Un appartement à mon image

« Montre-moi ta maison, je te dirai qui tu es »

Depuis longtemps, notre habitation est un reflet de notre rang social. Les plus riches vivent dans des châteaux et le reste de la population, dans des logis plus modestes. D’un simple coup d’œil, nous pouvons évaluer la richesse des gens selon l’apparence de leur maison. Aujourd’hui, notre logis satisfait aussi d’autres fonctions. Il devient un lieu d’expression individuelle, d’unité familiale et de créativité. Il est aussi un lieu d’intimité où nous contrôlons l’identité de toute personne qui voudrait y entrer. Il s’agit donc à la fois d’un lieu d’exposition très révélateur de notre identité, mais aussi d’un endroit privé et intime.

La psychologie de l’habitat

Depuis quelques années, nous assistons à la montée en popularité d’une nouvelle science : la psychologie de l’habitat. Qu’est-ce que ça mange en hiver? Pour décrire cette approche, nous pouvons simplement dire qu’elle permet d’améliorer notre qualité de vie en modifiant des aspects de notre appartement. Pourquoi? Parce que ça permet d’améliorer notre sentiment de bien-être. Comment? En se réappropriant notre milieu de vie, en le façonnant à notre image afin de s’y sentir mieux. Vous connaissez l’adage « un esprit sain dans un corps sain »? La psychologie de l’habitat nous proposerait de le transformer pour qu’il devienne « un esprit sain, dans un corps sain, dans un logement sain ». C’est évident! Qui prétend être à son meilleur dans un appartement délabré et insalubre? Personne. 

Voici les trois grandes fonctions d’un milieu de vie selon la psychologie de l’habitat. Il s’agit d’un lieu d’intimité, de repères et de stabilité. Voici une courte description de ces trois fonctions et quelques exemples de la manière dont elles prennent vie dans notre quotidien.

Notre logis, un lieu d’intimité

Premièrement, notre milieu de vie nous offre un environnement d’intimité, où l’on peut se retrouver en privé. Besoin de pleurer seul? De vous reposer à l’abri des dérangements? Votre demeure est le meilleur endroit pour vous recentrer sur vous. De plus, vous remarquerez que tous les appartements viennent avec une clé et une serrure.  Pour se sentir bien, il faut se sentir en sécurité : notre chez-nous est le mur qui nous protège des agressions extérieures. 

Il est possible de comprendre bien des choses en prenant le temps d’observer l’appartement d’un ami. C’est le désordre et ça frise le chaos? Comme dirait Eiguer, « La maison est un reflet de notre âme, et à ce titre, nos difficultés, nos troubles non résolus, nos secrets de famille sont projetés sur l’habitat… ». Comme nous venons de le voir, notre vécu et notre personnalité influencent notre habitat. L’inverse est aussi vrai : les événements qui touchent notre logis nous affectent tout autant. Pensez-y : votre ami vomit sur votre nouveau divan et s’en va sans ramasser. Oserez-vous dire que ça ne vous dérange absolument pas? Notre logis est en quelque sorte une deuxième peau. Comme un escargot qui traîne sa coquille, nous sommes intimement liés à notre habitat.

Notre appartement, un point de repère

Deuxièmement, notre appartement nous sert de point de repère. Il est un lieu de sécurité, d’expression de vos valeurs, de vos rêves, et aussi de votre souffrance. Vous avez affiché votre diplôme sur le mur, bien à la vue de tous? Vous avez un grand cadre d’un bord de mer des îles tropicales? C’est normal, car nous aimons nous reconnaître dans notre chez-nous. C’est aussi le lieu d’expression de notre souffrance ou de nos blessures. Vous pouvez parier qu’un ami qui s’endort sur ses mégots de cigarette n’est pas dans ses moments les plus heureux. Il n’a plus de repères dans sa vie et son appartement est à son image.

