Intervention auprès des pères

Au cours de ma carrière comme intervenant, j’ai eu la chance d’intervenir longtemps auprès d’hommes et plus récemment auprès des pères. C’est une clientèle fascinante avec laquelle il est facile de travailler, mais qui peut être plus ardue à solliciter pour différentes raisons. En effet, les données démontrent que les pères sont moins présents dans les services que les mères. Il s’agit d’un constat qui est dommage, mais tout de même bien présent.

Qu’est-ce qui fait que les pères utilisent moins les services en relation d’aide ?

C’est une situation que j’ai constatée. Les hommes semblent être moins présents que les femmes dans les services en relation d’aide. Sans affirmer que ma constatation est d’une vérité
immuable, de ma modeste expérience, c’est ce que j’ai pu observer. Il peut y avoir des explications pour cette observation. Lorsque l’on prend le temps de réfléchir aux stéréotypes de la consultation, l’une des images que l’on se fait est d’être assis dans un bureau où la lumière est tamisée et où le résultat concret des rencontres demeure flou et abstrait. Ce modèle, bien que caricatural, contient tout de même des vérités et c’est peut-être ce qui rejoindrait moins les hommes et les pères. Étant en constante mouvance, un parent doit être volatil et disponible aux aléas des responsabilités familiales.

De plus, ma modeste expérience en intervention auprès des pères m’a indiqué que les pères auront moins tendance à demander de l’aide, car ils prioriseront le confort de leur famille en premier lieu, leur bien-être sera alors secondaire et même tertiaire. Ayant rencontré plusieurs pères qui étaient en détresse, ils cherchaient pour la plupart à alléger le fardeau des difficultés pour leur famille et peu d’entre eux pensaient à améliorer leur propre situation. En effet, certains d’entre eux ont la croyance que de demander de l’aide est synonyme de faiblesse, ce qui est bien entendu faux. Il est important de se ressourcer afin de prendre soin de nos proches.

Comment rejoindre les hommes/pères ?

Étant sous-représentés dans les services, plusieurs auteurs se sont penchés sur comment mieux rejoindre les pères. Plusieurs pistes d’actions ont été mises de l’avant. Une des façons de leur favoriser l’accès aux services a été d’adapter les heures d’ouverture en fonction de leur horaire.

En effet, offrir des services hors des heures de bureau, soit le soir ou la fin de semaine peut aider à ce qu’ils utilisent les services.

Tout ce qui favorise une approche informelle est habituellement gagnant. Ceci inclut d’être en mesure de leur offrir des services rapides et accessibles, soit directement lors de la demande d’aide. Leurs demandes d’aide peuvent être volatiles ou fugaces, et prendre la balle au bond est important afin de saisir l’opportunité lorsqu’elle se présente. Donc, avoir quelqu’un étant dédié à répondre à leur demande d’aide si jamais ils se présentent sans rendez-vous, peut être favorable. La mise en action est aussi un élément qui facilite l’accès aux services. En effet, de leur permettre de bouger avec leurs enfants est accrocheur pour eux. Planifier des activités sportives ou même des barbecues peut être un élément favorisant leur participation. De plus, c’est dans ces moments où il est facile d’entrer en contact avec eux.

Comment les maintenir dans les services

Une bonne méthode afin d’assurer leur rétention dans les services peut être de créer une alliance avec eux. La création et le maintien de cette alliance peuvent justement se faire de manière informelle, à travers des activités partagées en dehors du cadre formel du bureau, où l’objectif unique serait de parler des difficultés. Lorsque le contact est créé et qu’ils se sentent à l’aise, il arrive souvent que ce soit eux qui s’ouvrent et abordent des sujets difficiles. Il est facile d’avoir le préjugé que les hommes et les pères ne se confient pas et ne s’ouvrent pas sur leurs difficultés. C’est tout le contraire lorsqu’ils se sentent en confiance, ils démontrent une grande perméabilité à l’intervention et les discussions sont profondes, riches et intarissables. C’est à ce moment que l’on peut comprendre l’importance que revêt la paternité à leurs yeux. Donc, leur offrir ce lieu où ils peuvent être eux-mêmes sans avoir le poids des attentes invraisemblables de pères, où il leur est possible de briser les préjugés et d’avoir droit à l’imperfection, leur permet d’entrer en contact avec eux-mêmes et avec d’autres pères vivant des difficultés semblables.

