvre les stratégies choisies de manière efficace.

Il est tout aussi important de vérifier si les stratégies sélectionnées sont réalistes et réalisables en fonction de nos capacités actuelles, des ressources disponibles et du contexte dans lequel nous allons agir. Ce qui semble pertinent sur le papier peut parfois nécessiter des ajustements en cours de route. En observant régulièrement ses progrès, on peut rester aligné avec ses objectifs et apporter les ajustements nécessaires pour maximiser les résultats.

L’engagement, c’est véritablement le moment où l’on passe du stade théorique à l’action concrète. Cette étape requiert à la fois flexibilité et détermination, car il peut être nécessaire de réajuster ses actions si les résultats ou les circonstances évoluent différemment de ce qui était prévu.

 

Étape 5 – Réfléchir :

La dernière étape du modèle WISER, réfléchir, correspond à un retour d’expérience complet après avoir agi. Il s’agit de prendre du recul pour évaluer ce qui s’est bien passé, les aspects à améliorer, et les leçons que l’on peut tirer pour l’avenir. Quelles ont été les conséquences positives et négatives de mes actions ? Quelles stratégies ont été efficaces, et lesquelles nécessitent d’être ajustées ?

Cette étape permet d’intégrer les enseignements de l’expérience vécue, afin de mieux réagir dans des situations similaires à l’avenir. Elle offre aussi l’occasion de faire un bilan émotionnel et cognitif, en identifiant les progrès réalisés et les domaines dans lesquels on peut encore grandir. Cette réflexion post-action est cruciale pour un développement personnel continu et pour affiner ses méthodes de prise de décision et d’action.

Conclusion 

Ce modèle est conçu pour nous guider à travers les situations et événements relationnels émotionnellement complexes, en nous permettant de prendre du recul, de mieux comprendre nos émotions et de réagir de manière plus sereine et constructive. Que vous soyez en pleine tempête émotionnelle ou simplement à la recherche de moyens pour renforcer vos relations, le modèle WISER peut devenir un allié précieux dans votre quête d’un bien-être relationnel plus profond.

Les addictions qui jouent dans notre cerveau

“Je ne jouais pas pour me refaire. Je jouais parce que j’aimais le feeling de jouer. Quand la machine s’illuminait pis que le rush d’adrénaline embarquait, y’a rien qui pouvait accoter ça.” Cette citation, tirée du film québécois Le Plongeur, m’a beaucoup fait réfléchir sur l’addiction et sur comment cela peut envahir la personne. Stéphane, le personnage principal, a une addiction aux machines à sous et au travers du film, on voit les mensonges et les manigances qu’il utilise pour avoir ce qu’il veut : ressentir le rush d’adrénaline devant les machines. Peu importe les conséquences qui pourrait en suivre, sa recherche d’adrénaline prend le dessus sur le reste.

Ce film m’a fait comprendre que je m’étais trompé sur l’addiction. Ce n’est pas pour s’enrichir en jouant à des jeux d’argent ou d’avoir un buzz grâce à une drogue quelconque, mais bien parce que le cerveau a modifié son fonctionnement pour ressentir le plus de plaisir possible durant ces activités.

L’addiction est une dépendance à une substance ou à une activité ayant des effets néfastes sur la santé ou la vie de la personne. La personne addicte peut être consciente des effets négatifs sur sa santé et son comportement, mais la recherche de plaisir est plus importante que tout le reste. On retrouve deux grandes catégories d’addiction : celle aux substances psychoactives, comme l’alcool, les drogues et les médicaments, et les addictions comportementales. On parle ici de l’addiction aux jeux de hasard et d’argent, au travail, aux écrans, à la pornographie, etc. Plusieurs conséquences peuvent en découler : déséquilibre émotionnel, apparition de problèmes de santé physique et/ou mentale, bouleversements dans les sphères personnelle, professionnelle et sociale.

Au niveau neurologique, l’addiction s’installe chez la personne en trois stades distincts, soit la recherche de plaisir, l’état émotionnel négatif et finalement la perte de contrôle.

Le système de récompense

Dans notre cerveau se trouve un système de récompense nous permettant de ressentir du plaisir lorsque nous pratiquons des activités essentielles à notre survie, comme de se nourrir ou se reproduire, et nous permet aussi d’éviter ce qui nous fait souffrir. L’hormone de bonheur qui est libérée, la dopamine, nous indique que c’est un bon comportement à refaire. Le cerveau associera alors le sentiment de bonheur à l’objet ou le comportement déclenchant la montée de dopamine. Imaginez que vous êtes affamés et que devant vous se trouve un steak cuit à la perfection. À la simple vue de ce steak, votre cerveau libérera de la dopamine car il sait que le festin s’en vient. Cela vous motivera alors à manger ce steak car vous savez qu’encore plus de bonheur vous attend.

Cette recherche du plaisir est la première étape à l’addiction. Le cerveau associe la substance ou le comportement à la décharge de dopamine et cherchera le plus possible à reproduire les conditions nécessaires pour retrouver cette sensation de bien-être.

