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septembre, 2025

Mes craintes par rapport au déménagement

Rédigé par : 

Vincent Savard

Lorsque vous lirez ce texte, le déménagement du CAFGRAF dans les locaux de l’ALPABEM sera imminent. Les travaux sont terminés, le sous-sol est complètement transformé et le deuxième étage est construit et peinturé. Le plan de déménagement a été réfléchi, peaufiné, communiqué, et est probablement déjà en marche pour faciliter le plus possible l’étape finale de la mutualisation. Deux organismes, un toit commun, une mission commune : améliorer la qualité de vie des Lavallois souffrant d’un trouble de santé mentale ainsi qu’à celle de leur famille. Cependant, au moment où j’écris ce texte (avril), beaucoup de questions sont encore sans réponses et ça m’inquiète.
Lorsqu’on parle de stress, tout le monde sait ce que c’est, mais les causes sont souvent méconnues. On peut regrouper les causes du stress en 4 grandes catégories qui forment l’acronyme C.I.N.É. :

• Contrôle
• Imprévisibilité
• Nouveauté
• Égo menacé

Tout le monde a une réaction différente au stress et va réagir plus ou moins à chacune des catégories. Une personne peut être très tolérante à la nouveauté par exemple mais très affectée lorsque son égo est menacé, ou vice-versa. À chaque fois que l’on vit un stress, une ou plusieurs catégories sont impliquées. Pour moi, ce déménagement en déclenche 3 : le Contrôle, l’Imprévisibilité et la Nouveauté.

Pourquoi ça m’inquiète

Une échelle d’évaluation de stress a été développée par les chercheurs Holmes et Rahe qui évalue l’impact de plusieurs évènements stressants qu’une personne peut vivre. Cette échelle établit une cote à chaque élément, et plus le chiffre est grand, plus l’impact est grand et le risque d’avoir des problèmes de santé graves reliés au stress dans les deux prochaines années augmente. Plusieurs évènements s’y retrouvent, allant d’une infraction mineure à la loi jusqu’au décès de votre conjoint(e), mais ce qui m’intéresse aujourd’hui sont le déménagement ainsi que des changements majeurs au niveau professionnel. Ils constituent certains des facteurs les plus stressants qu’une personne peut vivre. De plus, ce déménagement vient ajouter plusieurs incertitudes par rapport à la forme que le CAFGRAF aura. Ces facteurs font en sorte que le stress du déménagement prend encore plus d’ampleur pour moi.

Le CAFGRAF auquel je me suis attaché depuis les 2 dernières années se transformera d’une manière ou d’une autre. Je serais naïf de penser que tout sera comme avant. Il y a tellement de variables en jeu et de facteurs à considérer, que je ne peux savoir avec précision ce qui va arriver. En essayant de prévoir l’inconnu, il est facile de se créer des scénarios catastrophiques. Et si les usagers ne suivent pas ? Et si les services ne répondent pas à la demande ? Et si les locaux ne sont pas prêts à temps ? Et si les jeunes ne sont pas intéressés à venir ?
C’est à ce moment que l’anxiété peut apparaître. Laissé à moi-même, ces questions sans réponse continueraient à tourner dans ma tête sans cesse. J’ai un contrôle limité sur la situation : je ne peux pas forcer les usagers à venir au CAFGRAF, je ne peux pas faire avancer les travaux plus rapidement, je ne peux pas faciliter le déménagement tant que ça, etc.

Je fais de mon mieux pour ne pas transmettre cette inquiétude aux autres, autant à l’équipe qu’aux usagers, mais c’est difficile. Le stress a la fâcheuse tendance à être contagieux. Si je partage mes inquiétudes, cela pourrait vous affecter négativement, et vous pourriez en parler à quelqu’un d’autre qui l’affectera négativement et ça ne finira plus. C’est pour cela que je garde mes appréhensions pour moi, mais je ne peux pas rester ainsi sans rien faire, il faut que je trouve une solution pour me rassurer.

Comment je m’en sors

C’est bien beau d’analyser mon stress, il faut quand même que je compose avec. Mais qu’est-ce qui peut m’aider à naviguer dans l’incertitude, la nouveauté et le manque de contrôle ? Pour moi, c’est la confiance.

La confiance envers la direction, qui travaille sans relâche pour minimiser l’impact de ce grand changement tant attendu sur nos services. La confiance envers mon équipe, qui est présente pour me soutenir dans mes difficultés. Et surtout, la confiance envers vous, les usagers.

Durant les 30 dernières années, le CAFGRAF a subi de nombreuses transformations. De plusieurs points de services réduits à un seul, une équipe en constant changement, de nombreux déménagements, d’un horaire en soirée et fin de semaine à strictement la semaine et un seul soir, et j’en passe.

Malgré tous ces changements, vous êtes encore présents, à venir pour les activités, les ateliers et les centres de jour, à vous impliquer à différents niveaux dans notre organisme. Je suis confiant que vous allez donner une chance à ce nouveau chapitre qui s’écrit et même de contribuer à la rédaction de celui-ci.

De votre côté, comment pouvez-vous composer avec ce stress ? Je pense que la réponse est un peu la même : faites-nous confiance. Si vous avez des questions ou des inquiétudes, n’hésitez pas à venir nous voir, il nous fera plaisir de vous écouter. Soyez assuré que nous travaillerons sans relâche pour que le nouveau CAFGRAF soit à la hauteur de vos attentes.
Oui, ce sera différent, mais l’essence du CAFGRAF restera toujours la même. Nous continuerons à vous soutenir dans votre rétablissement et je suis certain que vous trouverez votre place dans ce nouveau CAFGRAF.

Références :
Holmes, T.H. et Robe, R.H. (1993). The social readjustment rating scale. Journal of psychosomatic Research, vol 11, 213-218
Lupien, S. (2010). Par amour du stress, Éditions au Carré, 274 pages.

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