En conclusion, les raisons expliquant la dichotomie de la représentation des mères et des pères dans les services sont aussi diversifiées que complexes. Cependant, le poids du passé demeure présent et une des principales explications est que les hommes ne veulent pas être un fardeau et maintiennent la perception que demander de l’aide est un signe de faiblesse. Ceci est bien entendu une fausse croyance et, au contraire, il faut beaucoup de courage pour demander de l’aide !

Références :

https://isaiahcounselingandwellness.com/mens-mental-health-why-is-it-hard-for-mento-ask-for-help/#:~:text=One%20of%20the%20greatest%20reasons,to%20help%20than%20you%20realize

chrome-extension://efaidnbmnnnibpcajpcglclefindmkaj/https://www.rvpaternite.org/
wp-content/uploads/2023/02/SQP2022_Rapport_250822.pdf

www.rvpaternite.org/wp-content/uploads/2019/01/principespourrejoindrelesperes.pdf

Les jeunes adultes : seuls ensembles

Lorsqu’on aborde la solitude des jeunes, il n’est pas rare d’entendre des phrases comme :
« C’est normal qu’ils se sentent seuls, ils passent leur vie sur leur téléphone! »

Ce raisonnement, bien que répandu, suggère que leur solitude résulte principalement d’un choix personnel, d’un manque d’efforts et de volonté pour créer de « vrais » liens. Pourtant, cette lecture, intuitive en apparence, tend à simplifier un phénomène bien plus complexe.

Et si l’on prenait un peu de recul en examinant la solitude comme un reflet d’enjeux plus larges, plutôt qu’un simple problème individuel?

Se sentir seul

La solitude est un sentiment subjectif : « je me sens seul ». Elle se distingue de l’isolement social, qui est l’absence observable et objective de liens sociaux (par exemple : le nombre de relations ou la fréquence des contacts sociaux). Ainsi, une personne peut être entourée, mais tout de même se sentir seule

Il y a aussi une distinction entre la solitude choisie, qui est une brève expérience désirée, bénéfique et ressourçante où une personne se retire volontairement; et la solitude subie qui est une expérience non-volontaire. C’est cette solitude plus souffrante que nous abordons aujourd’hui.

Un enjeu de santé publique

La solitude n’est pas seulement pesante à vivre. Elle entraîne des répercussions sérieuses sur la santé physique et mentale. En effet, elle augmente le risque de dépression, d’anxiété, de maladies cardiaques, et même de mortalité. Les chercheurs estiment que la solitude chronique entraînerait des conséquences aussi importantes sur la santé que de fumer 15 cigarettes par jour.
Face à cet enjeu, le Royaume-Uni a créé un ministère de la Solitude en 2018, suivi par le Japon en 2021. Ces décisions politiques reconnaissent que la solitude n’est pas qu’une affaire du domaine privée : elle prend racine dans le tissu social.

Un phénomène en progression chez les jeunes adultes

Les chercheurs ont constaté que le sentiment de solitude chez les jeunes adultes est en constante augmentation depuis 40 ans. Au Canada, plus d’un jeune adulte sur 10 affirme se sentir toujours ou souvent seuls. C’est d’ailleurs chez les 25-34 ans qu’on observe le plus haut taux de solitude.
Ces statistiques nous invitent à élargir notre regard : la solitude chez les jeunes adultes n’est pas une exception, mais une expérience largement partagée.