Notre chez-nous, un lieu de stabilité

Rares sont les gens qui souhaitent déménager trois fois par année. Alors pourquoi voit-on tant de gens déménager régulièrement? Voici une explication au manque de stabilité. Parkinson, Nelson et Horgan (1999) expliquent l’importance d’avoir un appartement bien entretenu: « …un logement médiocre est associé à une pauvre qualité de vie, une insatisfaction qui a des effets négatifs et favorise l’apparition de comportements inadéquats. ». Ils ajoutent que la qualité du logement est liée à la stabilité : un appartement de mauvaise qualité limite l’accès à une vie gratifiante et à des contacts sociaux qui permettent d’améliorer notre mieux-être. Vous comprendrez donc qu’il est bien difficile de garder ses amis, ses intervenants, ses ressources alimentaires et autres si l’on change de région tous les ans.

La santé mentale dans tout ça?

Les gens qui souffrent d’un trouble de santé mentale ont plusieurs contraintes qui réduisent leur accès à des appartements confortables. Il y a les appartements supervisés, qui ne laissent pas toujours la possibilité de les décorer à notre image. Il y a les salaires, qui permettent seulement d’espérer les logements dont personne d’autre ne voudrait. Quand on demande à des gens souffrant de trouble de santé mentale ce qu’ils souhaitent d’un appartement, ils répondent « avoir le choix, l’intimité, l’autonomie et le contrôle. »

Vous souhaitez démarrer une démarche d’amélioration de votre milieu de vie? Venez consulter les intervenants du CAFGRAF! Nous avons une art-thérapeute qui vous conseillera sur les manières de le rendre plus joli. Nous avons une ergothérapeute qui vous aidera à le rendre plus fonctionnel. Finalement, vous avez sûrement des amis qui seraient prêts à vous donner un petit coup de main pour faire avancer vos projets!

Venez nous voir, la vie est plus facile quand on est bien entourés!

[1] Alberto Eiguer, (2004) « L’inconscient de la maison », DUNOD
[1] Idem
[1] AGNERAY, F., Tisseron, C., Mille, M., Wawrzyniak, S. & S. SCHAUER (2015). « L’habitat et ses liens avec le psychisme : aspects psychopathologiques et cliniques de l’attachement à l’habitat », L’Évolution Psychiatrique, vol. 80, Issue 3, Pp. 489-499
[1] PARKINSON, S., NELSON, G. et S. HORGAN (1999). «From Housing to Homes: A Review of the Literature on Housing Approaches for Psychiatric Consumer/Survivors», Canadian Journal of Community Mental Health, vol. 18, no 1, 145 -164.
[1] SYLVESTRE, J., TRAINOR, J., HOPKINS, M., ANUCHA, U., ILVES, P. & N. Ramsudar (2001). “À propos de la stabilité du logement chez des personnes aux prises avec des troubles mentaux graves ». Nouvelles pratiques sociales, vol.14, n2, p.59-74.
[1] CARLING, P.J. et B.H. TANZMAN (1996). «Consumers’ Preferences for Housing and Supports», dans HUTCHINGS, G.P., EMERY, B.D. et L.P. ARONSON (sous la direction de), Housing for Persons with Psychiatric Disabilities: Best Practices for a Changing Environment. Technical Assistance Tool Kit, Alexandria, VA, National Technical Assistance Center for State Mental Health Planning, 53-59.

Mes droits de locataire

Avoir un logement est un droit fondamental protégé par la Charte des droits et libertés de la personne. Beaucoup de locataires pensent être à la merci de leur propriétaire. Ils ont la croyance que le propriétaire pourrait, d’un seul geste, augmenter le prix des loyers pour s’enrichir, évincer un locataire s’il le désire ou complètement ignorer d’effectuer des travaux sur une propriété insalubre et le tout, sans conséquence. Bien peu de locataires osent contester une décision pourtant injuste du propriétaire de peur de subir des représailles de ce dernier. En vérité, le locataire a beaucoup plus de droits que vous pouvez croire.

