Le stress : un faux ennemi ?

En général, le stress est bien mal-aimé. Revisitons le stress pour voir qu’il n’est pas que mauvais! En effet, le stress est une réponse normale, et parfois même désirable, qui peut nous aider à naviguer certains défis de la vie. Comprendre les nuances du stress peut nous aider à le gérer plus efficacement.

Qu’est-ce que le stress?

À la base, le stress est une réaction de notre corps face à une menace. C’est grâce au stress que nous adoptons des comportements qui peuvent être utiles à notre survie, notre performance et permettre de nous dépasser et de nous adapter. Par exemple, le stress ressenti avant une compétition de sport ou encore une présentation orale augmente notre énergie, notre attention et notre motivation. Ainsi, le stress peut contribuer à améliorer la performance. Bien que le stress à dose modérée puisse être bénéfique, il n’y a aucun doute que le stress prolongé, répétitif ou excessif est problématique. Dans ce cas, le stress peut avoir des effets néfastes sur la santé physique et psychologique.

Qu’est-ce qui nous stress? Stresseurs absolus et relatifs

Il existe deux types de stresseurs : les stresseurs absolus et les stresseurs relatifs. Cependant, le corps ne fait aucune distinction entre ces types de stress : il réagit de la même manière aux stresseurs absolus et relatifs. Un stresseur absolu représente un danger réel et imminent pour notre vie. Les stresseurs absolus provoquent du stress chez tous les individus qui y font face. Se faire pourchasser par un ours agressif et affamé serait un exemple de stress absolu. En réalité, les stresseurs absolus sont plutôt rares de nos jours.

D’un autre côté, les stresseurs relatifs sont des situations qui ne menacent pas notre survie, et qui peuvent tout de même générer du stress. Par exemple, déménager, une dépense imprévue, les bouchons de circulation, parler devant des personnes … En fait, les stresseurs relatifs résultent de notre interprétation d’une situation : ils sont donc propres à chacun. Une personne peut percevoir une situation comme stressante, alors qu’une autre n’aura pas la même lecture de la situation. Tout est donc une question de perception.

Les ingrédients du stress : C.I.N.É

De nos jours, la plupart des stresseurs que nous vivons sont relatifs (notre vie n’est pas réellement menacée). Même si les stresseurs relatifs peuvent être interprétés différemment par chacun, il existe une recette commune du stress : C.I.N.É. Cette recette contient quatre ingrédients : un sentiment de Contrôle faible, l’Imprévisibilité, la Nouveauté et une menace à l’Égo. Il ne suffit que d’un ingrédient pour qu’une situation nous fasse ressentir du stress. Plus il y a d’ingrédients présents dans une situation, plus nous sommes susceptibles de ressentir du stress.

Redéfinir sa relation avec le stress

Comment nous voyons le stress peut également entraîner des répercussions. Avoir l’idée que le stress peut être un allié dans nos performances pourrait nous aider à mieux performer que lorsqu’on perçoit le stress comme étant uniquement néfaste. Il est donc important de se rappeler que vivre du stress est normal. Après tout, le cerveau est une machine à détecter des menaces, réelles ou perçues, pour nous sauver la vie. Développer une perception balancée du stress (il n’est pas que néfaste et il n’est pas que bon) pourrait donc nous aider à l’apprivoiser. Une autre façon d’apprivoiser son stress pourrait passer par l’écoute et la compréhension de notre stress.

Être à l’écoute de son stress

Lorsqu’on remarque des signes de stress, on peut prendre un moment pour se demander : quelle est la situation à l’origine de mon stress? Ensuite, on peut prendre le temps de déconstruire la situation stressante avec les ingrédients C.I.N.É. Ceci nous aidera à mieux comprendre à quelle situation/ingrédient nous sommes plus sensibles.

Voici des exemples de questions à se poser :

Contrôle faible : Est-ce que j’ai l’impression d’avoir peu ou pas de contrôle sur la situation ?
Imprévisibilité : Est-ce qu’il s’est produit quelque chose d’inattendu? Est-ce que je sens que la suite des choses est incertaine/inconnue?
Nouveauté : Est-ce que je suis dans une situation nouvelle, dans laquelle je n’ai jamais été?
Égo : Est-ce que je sens que mes capacités et mon égo sont en jeu ou remis en question?