Un sentiment qui isole… et culpabilise

Beaucoup de jeunes croient que s’ils se sentent seuls, c’est qu’ils ne font pas assez d’efforts pour socialiser, ou encore qu’ils manquent de compétences sociales. Ces critiques internes sont d’autant plus renforcées avec le discours ambiant culpabilisant, du genre :
« S’ils lâchaient leur téléphone, ils créeraient des liens plus authentiques. »

Or, cette vision peut alimenter le sentiment de ne pas être adéquat, et peut générer de la honte, ce qui en retour, accentue encore plus la solitude.
Alors que des facteurs individuels jouent un rôle, les facteurs sociaux et structurels doivent être considérés, afin d’éviter de surindividualiser un mal collectif.

Pourquoi tant de jeunes se sentent seuls?

La solitude des jeunes est multifactorielle. Plusieurs dynamiques personnelles, sociales et culturelles peuvent y contribuer, dont :

Une perception pessimiste de la bienveillance des autres : Le rapport mondial sur le bonheur soulève que les jeunes perçoivent souvent les autres comme moins bienveillants qu’ils ne le sont en réalité. Les jeunes seraient donc moins enclins à prendre des risques sociaux, nécessaires pour tisser des liens, peur d’être jugé ou rejeté. Il faut donc se questionner : mais qu’est-ce qui alimente cette méfiance sociale?

Une pression sociale et comparaison constante: Nous sommes dans une ère où l’homme n’a jamais été autant exposé à la vie et aux réussites des autres via les réseaux sociaux. En effet, les réseaux sociaux offrent une vitrine sur la vie des autres, souvent embellie et fragmentaire. Cette exposition quotidienne à des images de succès, de bonheur ou de perfection peut amener une personne à sentir qu’elle n’arrive pas à répondre aux attentes implicites véhiculées, que ce soit en lien avec l’apparence, les accomplissements ou les relations. Ceci peut l’amener à sentir qu’un fossé se creuse entre elle et les autres, puisqu’elle perçoit un décalage entre sa vie et celle des autres.

Une perte de repères et de sens : Certains peuvent avoir de la difficulté à donner du sens à leur avenir, à se projeter ou à trouver une place dans un monde qui évolue rapidement (climat, emploi, logement, …).

Des barrières sociales : Les inégalités, la discrimination, le racisme et les stigmatisations renforcent le sentiment de solitude de certains jeunes.

La solitude, sous plusieurs visages

La solitude peut émerger d’un sentiment de se sentir « déconnecté » de notre entourage, de la société, de notre environnement, et de nous-même. Cette expérience de se sentir seul est vécue pour plusieurs comme avoir l’impression de ne pas compter, de ne pas avoir sa place, de ne pas être à sa place, de ne pas se sentir compris, de ne pas se sentir entendu, …

La solitude n’est pas une expérience uniforme. Elle peut prendre plusieurs visages, par exemple :

• Sur le plan relationnel: ne pas avoir de personnes de confiance à qui se confier sans jugement;
• Sur le plan existentiel: se sentir inutile, perdu, sans direction;
• Sur le plan social et politique : se sentir exclu ou incompris autour des enjeux sociaux et politiques (ex. préoccupations sur les enjeux climatiques)

Certains cumulent plusieurs formes de solitude. Une personne peut ainsi ressentir un vide dans ses relations, se sentir isolée dans ses idées ou ses valeurs, vivre une grande insécurité quant à son avenir, et sentir qu’elle n’a personne avec qui en parler. Ce cumul rend l’expérience encore plus lourde à porter.

Et maintenant ? Vers des solutions individuelles et collectives

Lorsqu’on voit la solitude comme un problème individuel, il est logique que les solutions proposées soient uniquement centrées sur l’individu : modifier ses comportements et ses pensées, sortir de sa zone de confort, oser aller vers les autres. Ces conseils peuvent être utiles, mais ne suffisent pas.
Si la solitude est aussi enracinée dans nos environnements sociaux, alors les solutions doivent être à la fois individuelles et collectives. Cela ne veut pas dire d’ignorer les approches individuelles, mais plutôt d’élargir les solutions pour agir efficacement et de façon durable dans le temps.