L’accoutumance

Le deuxième stade se caractérise par l’accoutumance du cerveau à la dopamine. Le cerveau s’habitue à la dose surélevée qu’il reçoit, ce qui fait que le sentiment de bonheur est plus difficile à atteindre. Il faut donc augmenter la dose de plus en plus pour atteindre le même effet qu’au début. Une conséquence de cette accoutumance est que les autres plaisirs du quotidien ne procurent plus la même sensation de plaisir qu’avant. Seul lorsque la personne consomme la substance ou pratique le comportement addictif qu’elle va avoir ce plaisir. L’objectif de l’addiction n’est donc plus de ressentir du bonheur, mais bien de se sortir de l’état émotionnel négatif, de plus en plus présent.

La perte de contrôle

Dans le film, lorsque l’oncle de Stéphane le confronte à ses mensonges, on voit Stéphane s’écrouler en disant : “Je suis pas capable d’arrêter. C’est plus fort que moi, à chaque fois que je vois une machine je dois jouer pis je vois pu le temps passer.” Cela démontre bien le troisième et dernier stade du développement de l’addiction : la perte de contrôle. Le circuit de la récompense est tellement envahi par l’addiction qu’il devient de plus en plus difficile de résister à l’envie de consommer, même lorsque la personne est consciente des conséquences négatives qui pourrait s’en suivre. La personne est très vulnérable aux rechutes à ce stade car plusieurs fonctions cognitives sont dérèglées, par exemple :

  • La prise de décision
  • La motivation
  • L’évaluation du risque
  • L’autorégulation
  • La mémoire

Qu’est-ce qu’on peut faire pour sortir de ça ?

Plusieurs études ont démontré que l’addiction est un grand facteur de risque pour développer un trouble de santé mentale, et inversement les personnes ayant un trouble de santé mentale sont plus à risque de développer une addiction (Rush et al., 2008). Mais comment peut-on briser la boucle de l’addiction ? Pour avoir du succès, il faut d’abord que la personne croit que le rétablissement est possible. Il faut reconnaître que la recherche du plaisir prend trop d’importance et amène plus de côtés négatifs que de positifs. Cette façon de voir les choses augmente les chances que la personne adhère aux traitements et psychothérapies qu’elle suivra. Le Centre de réadaptation en dépendance de Laval offre plusieurs services adaptés pour aider autant la personne que son entourage dans le processus du rétablissement. Si vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas à venir nous voir, nous pouvons vous accompagner dans vos démarches.

 

 

Références :

https://www.chudequebec.ca/a-propos-de-nous/publications/revues-en-ligne/spiritualite-sante/dossiers/les-dependances/qu%E2%80%99est-ce-qui-rend-le-cerveau-humain-vulnerable-a.aspx

https://maisonlepervier.com/nouvelles/quels-sont-les-effets-de-la-drogue-sur-le-cerveau#:~:text=L’effet%20de%20la%20dopamine%20et%20le%20syst%C3%A8me%20de%20r%C3%A9compense&text=La%20plupart%20des%20drogues%20que,de%20dopamine%20dans%20le%20cerveau

https://www.inserm.fr/dossier/addictions/

Dubreucq, S., Chanut, F. & Jutras-Aswad, D. (2012). Traitement intégré de la comorbidité toxicomanie et santé mentale chez les populations urbaines : la situation montréalaise. Santé mentale au Québec, 37(1), 31–46. https://doi.org/10.7202/1012642ar

 

Le défi de connaître nos émotions

Dans la relation d’aide, il est fréquent qu’on vous demande “comment vous sentez-vous ?”. Pour la plupart, cette question est simple : “Je me sens gêné, inquiet, blessé, optimiste, embêté, etc.” Pour environ 10% de la population, cette simple question peut être pratiquement impossible à répondre. Le concept de l’alexithymie est relativement nouveau. Il a été introduit en 1970 et depuis quelques décennies, de plus en plus de travaux portent sur ce trouble. Une personne avec ce trouble serait comme aveugle par rapport à ses propres émotions et aurait donc une grande difficulté à comprendre son état émotionnel et à le communiquer aux autres. Nous allons voir d’où cela peut provenir, les effets dans le quotidien et comment s’en rétablir.

Je ne ressens rien

L’alexithymie est un trouble de la lecture et de l’expression des émotions. Il est composé de deux grandes dimensions : affective, qui est la difficulté à ressentir les émotions, et cognitive, qui est la difficulté à communiquer nos émotions aux autres. Au lieu des émotions, semblable à un trouble psychosomatique, la personne ressent plutôt des douleurs physiques, comme des ulcères d’estomac, des troubles gastro-intestinaux, des troubles cardiocirculatoires, etc. Cela devient leur mode d’expression principal, remplaçant ainsi les sentiments et les émotions. La personne sera capable de dire qu’elle va bien ou mal, mais sera totalement incapable de donner plus de détails ou d’apporter une plus grande nuance à son discours.