D’ailleurs, si vous êtes intéressés à en apprendre plus sur quel ingrédient du stress vous affecte le plus, je vous invite à répondre à un questionnaire développé par le centre de recherche sur le stress humain : https://www.stresshumain.ca/le-stress/questionnaire-cine-2020/

En bref, le stress est une réponse naturelle et adaptative qui nous prépare à gérer une menace. La plupart des situations qui provoquent du stress sont propres à chacun, mais ils ont des ingrédients communs. Développer une perception plus nuancée du stress peut nous aider à apprivoiser le stress comme une ami plutôt qu’un ennemi.

Un appartement à mon image

« Montre-moi ta maison, je te dirai qui tu es »

Depuis longtemps, notre habitation est un reflet de notre rang social. Les plus riches vivent dans des châteaux et le reste de la population, dans des logis plus modestes. D’un simple coup d’œil, nous pouvons évaluer la richesse des gens selon l’apparence de leur maison. Aujourd’hui, notre logis satisfait aussi d’autres fonctions. Il devient un lieu d’expression individuelle, d’unité familiale et de créativité. Il est aussi un lieu d’intimité où nous contrôlons l’identité de toute personne qui voudrait y entrer. Il s’agit donc à la fois d’un lieu d’exposition très révélateur de notre identité, mais aussi d’un endroit privé et intime.

La psychologie de l’habitat

Depuis quelques années, nous assistons à la montée en popularité d’une nouvelle science : la psychologie de l’habitat. Qu’est-ce que ça mange en hiver? Pour décrire cette approche, nous pouvons simplement dire qu’elle permet d’améliorer notre qualité de vie en modifiant des aspects de notre appartement. Pourquoi? Parce que ça permet d’améliorer notre sentiment de bien-être. Comment? En se réappropriant notre milieu de vie, en le façonnant à notre image afin de s’y sentir mieux. Vous connaissez l’adage « un esprit sain dans un corps sain »? La psychologie de l’habitat nous proposerait de le transformer pour qu’il devienne « un esprit sain, dans un corps sain, dans un logement sain ». C’est évident! Qui prétend être à son meilleur dans un appartement délabré et insalubre? Personne. 

Voici les trois grandes fonctions d’un milieu de vie selon la psychologie de l’habitat. Il s’agit d’un lieu d’intimité, de repères et de stabilité. Voici une courte description de ces trois fonctions et quelques exemples de la manière dont elles prennent vie dans notre quotidien.

Notre logis, un lieu d’intimité

Premièrement, notre milieu de vie nous offre un environnement d’intimité, où l’on peut se retrouver en privé. Besoin de pleurer seul? De vous reposer à l’abri des dérangements? Votre demeure est le meilleur endroit pour vous recentrer sur vous. De plus, vous remarquerez que tous les appartements viennent avec une clé et une serrure.  Pour se sentir bien, il faut se sentir en sécurité : notre chez-nous est le mur qui nous protège des agressions extérieures. 

Il est possible de comprendre bien des choses en prenant le temps d’observer l’appartement d’un ami. C’est le désordre et ça frise le chaos? Comme dirait Eiguer, « La maison est un reflet de notre âme, et à ce titre, nos difficultés, nos troubles non résolus, nos secrets de famille sont projetés sur l’habitat… ». Comme nous venons de le voir, notre vécu et notre personnalité influencent notre habitat. L’inverse est aussi vrai : les événements qui touchent notre logis nous affectent tout autant. Pensez-y : votre ami vomit sur votre nouveau divan et s’en va sans ramasser. Oserez-vous dire que ça ne vous dérange absolument pas? Notre logis est en quelque sorte une deuxième peau. Comme un escargot qui traîne sa coquille, nous sommes intimement liés à notre habitat.

Notre appartement, un point de repère

Deuxièmement, notre appartement nous sert de point de repère. Il est un lieu de sécurité, d’expression de vos valeurs, de vos rêves, et aussi de votre souffrance. Vous avez affiché votre diplôme sur le mur, bien à la vue de tous? Vous avez un grand cadre d’un bord de mer des îles tropicales? C’est normal, car nous aimons nous reconnaître dans notre chez-nous. C’est aussi le lieu d’expression de notre souffrance ou de nos blessures. Vous pouvez parier qu’un ami qui s’endort sur ses mégots de cigarette n’est pas dans ses moments les plus heureux. Il n’a plus de repères dans sa vie et son appartement est à son image.