Quelques pistes d’action collectives:

• Promouvoir une culture de l’écoute, la bienveillance, l’ouverture et le respect des différences, tant dans les familles que les institutions;
• Investir dans des espaces communautaires accessibles, accueillants et sécurisants où les jeunes peuvent se rassembler, partager et créer des liens;
• Valoriser les projets portés par les jeunes;
• Soutenir les initiatives qui favorisent les liens entre voisins, collègues ou citoyens, dans une perspective d’inclusion, de solidarité et de reconnaissance mutuelle.

La solitude des jeunes ne relève pas simplement d’un manque de volonté individuelle ou d’habiletés sociales, comme on le dépeint trop souvent. C’est un phénomène complexe, qui s’enracine plus profondément dans nos dynamiques sociales.
Briser la solitude c’est l’affaire de tous : des individus, des pairs, des familles, des milieux communautaires et des institutions. Notre capacité collective à recréer et valoriser les espaces de liens, de reconnaissance et d’écoute pourrait contribuer à soulager ce « mal du siècle ».

Références

1 Holt-Lunstad, J., Smith, T. B., Baker, M., Harris, T., & Stephenson, D. (2015). Loneliness and social
isolation as risk factors for mortality: a meta-analytic review. Perspectives on psychological
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2 Buecker, S., Mund, M., Chwastek, S., Sostmann, M., & Luhmann, M. (2021). Is loneliness in
emerging adults increasing over time? A preregistered cross-temporal meta-analysis and
systematic review. Psychological Bulletin, 147(8), 787.
3 https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/71-607-x/71-607-x2022007-fra.htm
4 https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/71-607-x/71-607-x2022007-fra.htm
5 Pei, R., & Zaki, J. Connecting with others. World Happiness Report 2025, 123. (p. 153)
6 Fardghassemi, S., & Joffe, H. (2022). The causes of loneliness: The perspective of young
adults in London’s most deprived areas. Plos one, 17(4), e0264638.
7 McKenna-Plumley, P. E., Turner, R. N., Yang, K., & Groarke, J. M. (2023). Experiences of loneliness
across the lifespan: A systematic review and thematic synthesis of qualitative studies. International journal of qualitative studies on health and well-being, 18(1), 2223868.
8 Van de Velde, C. (2025). Sociology of loneliness: An introduction. Acta Sociologica,
00016993251330960

Mes craintes par rapport au déménagement

Lorsque vous lirez ce texte, le déménagement du CAFGRAF dans les locaux de l’ALPABEM sera imminent. Les travaux sont terminés, le sous-sol est complètement transformé et le deuxième étage est construit et peinturé. Le plan de déménagement a été réfléchi, peaufiné, communiqué, et est probablement déjà en marche pour faciliter le plus possible l’étape finale de la mutualisation. Deux organismes, un toit commun, une mission commune : améliorer la qualité de vie des Lavallois souffrant d’un trouble de santé mentale ainsi qu’à celle de leur famille. Cependant, au moment où j’écris ce texte (avril), beaucoup de questions sont encore sans réponses et ça m’inquiète.
Lorsqu’on parle de stress, tout le monde sait ce que c’est, mais les causes sont souvent méconnues. On peut regrouper les causes du stress en 4 grandes catégories qui forment l’acronyme C.I.N.É. :

• Contrôle
• Imprévisibilité
• Nouveauté
• Égo menacé

Tout le monde a une réaction différente au stress et va réagir plus ou moins à chacune des catégories. Une personne peut être très tolérante à la nouveauté par exemple mais très affectée lorsque son égo est menacé, ou vice-versa. À chaque fois que l’on vit un stress, une ou plusieurs catégories sont impliquées. Pour moi, ce déménagement en déclenche 3 : le Contrôle, l’Imprévisibilité et la Nouveauté.