L’alexithymie peut apparaître de deux façons : biologique (primaire) ou psychologique (secondaire). Lorsque l’alexithymie est d’ordre primaire, cela peut être causé par un déficit dans les connexions du cerveau, plus précisément entre le système limbique, qui s’occupe de la mémoire et des émotions, et le néocortex, qui s’occupe de la pensée abstraite. On voit très souvent ce type chez les personnes avec un trouble du spectre de l’autisme, qui ont eu des lésions au cerveau, ou qui est né avec une anomalie génétique.

L’alexithymie d’ordre psychologique, où secondaire, peut se développer à la suite d’un changement majeur dans la vie de la personne. Des liens ont été établis entre l’alexithymie et plusieurs troubles, notamment :

• La toxicomanie
• L’anxiété
• La dépression
• Le trouble de stress post-traumatique
• Les troubles de l’alimentation
• Les troubles de la personnalité
• Et plus encore…

Selon notre compréhension actuelle, l’alexithymie pourrait être un mécanisme de défense, bien qu’inadapté. En se “déconnectant” de ses émotions, la personne évite ainsi de trop souffrir.
Cela peut aussi se développer selon notre éducation. Dans les familles où il est mal vu d’exprimer des émotions comme la peur, la honte ou la tristesse, l’enfant comprend que ces émotions doivent être toujours cachées et ne développe pas le vocabulaire nécessaire pour bien s’exprimer. La plupart du temps, la personne adulte sera seulement capable de manifester de la colère, étant la seule émotion acceptable d’exprimer.

Comment ça m’affecte

En général, comment peut-on se faire des relations significatives ? En ayant des intérêts communs, en partageant nos émotions et en ayant des expériences marquantes avec les autres. Maintenant, dites-vous que vous êtes incapables de comprendre vos émotions ou de les communiquer. Cela devient un énorme défi de réussir à créer et entretenir des relations solides. Le sentiment d’isolement que cela entraîne peut fragiliser la santé mentale de la personne. Elle se sentira incomprise des autres, incapable de dire ou de comprendre ce qui se passe en elle.
Des problèmes de motivation peuvent aussi apparaître. La personne affectée n’a pas le désir intérieur d’améliorer sa situation car son raisonnement sera purement rationnel. Par exemple, dans un emploi, l’alexithymique pourrait être malheureux car il n’est pas épanoui, mais il ne sera pas porté à chercher un nouvel emploi car il est très difficile de savoir ce qui pourrait convenir. Ne sachant pas quels facteurs lui procure du plaisir ou non, elle sera toujours dans une quête identitaire. Ses goûts ne sont pas très définis et ses loisirs ne semblent pas procurer la même joie que les autres expriment.

Comment aller mieux

Heureusement, l’alexithymie n’est pas un trouble incurable. La thérapie comportementale dialectique est un type de thérapie pour aider la personne à se recentrer sur elle-même et d’acquérir le vocabulaire nécessaire pour exprimer ses émotions. Elle se base sur la thérapie cognitivo-comportementale et focalise sur le développement de stratégies dialectique, d’acceptation et d’exercices de pleine conscience. Dans le cas où l’alexithymie est apparue à la suite d’un traumatisme durant l’enfance, un thérapeute peut aider à créer un espace sécuritaire où le patient peut se permettre d’exprimer ce qu’il refoule depuis toujours.
Même au CAFGRAF nous pouvons vous aider ! Vous pouvez voir Dolores qui pourrait vous soutenir à développer des stratégies d’expressions saines des émotions au travers de ses activités d’art-thérapie.

Références
Jouanne, C. (2006). L’alexithymie : entre déficit émotionnel et processus adaptatif. Psychotropes, 12, 193-209. https://doi.org/10.3917/psyt.123.0193
Gosselin, E., Bélanger, J. & Campbell, M. (2020). CONTRIBUTION DU STRESS ET DE l’ALEXITHYMIE AU BONHEUR DES ENSEIGNANTS. Revue québécoise de psychologie, 41(3), 157–178. https://doi.org/10.7202/1075469ar
https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexithymie

Trouble d’accumulation compulsive : plus complexe qu’on le croit

Les personnes accumulatrices, ce sont des personnes qui souffrent du trouble d’accumulation compulsive (TAC).

Pierre Rondeau (médecin généraliste en santé mentale à la retraite) et Anne-Julie Roy (directrice des services externes de la Maison Grise de Montréal) sont venus donner une conférence à ALPABEM le 3 octobre 2023 sur le sujet. Le Dr. Rondeau affirme que bien que ces personnes vivent dans un environnement encombré, le TAC est différent du syndrome de Diogène. Ce n’est pas de l’insalubrité, ni un TOC (trouble obsessif compulsif). Ce n’est donc pas le même traitement, ni le même type d’intervention. Cela ne se traite pas par de la médication, mais par des approches en psychothérapie.

