Au cours de ma carrière comme intervenant, j’ai eu la chance d’intervenir longtemps auprès d’hommes et plus récemment auprès des pères. C’est une clientèle fascinante avec laquelle il est facile de travailler, mais qui peut être plus ardue à solliciter pour différentes raisons. En effet, les données démontrent que les pères sont moins présents dans les services que les mères. Il s’agit d’un constat qui est dommage, mais tout de même bien présent.
Qu’est-ce qui fait que les pères utilisent moins les services en relation d’aide ?
C’est une situation que j’ai constatée. Les hommes semblent être moins présents que les femmes dans les services en relation d’aide. Sans affirmer que ma constatation est d’une vérité
immuable, de ma modeste expérience, c’est ce que j’ai pu observer. Il peut y avoir des explications pour cette observation. Lorsque l’on prend le temps de réfléchir aux stéréotypes de la consultation, l’une des images que l’on se fait est d’être assis dans un bureau où la lumière est tamisée et où le résultat concret des rencontres demeure flou et abstrait. Ce modèle, bien que caricatural, contient tout de même des vérités et c’est peut-être ce qui rejoindrait moins les hommes et les pères. Étant en constante mouvance, un parent doit être volatil et disponible aux aléas des responsabilités familiales.
De plus, ma modeste expérience en intervention auprès des pères m’a indiqué que les pères auront moins tendance à demander de l’aide, car ils prioriseront le confort de leur famille en premier lieu, leur bien-être sera alors secondaire et même tertiaire. Ayant rencontré plusieurs pères qui étaient en détresse, ils cherchaient pour la plupart à alléger le fardeau des difficultés pour leur famille et peu d’entre eux pensaient à améliorer leur propre situation. En effet, certains d’entre eux ont la croyance que de demander de l’aide est synonyme de faiblesse, ce qui est bien entendu faux. Il est important de se ressourcer afin de prendre soin de nos proches.
Comment rejoindre les hommes/pères ?
Étant sous-représentés dans les services, plusieurs auteurs se sont penchés sur comment mieux rejoindre les pères. Plusieurs pistes d’actions ont été mises de l’avant. Une des façons de leur favoriser l’accès aux services a été d’adapter les heures d’ouverture en fonction de leur horaire.
En effet, offrir des services hors des heures de bureau, soit le soir ou la fin de semaine peut aider à ce qu’ils utilisent les services.
Tout ce qui favorise une approche informelle est habituellement gagnant. Ceci inclut d’être en mesure de leur offrir des services rapides et accessibles, soit directement lors de la demande d’aide. Leurs demandes d’aide peuvent être volatiles ou fugaces, et prendre la balle au bond est important afin de saisir l’opportunité lorsqu’elle se présente. Donc, avoir quelqu’un étant dédié à répondre à leur demande d’aide si jamais ils se présentent sans rendez-vous, peut être favorable. La mise en action est aussi un élément qui facilite l’accès aux services. En effet, de leur permettre de bouger avec leurs enfants est accrocheur pour eux. Planifier des activités sportives ou même des barbecues peut être un élément favorisant leur participation. De plus, c’est dans ces moments où il est facile d’entrer en contact avec eux.
Comment les maintenir dans les services
Une bonne méthode afin d’assurer leur rétention dans les services peut être de créer une alliance avec eux. La création et le maintien de cette alliance peuvent justement se faire de manière informelle, à travers des activités partagées en dehors du cadre formel du bureau, où l’objectif unique serait de parler des difficultés. Lorsque le contact est créé et qu’ils se sentent à l’aise, il arrive souvent que ce soit eux qui s’ouvrent et abordent des sujets difficiles. Il est facile d’avoir le préjugé que les hommes et les pères ne se confient pas et ne s’ouvrent pas sur leurs difficultés. C’est tout le contraire lorsqu’ils se sentent en confiance, ils démontrent une grande perméabilité à l’intervention et les discussions sont profondes, riches et intarissables. C’est à ce moment que l’on peut comprendre l’importance que revêt la paternité à leurs yeux. Donc, leur offrir ce lieu où ils peuvent être eux-mêmes sans avoir le poids des attentes invraisemblables de pères, où il leur est possible de briser les préjugés et d’avoir droit à l’imperfection, leur permet d’entrer en contact avec eux-mêmes et avec d’autres pères vivant des difficultés semblables.
En conclusion, les raisons expliquant la dichotomie de la représentation des mères et des pères dans les services sont aussi diversifiées que complexes. Cependant, le poids du passé demeure présent et une des principales explications est que les hommes ne veulent pas être un fardeau et maintiennent la perception que demander de l’aide est un signe de faiblesse. Ceci est bien entendu une fausse croyance et, au contraire, il faut beaucoup de courage pour demander de l’aide !
Références :
https://isaiahcounselingandwellness.com/mens-mental-health-why-is-it-hard-for-mento-ask-for-help/#:~:text=One%20of%20the%20greatest%20reasons,to%20help%20than%20you%20realize
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