Pourquoi ça m’inquiète

Une échelle d’évaluation de stress a été développée par les chercheurs Holmes et Rahe qui évalue l’impact de plusieurs évènements stressants qu’une personne peut vivre. Cette échelle établit une cote à chaque élément, et plus le chiffre est grand, plus l’impact est grand et le risque d’avoir des problèmes de santé graves reliés au stress dans les deux prochaines années augmente. Plusieurs évènements s’y retrouvent, allant d’une infraction mineure à la loi jusqu’au décès de votre conjoint(e), mais ce qui m’intéresse aujourd’hui sont le déménagement ainsi que des changements majeurs au niveau professionnel. Ils constituent certains des facteurs les plus stressants qu’une personne peut vivre. De plus, ce déménagement vient ajouter plusieurs incertitudes par rapport à la forme que le CAFGRAF aura. Ces facteurs font en sorte que le stress du déménagement prend encore plus d’ampleur pour moi.

Le CAFGRAF auquel je me suis attaché depuis les 2 dernières années se transformera d’une manière ou d’une autre. Je serais naïf de penser que tout sera comme avant. Il y a tellement de variables en jeu et de facteurs à considérer, que je ne peux savoir avec précision ce qui va arriver. En essayant de prévoir l’inconnu, il est facile de se créer des scénarios catastrophiques. Et si les usagers ne suivent pas ? Et si les services ne répondent pas à la demande ? Et si les locaux ne sont pas prêts à temps ? Et si les jeunes ne sont pas intéressés à venir ?
C’est à ce moment que l’anxiété peut apparaître. Laissé à moi-même, ces questions sans réponse continueraient à tourner dans ma tête sans cesse. J’ai un contrôle limité sur la situation : je ne peux pas forcer les usagers à venir au CAFGRAF, je ne peux pas faire avancer les travaux plus rapidement, je ne peux pas faciliter le déménagement tant que ça, etc.

Je fais de mon mieux pour ne pas transmettre cette inquiétude aux autres, autant à l’équipe qu’aux usagers, mais c’est difficile. Le stress a la fâcheuse tendance à être contagieux. Si je partage mes inquiétudes, cela pourrait vous affecter négativement, et vous pourriez en parler à quelqu’un d’autre qui l’affectera négativement et ça ne finira plus. C’est pour cela que je garde mes appréhensions pour moi, mais je ne peux pas rester ainsi sans rien faire, il faut que je trouve une solution pour me rassurer.

Comment je m’en sors

C’est bien beau d’analyser mon stress, il faut quand même que je compose avec. Mais qu’est-ce qui peut m’aider à naviguer dans l’incertitude, la nouveauté et le manque de contrôle ? Pour moi, c’est la confiance.

La confiance envers la direction, qui travaille sans relâche pour minimiser l’impact de ce grand changement tant attendu sur nos services. La confiance envers mon équipe, qui est présente pour me soutenir dans mes difficultés. Et surtout, la confiance envers vous, les usagers.

Durant les 30 dernières années, le CAFGRAF a subi de nombreuses transformations. De plusieurs points de services réduits à un seul, une équipe en constant changement, de nombreux déménagements, d’un horaire en soirée et fin de semaine à strictement la semaine et un seul soir, et j’en passe.

Malgré tous ces changements, vous êtes encore présents, à venir pour les activités, les ateliers et les centres de jour, à vous impliquer à différents niveaux dans notre organisme. Je suis confiant que vous allez donner une chance à ce nouveau chapitre qui s’écrit et même de contribuer à la rédaction de celui-ci.

De votre côté, comment pouvez-vous composer avec ce stress ? Je pense que la réponse est un peu la même : faites-nous confiance. Si vous avez des questions ou des inquiétudes, n’hésitez pas à venir nous voir, il nous fera plaisir de vous écouter. Soyez assuré que nous travaillerons sans relâche pour que le nouveau CAFGRAF soit à la hauteur de vos attentes.
Oui, ce sera différent, mais l’essence du CAFGRAF restera toujours la même. Nous continuerons à vous soutenir dans votre rétablissement et je suis certain que vous trouverez votre place dans ce nouveau CAFGRAF.

Références :
Holmes, T.H. et Robe, R.H. (1993). The social readjustment rating scale. Journal of psychosomatic Research, vol 11, 213-218
Lupien, S. (2010). Par amour du stress, Éditions au Carré, 274 pages.