Le portrait de la situation

  • 2,6% des personnes en souffrent dans la population québécoise 1
  • 6% des aînés en souffrent 2
  • +/-8% des personnes accumulatrices seront évincées de leur logement 1
  • 82% des interventions de première ligne sont liées au TAC au Québec3

La personne est souvent fonctionnelle en dehors de la maison. Ce qu’il faut comprendre de cette situation, la perte d’un objet cause de la détresse. Aussi jeter un objet est difficile et crée de la détresse. Éviter la détresse, engendre peu à peu l’accumulation. Ce qui altère le fonctionnement social, professionnel, et cause des problèmes dans son environnement. Bien que les propriétaires craignent les incendies, seulement 0,25% des incendies sont causés par un TAC 1.

Causes

Les facteurs de stress psychosociaux viennent de l’insécurité financière, souvent à la suite du décès du conjoint, suivi d’un isolement. Il n’y a pas de cause unique, mais la génétique compterait pour 85%. La personne qui en souffre à souvent des parents qui en ont souffert aussi. Les personnes qui ont déjà vécu des événements traumatisant causant du stress aigu voient les risques multipliés par 5 de souffrir d’un TAC. Il devient difficile pour la personne de prendre des décisions. Elle voit aussi sa mémoire et son attention diminuer. De plus, elle a de la difficulté avec la classification. 75% des troubles sont liés à la dépression et/ou l’anxiété. Le Dr. Rondeau dit de chercher le TAC1, qui risque d’être présent aussi.

Quand le TAC mène à l’itinérance

L’entourage pense bien faire en arrivant pour faire un beau grand ménage. On voit d’abord la perte de repères. Cela amène de la détresse chez la personne habituée à vivre dans l’encombrement. Avec le temps l’incompréhension de part et d’autre mène à la rupture sociale3. La personne qui vit le rejet, ressent aussi un sentiment de honte, de l’épuisement et l’isolement. Elle peut alors compenser par de nouvelles acquisitions, aggravant le problème d’accumulation. Lorsque la personne loue un appartement elle est à risque d’éviction. Les propriétaires peuvent être intolérants et la personne peut se retrouver à la rue, si elle n’est pas accompagnée pour faire face et agir sur la situation.

Lorsque l’encombrement des lieux ne permet plus d’inviter les connaissances à la maison. Et que cela est suivi par une inspection et une éviction, la personne se retrouve délocalisée de son milieu de vie. La méfiance provoquée par l’incompréhension vulnérabilise encore plus la personne. L’entourage qui aide cette personne est aussi à risque de développer de l’anxiété et/ou de la dépression4.

La sagesse qui ressort de la conférence

Le TAC est souvent une réponse à la souffrance qui se manifeste par la difficulté à se séparer des objets. La personne est placée devant un choix difficile : celui de retrouver la fonctionnalité d’un espace dans sa maison et celui de garder tout ce qui envahit cet espace. Le mal de vivre de la personne est souvent non détecté. La personne est perçue comme traineuse, alors qu’elle souffre souvent d’angoisse existentielle. Selon nos conférenciers, il est important que la personne qui souffre du TAC soit inclus dans la démarche de réduction de l’encombrement.

Une démarche avec la personne

Anne-Julie Roy de la Maison Grise de Montréal est venue nous raconter comment ils interviennent. Tout d’abord :

  • Prendre contact avec la personne avec respect et discrétion
  • Fixer avec la personne un objectif clair de désencombrement
    • Être réaliste : parfois ça commence par un petit sac
  • Favoriser la motivation de la personne qui vise à lui redonner le contrôle
  • Maintenir le contact (rôle de sentinelle)

Ils travaillent d’abord avec la personne, et aussi de concert avec le propriétaire et le service d’inspection pour avoir un état de la situation. Ensuite, un plan d’action est élaboré avec la personne elle-même. Aussi, la résistance au changement est un signal. Il est important de revenir à la personne. De s’assurer que ce soit son projet. S’il y a des ‘’oui, mais…’’, cela crée une situation de ping pong qui provoque le recul. L’objectif doit faire du sens pour la personne. Par exemple, on peut donner le choix à la personne de commencer par la salle de bain ou le salon. Ou encore, demander à la personne ce qu’elle aimerait faire dans le salon. Ou encore, comment elle aimerait procéder pour récupérer son espace.

Informations et ressources

Le Dr. Rondeau et Madame Roy ont développé un guide qu’on peut acheter. Il sert à aider l’entourage et les professionnels, mais aussi la personne qui vit avec le trouble d’accumulation compulsive5. Sur le site internet du CATAC que les deux conférenciers ont développé, vous trouverez aussi une panoplie d’informations et de ressources 2.

 

 

Références

  1. ALPABEM : conférence du 3 octobre 2023 : Le trouble d’accumulation compulsive.
  2. Site internet du Comité d’action pour le trouble d’accumulation compulsive : https://accumulationcompulsive.ca/quelques-donnees-importantes-sur-le-tac/
  3. Douville et Emery (2021). Quand l’accumulation conduit à l’itinérance. Les cahiers du CEIDEF Vulnérabilités et familles 8, 330-342.
  4. Moreau et Dallaire (2022). Soutenir une personne aînée composant avec une problématique d’accumulation compulsive : regard sur les réalités vécues par les personnes proches aidantes. École de travail social et de criminologie de l’Université Laval 68(2), 67-85.
  5. Premier guide québécois pour le trouble d’accumulation compulsive : https://accumulationcompulsive.ca/

Communication digitale et effritement des frontières interpersonnelles

 Fondamentalement, l’humain recherche la connexion avec les autres. Nos façons de communiquer ont largement évolué, passant des lettres postales, aux textos et aux différentes plateformes de communication. La rapidité et le volume de messages que nous recevons dans l’ère numérique sont sans précédent. Ça soulève la question : sommes-nous adaptés pour conjuguer avec ces interactions continuelles, rapides, et abondantes ? Explorons ensemble l’impact de l’évolution de la communication numérique sur l’éclatement des frontières interpersonnelles.