Refuser une augmentation de loyer

Lorsque vient le temps de renouveler le bail, le propriétaire va généralement augmenter le prix du loyer, avec la hausse des coûts de rénovations des logements, les salaires de personnel, les taxes municipales, les assurances, etc. Le Tribunal Administratif du Logement (TAL) suggère aux propriétaires pour l’année 2024 une augmentation de 4% du prix des loyers, alors qu’en 2023 l’augmentation était suggérée à 3,5%. Malgré tout, les propriétaires sont libres de fixer leurs prix comme bon leur semble. Le TAL n’a pas l’autorité d’obliger les propriétaires à suivre leurs recommandations. Cela dit, le locataire a quand même des droits pour contester les augmentations abusives. Lorsque vous recevez la lettre mentionnant le montant du loyer pour l’année à venir, vous avez un mois de délai pour faire parvenir à votre propriétaire une lettre déclarant votre décision : accepter l’augmentation, refuser et rester dans le logement ou déménager à la fin du bail. Si vous refusez et restez dans le logement, le propriétaire n’aura pas le choix que de négocier avec vous pour trouver une entente ou de faire une demande au TAL pour qu’il se prononce sur l’augmentation proposée. EN AUCUN CAS le propriétaire ne peut vous évincer du logement à cause d’un refus, c’est un droit qui est protégé par la Loi.

Dans le cas où le propriétaire négocie avec vous, il peut décider de modifier les conditions du bail pour trouver un terrain d’entente, par exemple d’enlever l’internet inclus, l’électricité, etc. À chaque proposition, vous avez toujours l’option d’accepter les changements ou de refuser et de rester dans le logement. Le propriétaire aura un mois pour soumettre une nouvelle proposition. Si, après un mois, vous n’avez eu aucune réponse, les modifications proposées sont nulles et le bail revient aux mêmes conditions que présentement.

Pratique à savoir en tant que nouveau locataire

Vous avez sûrement déjà entendu dire que lorsqu’un logement se libère, le propriétaire va en profiter pour monter drastiquement le prix du loyer. Si vous êtes un nouveau locataire, vous devriez voir dans la section G du bail « Avis au nouveau locataire » le montant que payait le locataire précédant. Il n’est pas rare que le propriétaire ne remplisse pas cette section ou même inscrit un montant mensonger. Si vous pouvez être en contact avec l’ancien locataire, il est recommandé d’essayer d’obtenir une copie de son bail pour voir le prix le plus bas payé des derniers 12 mois pour évaluer si le nouveau prix proposé est raisonnable ou si le propriétaire en a profité pour faire une hausse abusive. Le TAL donne jusqu’à deux mois après le début du bail pour faire une révision du loyer.

Une autre pratique courante lors de la signature du bail est que le propriétaire demande un dépôt de garantie, soit pour assurer le retour des clés, couvrir les dommages ou un mois de loyer non payé, etc. Or, il est illégal pour un propriétaire d’exiger un dépôt de garantie ou un avancement de plus d’un mois de loyer. Il peut toutefois l’offrir comme option pour avoir une certaine sécurité financière. Le dépôt serait donc légal car le locataire peut choisir librement d’y adhérer ou non. Les autres options proposées sont d’avoir un colocataire qui assurera de payer la totalité du loyer au besoin ou d’avoir un co-signataire qui pourra cautionner le bail. 

Quoi faire avec tout ça?

Il n’est pas facile de naviguer dans le labyrinthe juridique avec les nombreuses lois et exceptions qu’il peut avoir. C’est pourquoi, en cas de problème avec votre propriétaire ou même avec un autre locataire, plusieurs organismes existent pour vous aider lorsque vous êtes incertains de la marche à suivre. L’En-Droit de Laval se spécialise dans la protection et la défense des droits des personnes avec un problème de santé mentale. Vous pouvez aussi consulter le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) pour tout problème juridique concernant le logement. 

Même si l’on pense que le propriétaire a le contrôle absolu de son logement, il est important de se rappeler que vous avez aussi des droits fondamentaux qui doivent être respectés et que vous n’êtes pas impuissants devant lui. N’hésitez pas à chercher quels sont vos droits et à les faire respecter, votre sécurité et votre bien-être passe par-dessus tout le reste. 

Références

  1. Lapierre, Geneviève « Droits des locataires 101», RCLALQ, 2019 https://rclalq.qc.ca/wp-content/uploads/2019/07/droit-des-locataires-101.pdf
  2. Tribunal Administratif du Logement. (2023) Modification d’une condition du bail https://www.tal.gouv.qc.ca/fr/reconduction-du-bail-et-fixation-de-loyer/modification-d-une-condition-du-bail