Cultiver une santé mentale positive : de l’engagement individuel à l’engagement collectif

Lorsqu’on parle de santé, on pense souvent à la santé physique. Pourtant, la santé mentale est tout aussi essentielle à notre bien-être global.

Il n’y a pas si longtemps, la santé mentale était simplement considérée comme l’absence de maladie mentale. Cependant, c’est une vision réductrice et simpliste. Avant d’aller plus loin, prenons le temps de faire la distinction entre deux notions : la présence (ou l’absence) d’un trouble mental ne détermine pas à elle seule l’état de santé mentale d’une personne. En effet, la santé mentale et la maladie mentale sont deux concepts distincts : une personne peut vivre avec un trouble de santé mentale et maintenir une bonne santé mentale en développant des stratégies d’adaptation efficaces et en recevant un soutien approprié. À l’inverse, une personne sans trouble de santé mentale peut vivre une grande détresse psychologique. Il est donc essentiel de promouvoir la santé mentale positive auprès de tous, indépendamment de la présence ou non d’un trouble de santé mentale.

Mais concrètement, qu’est-ce qu’une santé mentale positive et comment pouvons-nous l’encourager au quotidien ?

Comprendre la santé mentale positive

La santé mentale positive est caractérisée par un état de bien-être, qui englobe les différentes sphères de notre vie : émotionnelle, fonctionnelle, sociale et spirituelle. La santé mentale positive nous permet de profiter de la vie et de nous adapter aux défis de la vie avec la résilience nécessaire.

La santé mentale positive peut être comparée avec la santé physique : tout comme un sportif bien entraîné pourra récupérer plus facilement après un effort physique intense, une personne en bonne santé mentale pourra plus aisément mobiliser ses ressources pour s’adapter aux changements et aux épreuves. De la même façon que nous entretenons une bonne santé physique, nous pouvons cultiver une bonne santé mentale au quotidien.

Agir pour une santé mentale positive

Promouvoir la santé mentale positive vise à renforcer les facteurs qui soutiennent notre bien-être mental. En d’autres mots, on met l’accent sur le maintien et le développement des ressources internes et externes qui favorisent notre bien-être. Cette approche se distingue donc de la prévention, qui cherche à réduire les facteurs qui nuisent à la santé mentale. Plusieurs facteurs influencent la santé mentale. Bien que certains facteurs échappent à notre contrôle (ex. l’hérédité,
le contexte économique et social ou les évènements du passé), d’autres facteurs peuvent être renforcés à travers des actions concrètes. Cultiver une santé mentale positive, c’est agir à plusieurs niveaux : individuel, familial, communautaire et sociétal.

Sur le plan individuel

Adopter de saines habitudes de vie. Un sommeil de qualité, une activité physique régulière et une alimentation équilibrée soutiennent la santé mentale, tout comme la santé physique.

Apprendre à gérer son stress et ses émotions. Apprendre à écouter et accueillir ses émotions sont des compétences clés pour gérer ses émotions. Intégrer des moments de détente et des exercices de respiration peuvent être des stratégies efficaces pour une meilleure gestion du stress.

Développer la connaissance de soi. Reconnaître ses forces, ses besoins et ses limites aide à s’adapter aux défis du quotidien et à renforcer l’estime de soi.

Apprendre à demander de l’aide. Rechercher du soutien auprès de son entourage ou de professionnels lorsqu’on en ressent le besoin est essentiel pour préserver son bien-être.

Sur le plan familial et social

La santé mentale positive se construit également à travers nos relations interpersonnelles. S’entourer positivement. Cultiver un réseau de soutien bienveillant avec des personnes qui nous comprennent et nous soutiennent est précieux dans les périodes plus difficiles. Favoriser un climat familial positif. Un environnement familial stable et sécuritaire, et une communication ouverte et bienveillante sont des éléments qui favorisent le bien-être mental de chacun. Accéder aux ressources de soutien. Il est essentiel d’avoir accès à des ressources de soutien en cas de besoin. Que ce soit un soutien obtenu à travers l’entourage ou par des ressources externes, comme le CAFGRAF.