Boom des messages avec le boom technologique

L’évolution de nos interactions sociales est fascinante. Il y a quelques décennies, des périodes claires d’inaccessibilité se définissaient lorsque nous étions à l’extérieur de la maison : à l’épicerie ou en voyage ? nous n’étions pas rejoignables. Ces coupures étaient clairement délimitées dans le temps, offrant une période de répit. Aujourd’hui, ces frontières n’existent plus naturellement : nous devons consciemment les instaurer(ex : mettre notre téléphone en mode ne pas dérangé).

L’introduction des téléphones cellulaires a initié une nouvelle ère dans nos communications. On se rappellera, dans les années 2000, rédiger un texto prenait du temps avec les claviers à touches numériques (pour écrire « allô », il fallait appuyer 13 fois sur des touches). Il fallait être motivé à écrire un message en utilisant les boutons chiffrés de nos téléphones. Par la suite, les changements dans la communication ont été exponentiels.

En 2000, une personne envoyait/recevait en moyenne 35 textos par mois. En 2011, ce chiffre atteignait près de 40 textos par jour, et chez les jeunes adultes, 50 textos par jour.[1] Aujourd’hui, ces chiffres explosent avec la venue des applications intégrant la communication comme Messenger, Twitter, Instagram, Snapchat, Discord, Teams, Whatsapp, Reddit, etc. Ceci contribue à l’explosion du volume de messages que nous recevons. Pour vous donner une idée de grandeur, quotidiennement, 23 milliards textos, 50 milliards messages WhatsApp, 50 milliards messages Facebook, 5 milliards de Snapchat sont envoyés/reçus.[2] Ça en fait des messages reçus!

Effritement des frontières par la culture de l’instantanée

Les téléphones intelligents permettant de communiquer à tout moment, de n’importe où avec n’importe qui à travers le monde. Par conséquent, nous sommes accessibles en permanence, disponibles à toute heure du jour et de la nuit. Cette disponibilité instantanée crée une attente implicite que chacun est toujours prêt à lire et à répondre aux messages instantanément, similaire à une conversation en face-à-face. Et ce, peu importe l’urgence du message.

Les notifications de lecture sur certaines plateformes ajoutent une pression supplémentaire pour une réponse immédiate dès que le message est vu. De plus, le statut « en ligne » qu’affichent certaines applications, informe les autres de notre disponibilité, intensifiant ainsi cette attente de réponse rapide.

D’ailleurs, il n’est pas rare de jongler entre plusieurs conversations simultanées sur différentes applications avec une même personne, créant parfois un sentiment d’être coincé à devoir répondre à tous les messages de cette personne en même temps.

Ne pas répondre immédiatement aux messages que nous recevons peut amener un sentiment d’avoir pris du retard et un sentiment de ne pas avoir respecté les « règles » de la communication. Ce sentiment de culpabilité peut plonger l’autre dans la justification de son message « tardif ».

Left on read : questionnements et anxiété à deux sens

L’absence d’une réponse rapide peut susciter de l’anxiété chez l’émetteur du message, qui s’interroge sur la réception de son message et sur l’interprétation qu’en fait le destinataire. D’un côté, pour l’émetteur du message, ne pas recevoir de réponse rapidement ou être lu sans réponse peut engendrer de l’anxiété et une spirale de questionnements: « est-ce que mon message a mal été interprété?»; « Je pense que je n’aurais pas dû mettre un point à la fin de mon message… » (oui, la science montre que les textos avec un point sont perçus comme moins sincères[3] et abrupt[4]), « Peut-être que j’aurais dû utiliser un emoji pour clarifier mon ton ? »; « Peut-être qu’il ne m’apprécie pas? » …

De l’autre côté, le receveur du message peut craindre que répondre des heures après l’envoi du message soit mal perçu, et encore plus s’il le lit sans y répondre, donnant l’impression de ne pas accorder suffisamment d’importance à la conversation. En fait, un message répondu quelques heures après son envoie est perçu comme moins enthousiaste[5] et est perçu comme un manque d’attention à la conversion[6]. De plus, le receveur peut craindre que de répondre au message reçu ouvre la porte à une conversation plus intensive, de laquelle il n’est pas disposé à avoir.