Notre chez-nous, un lieu de stabilité

Rares sont les gens qui souhaitent déménager trois fois par année. Alors pourquoi voit-on tant de gens déménager régulièrement? Voici une explication au manque de stabilité. Parkinson, Nelson et Horgan (1999) expliquent l’importance d’avoir un appartement bien entretenu: « …un logement médiocre est associé à une pauvre qualité de vie, une insatisfaction qui a des effets négatifs et favorise l’apparition de comportements inadéquats. ». Ils ajoutent que la qualité du logement est liée à la stabilité : un appartement de mauvaise qualité limite l’accès à une vie gratifiante et à des contacts sociaux qui permettent d’améliorer notre mieux-être. Vous comprendrez donc qu’il est bien difficile de garder ses amis, ses intervenants, ses ressources alimentaires et autres si l’on change de région tous les ans.

La santé mentale dans tout ça?

Les gens qui souffrent d’un trouble de santé mentale ont plusieurs contraintes qui réduisent leur accès à des appartements confortables. Il y a les appartements supervisés, qui ne laissent pas toujours la possibilité de les décorer à notre image. Il y a les salaires, qui permettent seulement d’espérer les logements dont personne d’autre ne voudrait. Quand on demande à des gens souffrant de trouble de santé mentale ce qu’ils souhaitent d’un appartement, ils répondent « avoir le choix, l’intimité, l’autonomie et le contrôle. »

Vous souhaitez démarrer une démarche d’amélioration de votre milieu de vie? Venez consulter les intervenants du CAFGRAF! Nous avons une art-thérapeute qui vous conseillera sur les manières de le rendre plus joli. Nous avons une ergothérapeute qui vous aidera à le rendre plus fonctionnel. Finalement, vous avez sûrement des amis qui seraient prêts à vous donner un petit coup de main pour faire avancer vos projets!

Venez nous voir, la vie est plus facile quand on est bien entourés!

[1] Alberto Eiguer, (2004) « L’inconscient de la maison », DUNOD
[1] Idem
[1] AGNERAY, F., Tisseron, C., Mille, M., Wawrzyniak, S. & S. SCHAUER (2015). « L’habitat et ses liens avec le psychisme : aspects psychopathologiques et cliniques de l’attachement à l’habitat », L’Évolution Psychiatrique, vol. 80, Issue 3, Pp. 489-499
[1] PARKINSON, S., NELSON, G. et S. HORGAN (1999). «From Housing to Homes: A Review of the Literature on Housing Approaches for Psychiatric Consumer/Survivors», Canadian Journal of Community Mental Health, vol. 18, no 1, 145 -164.
[1] SYLVESTRE, J., TRAINOR, J., HOPKINS, M., ANUCHA, U., ILVES, P. & N. Ramsudar (2001). “À propos de la stabilité du logement chez des personnes aux prises avec des troubles mentaux graves ». Nouvelles pratiques sociales, vol.14, n2, p.59-74.
[1] CARLING, P.J. et B.H. TANZMAN (1996). «Consumers’ Preferences for Housing and Supports», dans HUTCHINGS, G.P., EMERY, B.D. et L.P. ARONSON (sous la direction de), Housing for Persons with Psychiatric Disabilities: Best Practices for a Changing Environment. Technical Assistance Tool Kit, Alexandria, VA, National Technical Assistance Center for State Mental Health Planning, 53-59.

Mes droits de locataire

Avoir un logement est un droit fondamental protégé par la Charte des droits et libertés de la personne. Beaucoup de locataires pensent être à la merci de leur propriétaire. Ils ont la croyance que le propriétaire pourrait, d’un seul geste, augmenter le prix des loyers pour s’enrichir, évincer un locataire s’il le désire ou complètement ignorer d’effectuer des travaux sur une propriété insalubre et le tout, sans conséquence. Bien peu de locataires osent contester une décision pourtant injuste du propriétaire de peur de subir des représailles de ce dernier. En vérité, le locataire a beaucoup plus de droits que vous pouvez croire.

Refuser une augmentation de loyer

Lorsque vient le temps de renouveler le bail, le propriétaire va généralement augmenter le prix du loyer, avec la hausse des coûts de rénovations des logements, les salaires de personnel, les taxes municipales, les assurances, etc. Le Tribunal Administratif du Logement (TAL) suggère aux propriétaires pour l’année 2024 une augmentation de 4% du prix des loyers, alors qu’en 2023 l’augmentation était suggérée à 3,5%. Malgré tout, les propriétaires sont libres de fixer leurs prix comme bon leur semble. Le TAL n’a pas l’autorité d’obliger les propriétaires à suivre leurs recommandations. Cela dit, le locataire a quand même des droits pour contester les augmentations abusives. Lorsque vous recevez la lettre mentionnant le montant du loyer pour l’année à venir, vous avez un mois de délai pour faire parvenir à votre propriétaire une lettre déclarant votre décision : accepter l’augmentation, refuser et rester dans le logement ou déménager à la fin du bail. Si vous refusez et restez dans le logement, le propriétaire n’aura pas le choix que de négocier avec vous pour trouver une entente ou de faire une demande au TAL pour qu’il se prononce sur l’augmentation proposée. EN AUCUN CAS le propriétaire ne peut vous évincer du logement à cause d’un refus, c’est un droit qui est protégé par la Loi.