Sur le plan communautaire

L’environnement dans lequel nous évoluons joue aussi un rôle majeur dans notre santé mentale. La communauté, que ce soit à l’école, au travail ou dans notre quartier, influence notre bien-être psychologique.Bien que nous n’ayons pas un contrôle total sur notre environnement, il est possible d’agir pour améliorer nos milieux de vie et ainsi créer des milieux favorables à la santé mentale. Voici quelques pistes d’action possibles :

Favoriser des environnements inclusifs. Un milieu inclusif, où la santé mentale est prise en compte et où chacun se sent accueilli et respecté, permet à la collectivité de s’épanouir. Ceci passe par la sensibilisation et l’éducation des milieux scolaire, de travail et de la communauté. Parler de santé mentale permet d’encourager un climat positif bienveillant, ainsi que de réduire la stigmatisation et d’améliorer le bien-être collectif.

S’engager socialement. De même, l’engagement social, comme s’impliquer dans des initiatives communautaires, participer à des projets collectifs ou améliorer les espaces
communs renforce la santé mentale positive individuelle et collective.

Sur le plan sociétal

Finalement, à une échelle encore plus large, les réalités sociétales influencent profondément la santé mentale. Les inégalités, la stigmatisation et la discrimination sont des freins à une bonne santé mentale. Par exemple, la peur du jugement peut empêcher certaines personnes de chercher l’aide dont elles ont besoin, aggravant ainsi leur détresse. Il est donc essentiel de promouvoir des initiatives qui favorisent une société plus équitable et inclusive pour que chacun puisse s’épanouir pleinement.

Conclusion

En bref, il est possible d’agir pour renforcer notre santé mentale positive, que ce soit sur le plan individuel, familial, social
ou communautaire. En agissant individuellement et collectivement, nous pouvons créer un environnement propice
au bien-être mental de chacun.

Références

https://casecultive.ca/la-sant%C3%A9-mentale-positive-cest-quoi

Mais que se passe-t-il avec la masculinité?

Dans les dernières années, nous avons beaucoup entendu parler d’une « crise de la masculinité », soit le fait que les hommes ont perdu leurs repères et qu’il est de plus en plus difficile pour eux d’exprimer leur masculinité en société. Effectivement, les hommes sont confrontés à plusieurs changements de société; d’un côté, des traits comme l’agressivité, la compétition et la domination ont été valorisés chez eux par le passé, alors que maintenant, ces caractéristiques sont de plus en plus réprimandées. D’un autre côté, des traits comme l’empathie, la bienveillance et l’expression de sa tristesse, qui ont été dévalorisés chez les hommes, puisqu’ils sont vus comme « féminins » sont maintenant encouragés. Cet article vise donc à définir la transformation de la masculinité et ses impacts.

Un modèle de masculinité qui persiste

Aujourd’hui, il peut être déstabilisant pour les hommes d’être confrontés à des changements dans la perspective de la masculinité, qui persiste depuis l’Antiquité. En effet, l’homme de la Grèce antique d’il y a plus de 3000 ans ressentait cette même pression moderne d’être suffisamment masculin; les héros grecs étaient dépeints comme très masculins, musclés et dominants. Il est vrai que l’importance de la domination et de la force mâles a fluctué au cours des époques, mais elle a tout de même perduré jusqu’à aujourd’hui. Par contre, elle est de plus en plus dénoncée et remise en question, ce qui fait que plusieurs se sentent confus et résistants face à la voir changer.

La masculinité toxique; de quoi parle-t-on?