Épuisement numérique : attentes irréalistes de l’instantanéité

La gestion des multiples notifications/messages peut devenir écrasante, entraînant un sentiment d’être dépassé, et de culpabilité lorsque les réponses ne sont pas immédiates. Certains peuvent choisir d’éviter de regarder leurs messages, puisque ça génère des sentiments négatifs. Ainsi, les messages qui s’accumulent nécessitent encore plus d’efforts pour les lire et y répondre. Répondre à toutes les conversations devient alors une tâche, souvent accompagnée d’un poids émotionnel et d’une auto-critique pour avoir pris trop de temps à répondre (ex : je ne suis pas un bon ami pour avoir pris autant de temps à répondre…).

L’émergence de la communication numérique a nourri des attentes irréalistes en matière de disponibilité et de réactivité. La rapidité avec laquelle nous sommes désormais capables de communiquer à créer un nouveau paradigme où les délais de réponse se mesurent souvent en minutes.

Ces attentes insoutenables contribuent à l’épuisement numérique, où répondre à toutes les notifications engendre du stress. Le stress résultant de cette constante sollicitation peut nuire à notre bien-être mental et à la qualité de nos interactions, car elle réduit souvent la communication à une série de réponses rapides et superficielles (ex : on like le message plutôt que d’y répondre, on envoie un gif, etc., …) plutôt qu’à des échanges réfléchis et significatifs.

Conclusion

Les téléphones intelligents ont révolutionné la manière dont nous communiquons, rendant notre disponibilité continuelle et ininterrompue, et le large afflux des échanges naturels. Il est bien de prendre un pas de recul et de prendre conscience de l’effritement des frontières interpersonnelles qui peut venir avec la communication moderne. La communication numérique nécessite une gestion consciente pour éviter l’épuisement digitale et maintenir des interactions numériques saines et équilibrées.

 

 

 

Références :

[1] https://www.pewresearch.org/internet/2011/09/19/how-americans-use-text-messaging/

[2] https://www.sellcell.com/blog/how-many-text-messages-are-sent-a-day-2023-statistics/

[3] Gunraj, D. N., Drumm-Hewitt, A. M., Dashow, E. M., Upadhyay, S. S. N., & Klin, C. M. (2016). Texting insincerely: The role of the period in text messaging. Computers in Human Behavior, 55, 1067-1075. https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0747563215302181

[4] Houghton, K. J., Upadhyay, S. S. N., & Klin, C. M. (2018). Punctuation in text messages may convey abruptness. Period. Computers in Human Behavior, 80, 112-121. https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0747563217306192

[5] Phillips, N. (2023). Exploring the use of time delay as a pragmatic cue in text messaging. https://commons.lib.jmu.edu/masters202029/248/

[6] Lee, H. P. H., Chiang, Y. S., Chou, Y. L., Lin, K. P., & Chang, Y. J. (2023). What makes IM users (un) responsive: An empirical investigation for understanding IM responsiveness. International Journal of Human-Computer Studies, 172, 102983.

L’hypervigilance : se méfier du bonheur

Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans l’été! Ça fait plusieurs mois que vous ouvrez les rideaux le matin en vous demandant « Est-ce que l’hiver est enfin terminé ?!? ». Si c’est votre réalité, alors vous souffrez peut-être d’un cas d’hypervigilance de l’arrivée de l’été!

Un peu de sérieux maintenant. Qu’est-ce que l’hypervigilance? Même si la définition du mot est assez simple à comprendre, prenons le temps de décortiquer tout ça. Dans cet article, nous commencerons par définir l’hypervigilance. Ensuite, nous parlerons des symptômes, de la manière dont l’hypervigilance se développe et des moyens pour se rétablir.

Pour débuter, on pourrait définir l’hypervigilance comme un état d’alerte constant qui touche plusieurs aspects de notre vie : comportemental (ce qu’on fait), cognitif (ce qu’on pense) et physiologique (dans notre corps). L’hypervigilance n’est pas une maladie ou un trouble, c’est un symptôme de l’anxiété. On pourrait donc dire que l’hypervigilance, c’est d’être toujours en état d’alerte ou de méfiance.

Répondons maintenant à la question suivante : comment devient-on hypervigilant?

Indice : ce n’est pas une question de choix! La plupart des gens hypervigilants le sont devenus à cause d’événements difficiles. On parle de gens ayant survécu aux abus ou qui ont été témoins de grandes violences. Tous ces événements envoient des messages qui demeurent gravés dans notre amygdale : la vie est dangereuse et il faut toujours se méfier.

Voici des exemples qui vous permettront de reconnaitre un état d’hypervigilance chez vous ou chez les autres.

Comportemental 

À quoi ressemblent les comportements d’un individu hypervigilant?

C’est quand vous chassez vos amis de votre entourage. Pourquoi? Parce-que vous avez l’impression qu’ils vous trahiront et qu’ils profiteront de vous. C’est aussi parce que vous aimez mieux l’isolement que le risque de faire confiance et d’être trahi. C’est grave, tout ça. Si vous finissez par vous ramasser seul parce que vous vous méfiez trop, vous créez plus de problèmes que vous n’en réglez.

Cognitif

Nous sommes ici dans le domaine des pensées. Quand on est hypervigilant, de quelle manière pense-t-on? Voici des exemples.

Quand vous êtes dans un groupe, vous restez sur vos gardes. Parce que vous pensez que le monde est peuplé de gens mal intentionnés. Quand vous vous préparez à sortir, vous vous inquiétez des accidents possibles. Parce qu’on ne peut jamais prédire quand ça va mal se passer. Quand vous êtes en couple, si votre conjoint n’arrive pas à l’heure, vous avez milles inquiétudes. M’a-t-il trahi? Est-elle avec quelqu’un d’autre? Bref, quand on est hypervigilant, il n’en faut pas beaucoup pour s’inquiéter.

Physiologique

La physiologie, c’est la science du fonctionnement du corps. Le cerveau des gens souffrant d’hypervigilance n’est pas « connecté » de la même façon que le cerveau des gens détendus. Plus précisément, nous parlons d’une toute petite structure du cerveau : l’amygdale. Attention! Nous ne parlons pas de ce qui se cache dans le fond de votre gorge, mais d’une partie du cerveau en forme d’amande (en latin, amygdale signifie « amande »). C’est une partie du cerveau qui appartient au système limbique (ou cerveau émotionnel). C’est une partie très importante de notre corps : elle est à la base du contrôle des émotions. Elle produit les hormones qui augmentent votre stress. L’amygdale est aussi impliquée dans les comportements de réponse au stress. Vous figez lorsqu’on crie après vous? C’est votre amygdale qui est responsable de cette réaction.

Avant de parler de guérison, laissez-moi vous parler rapidement des autres impacts que peut créer une amygdale « déréglée ». Les gens qui ont des pensées dépressives, surtout les adolescents, vont être hypervigilants face à ces pensées. Résultat : les jeunes pensent seulement à ce qui ne va pas et mettent de côté les belles expériences. L’hypervigilance augmente donc le sentiment de dépression, puis même le taux de suicide, car le cerveau réserve toute sa place au négatif.

En bref, l’hypervigilance, c’est d’avoir son système d’alarme réglé au plus sensible. Tellement sensible qu’il sonne même quand il n’y a rien de grave. Votre amoureuse n’est pas arrivée après 5 minutes? Le système d’alarme est parti et on se met en mode inquiétude.

Comment on guérit ça?

Il y a plusieurs méthodes reconnues qui permettent de rétablir la santé de votre amygdale. Pour vous, cela signifie moins de stress inutile et d’impressions de danger. Voici un premier moyen : la méditation. Vous trouvez que c’est un moyen un peu doux pour contrer les effets d’un traumatisme? Détrompez-vous! Des scans du cerveau permettent de confirmer que l’amygdale des gens qui méditent se porte mieux. Ça fonctionne autant pour les traumas d’enfance que les traumas vécus dans l’armée.

D’autres méthodes? Certainement! Vous pouvez aussi entreprendre un suivi individuel afin d’aborder les croyances qui vous rendent plus méfiants. Plusieurs interventions ont fait leur preuve dans le domaine du rétablissement, il ne faut pas vous en priver! Finalement, n’oubliez pas qu’une bonne hygiène de vie aura toujours un effet bénéfique pour vous. En résumé, n’abusez pas de la caféine si vous recherchez la détente!

Nous pourrions donc dire que la première étape pour vous rétablir de vos symptômes anxieux, c’est d’en être conscient. Parfois, on pense que l’autre est dangereux. Mais est-ce que ce ne serait pas notre système d’alarme qui serait trop sensible?

 

 

 

Références :

Smitha Bhandari. 2024. What Is Hypervigilance?. https://www.webmd.com/mental-health/what-is-hypervigilance

Alvin Powell, 2018, When science meets mindfulness. Harvard Gazette. https://news.harvard.edu/gazette/story/2018/04/harvard-researchers-study-how-mindfulness-may-change-the-brain-in-depressed-patients/

« Hypervigilance », 2003. https://www.sciencedirect.com/topics/medicine-and-dentistry/hypervigilance#definition

Know your brain: amygdala. https://neuroscientificallychallenged.com/posts/know-your-brain-amygdala

Quelles sont les causes expliquant les disparités de traitements de la police envers les minorités visibles ?

Profilage racial

Les disparités de traitements qui sont faites par certains policiers sur les minorités visibles peuvent être expliquées par différentes causes. Une première cause serait le profilage racial. Wortley et Tanner définissent le profilage racial comme étant un procédé selon lequel les policiers prennent en considération les origines ethniques pour effectuer des arrestations et des fouilles. Ils expliquent également que le profilage racial est renforcé par le fait qu’il y a une forte présence policière dans les quartiers de minorités visibles. Nous pouvons donc déduire qu’une forte présence policière dans des endroits précis pourrait développer une certaine redondance dans les arrestations effectuées. En d’autres mots, les motifs d’arrestations ou les personnes arrêtées pourraient souvent se retrouver à être les mêmes. Selon Casséus, le profilage racial peut amener des conséquences psychologiques comme le stress et un sentiment de méfiance envers le système policier.