Cette masculinité traditionnelle, où les hommes doivent être dominants et agressifs est de plus en plus dénoncée et qualifiée de « toxique ». L’expression « masculinité toxique » peut sembler blessante, mais elle illustre le fait qu’une masculinité autoritaire qui interdit l’expression de ses émotions est une infection. Cette « infection » se transmettrait de père en fils, où un père détaché, autoritaire et colérique construirait des fils qui vont agir de la même manière une fois adultes à l’endroit de leurs propres fils, qui vont eux aussi agir ainsi devant leurs fils,etc, ce qui crée un cycle d’hommes « toxiques » à travers les générations. Il est important de souligner que les hommes plus agressifs et dominants dans leurs relations auraient manqué d’un modèle masculin doux, tendre et à l’écoute dans leur enfance. Ainsi, l’absence d’un père, qu’elle soit physique ou émotionnelle, contribuerait à la construction d’hommes distants, colériques et détachés de leurs émotions. Nous pouvons donc comprendre pourquoi ce modèle parental est de plus en plus dénoncé.

Comment la masculinité affecte-t-elle l’expression des émotions?

Tel que mentionné plus haut, le fait d’exprimer ses émotions est perçu comme un trait féminin. La masculinité implique un rejet de tout ce qui est typiquement féminin, ce qui fait que de nombreux hommes ne se permettent pas de vivre leurs émotions autres que la colère, qui est perçue comme masculine. De cette manière, il est attendu que les hommes ne s’ouvrent pas aux autres
à propos des problèmes auxquels ils font face ; c’est ce qui se nomme l’évitement de l’intimité affective. Ceci est explicable par l’existence du stéréotype de l’homme fort et indépendant, qui n’a pas besoin des autres et qui peut tout surmonter par lui-même. Ces attentes à l’endroit des hommes ont plusieurs conséquences sur leur bien-être. Effectivement, l’évitement de l’intimité affective peut réduire la solidité des relations interpersonnelles, soit avec les amis, la famille et les partenaires amoureux·euses.

Les conséquences chez les hommes

Cette inhibition à s’ouvrir aux autres a également des impacts sur la demande d’aide psychologique des hommes. Effectivement, il est rapporté que les hommes ont moins souvent recours à des services d’aide en santé mentale que les femmes. Cela est explicable par le fait que demander de l’aide est perçu comme féminin, puisqu’en suivi thérapeutique, il est demandé d’exprimer ses
émotions et de faire preuve de vulnérabilité, des traits typiquement non-masculins. Le fait que certains hommes ont tendance à éviter l’intimité émotionnelle dans leurs relations affecte également la relation avec les intervenant·e·s, avec qui les hommes ont moins tendance à se confier sur leurs difficultés. De cette manière, le fait de ne pas s’ouvrir aux autres et de garder ses émotions pour soi est associé à de la détresse psychologique. La masculinité toxique a également d’autres conséquences sur le vécu des hommes. En effet, les hommes ont moins tendance à dénoncer les situations de violence conjugale et à se reconnaître victimes de celle-ci. Aussi les hommes ont trois fois plus recours au suicide que les femmes vu leur tendance à intérioriser les difficultés qu’ils vivent sans solliciter de l’aide.

Conclusion

À la lumière de cet article, j’espère avoir pu éclairer la remise en question du modèle masculin « traditionnel » et ses impacts sur le bien-être et la santé mentale des hommes aujourd’hui. Il est important de garder en tête que plusieurs hommes peuvent se retrouver confus, dépourvus ou frustrés face aux transformations sociétales qui s’opèrent.

Références

Blais, M., et Dupuis-Déri, F. (2011). Masculinism and the Antifeminist Countermovement. Social Movement Studies, 11(1), 21–39. https://doi-org. proxy.bibliotheques.uqam.ca/10.1080/14742837.2012.640532

Fischer, A. R., et Good, G. E. (1997). Men and psychotherapy: An investigation of alexithymia, intimacy, and masculine gender roles. Psychotherapy: Theory, Research, Practice, Training, 34(2), 160–170.

https://doi-org.proxy.bibliotheques.uqam.ca/10.1037/h0087646 Harrington, C. (2021). What is “Toxic Masculinity” and Why Does it Matter?

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Sullivan, L., Camic, P. M. et Brown, J. S. L. (2014). Masculinity, alexithymia,
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https://doi-org.proxy.bibliotheques.uqam.ca/10.1111/bjhp.12089