Stéréotypes

Les stéréotypes seraient une deuxième cause de la discrimination raciale exercée par certains policiers. Un stéréotype est le fait de généraliser des jugements et des opinions envers un groupe. Tous les individus d’un groupe visé par un stéréotype auront alors une « étiquette » qui représente ces jugements. Chalom évoque un exemple d’une « étiquette » : les individus qui sont le plus souvent interpellés par la police aux fins de fouilles ou de vérifications d’identité seraient ceux qui représentent une menace, avec une personnalité dangereuse et un style vestimentaire différent (étiquette envers des individus issus des communautés de minorités visibles). Les répercussions de ce type de réflexion sur ces communautés viendront alimenter le phénomène de discrimination. Les stéréotypes sont persistants dans le temps, notamment à cause des médias. Selon le rapport de la consultation publique sur le profilage racial publié en 2011 de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, les participants ont évoqué que les médias visent constamment la population ethnique en faisant de faux amalgames sur eux, ce qui contribue à alimenter les stéréotypes. Ceux-ci sont donc affichés dans la sphère médiatique et consommés par la société en général, dont les corps policiers. Nous pouvons aussi assister à la création de stéréotypes. Legewie affirme que les évènements qui se produisent dans un quartier précis peuvent créer des stéréotypes et des conflits facilitant alors la discrimination raciale, puisqu’il y aurait peut-être une réaction plus forte de la part des policiers lorsque des évènements semblables se produiront.

Préjugés

Les préjugés peuvent être une troisième cause pour expliquer la discrimination raciale. Il faut faire la différence entre les préjugés et les stéréotypes. Les préjugés sont des opinions personnelles, tandis que les stéréotypes sont des pensées généralisées présentes dans la société. Les préjugés peuvent être formalisés par l’éducation et l’entourage des individus. Ces pensées individuelles peuvent nuire à la relation entre les policiers et les communautés de minorités visibles et favoriser les traitements discriminatoires. Douyon donne l’exemple de policiers s’attardant trop sur la communauté noire quant aux problèmes de drogues, ce qui risque d’alimenter les préjugés courants et donc de nuire à la relation avec ces communautés.

Environnement de travail des corps policiers

L’environnement de travail des corps policiers serait une autre cause de la discrimination raciale exercée par certains policiers. L’environnement au travail pour un policier peut être néfaste quant au comportement qu’il adoptera lors de ses interventions auprès de la population. Les corps policiers ont des comptes à rendre à leurs dirigeants. Comme l’expliquent Côté et Clément, les pratiques policières sont pensées en fonction de prévenir toutes révoltes des personnes exploitées par les classes dirigeantes. De plus, Chalom explique que la population demande des résultats concrets à la police par rapport à sa sécurité. Pour pouvoir répondre aux demandes de la population, il faut agir de manière à pouvoir prédire les situations qui peuvent par exemple se produire dans un quartier. Chalom utilise le terme « prévention situationnelle » afin que la police puisse viser un groupe en particulier. La pression que subissent les policiers au travail pour le maintien de l’ordre peut être une raison expliquant l’existence de disparités de traitement. Ils suivront les stéréotypes présents dans la société ou leurs préjugés envers les minorités visibles afin d’interpeller les personnes qui sont « supposément » les plus susceptibles de commettre des crimes. Un autre aspect dans l’environnement immédiat des policiers serait qu’ils pratiquent un aveuglement volontaire par rapport aux discriminations raciales. Wortley et Tanner mentionnent que ceux qui appliquent la loi (ex. : les policiers) réfutent souvent les plaintes en matière de discrimination raciale. Ce refus de percevoir les pratiques discriminatoires comme étant un problème réel au sein de la société permet aux discriminations raciales de persister dans le temps.

Références
Casséus, T. (2016). Entre contestation et résignation: L’expérience de profilage racial de jeunes racisés ayant reçu des constats d’infraction dans le cadre du contrôle de l’occupation de l’espace public montréalais. https://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/handle/1866/2620/browse?type=author&value=Cass%C3%A9us%2C+Thierry

Chalom, M. (2011). La pratique du profilage racial déshonore la profession policière. https://www.researchgate.net/publication/297306429_La_pratique_du_profilage_racial_deshonore_la_profession_policiere

Côté, L. & Clément, D. (2016). Le profilage policier : le syndrome d’une société de classe opprimante. https://doi.org/10.7202/1037170ar

Douyon, E. (1993). Relations police-minorités ethniques. https://doi.org/10.7202/032254ar
Eid, P., Turenne , M. et Magloire, J. (2011). Profilage racial et discrimination systémique des jeunes racisés. https://www.cdpdj.qc.ca/storage/app/media/publications/Profilage_rapport_FR.pdf

Legewie, J. (2016). Racial Profiling and Use of Force in Police Stops: How Local Events Trigger Periods of Increased Discrimination. https://doi.org/10.1086/687518

Wortley, S. & Tanner, J . (2004). Discrimination ou « bons » services de police. Le débat concernant le profilage racial au Canada. http://publications.gc.ca/site/fra/279297/publication.html