Dans le cas où le propriétaire négocie avec vous, il peut décider de modifier les conditions du bail pour trouver un terrain d’entente, par exemple d’enlever l’internet inclus, l’électricité, etc. À chaque proposition, vous avez toujours l’option d’accepter les changements ou de refuser et de rester dans le logement. Le propriétaire aura un mois pour soumettre une nouvelle proposition. Si, après un mois, vous n’avez eu aucune réponse, les modifications proposées sont nulles et le bail revient aux mêmes conditions que présentement.

Pratique à savoir en tant que nouveau locataire

Vous avez sûrement déjà entendu dire que lorsqu’un logement se libère, le propriétaire va en profiter pour monter drastiquement le prix du loyer. Si vous êtes un nouveau locataire, vous devriez voir dans la section G du bail « Avis au nouveau locataire » le montant que payait le locataire précédant. Il n’est pas rare que le propriétaire ne remplisse pas cette section ou même inscrit un montant mensonger. Si vous pouvez être en contact avec l’ancien locataire, il est recommandé d’essayer d’obtenir une copie de son bail pour voir le prix le plus bas payé des derniers 12 mois pour évaluer si le nouveau prix proposé est raisonnable ou si le propriétaire en a profité pour faire une hausse abusive. Le TAL donne jusqu’à deux mois après le début du bail pour faire une révision du loyer.

Une autre pratique courante lors de la signature du bail est que le propriétaire demande un dépôt de garantie, soit pour assurer le retour des clés, couvrir les dommages ou un mois de loyer non payé, etc. Or, il est illégal pour un propriétaire d’exiger un dépôt de garantie ou un avancement de plus d’un mois de loyer. Il peut toutefois l’offrir comme option pour avoir une certaine sécurité financière. Le dépôt serait donc légal car le locataire peut choisir librement d’y adhérer ou non. Les autres options proposées sont d’avoir un colocataire qui assurera de payer la totalité du loyer au besoin ou d’avoir un co-signataire qui pourra cautionner le bail. 

Quoi faire avec tout ça?

Il n’est pas facile de naviguer dans le labyrinthe juridique avec les nombreuses lois et exceptions qu’il peut avoir. C’est pourquoi, en cas de problème avec votre propriétaire ou même avec un autre locataire, plusieurs organismes existent pour vous aider lorsque vous êtes incertains de la marche à suivre. L’En-Droit de Laval se spécialise dans la protection et la défense des droits des personnes avec un problème de santé mentale. Vous pouvez aussi consulter le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) pour tout problème juridique concernant le logement. 

Même si l’on pense que le propriétaire a le contrôle absolu de son logement, il est important de se rappeler que vous avez aussi des droits fondamentaux qui doivent être respectés et que vous n’êtes pas impuissants devant lui. N’hésitez pas à chercher quels sont vos droits et à les faire respecter, votre sécurité et votre bien-être passe par-dessus tout le reste. 

Références

  1. Lapierre, Geneviève « Droits des locataires 101», RCLALQ, 2019 https://rclalq.qc.ca/wp-content/uploads/2019/07/droit-des-locataires-101.pdf
  2. Tribunal Administratif du Logement. (2023) Modification d’une condition du bail https://www.tal.gouv.qc.ca/fr/reconduction-du-bail-et-fixation-de-loyer/modification-d-une-condition-du-bail

Les effets des émotions sur l’intelligence et le potentiel de guérison

En art-thérapie, je te demande parfois d’illustrer une ou des émotions. Pourquoi exprimer visuellement des émotions ? Parce que plus on reconnaît nos émotions, mieux on peut comprendre ce qu’elles ont à nous dire et en prendre soin. 

L’art, la beauté et ses effets sur le cerveau

Les scientifiques ne sont pas encore arrivés à définir l’effet de la beauté sur le cerveau1. Cependant, ils ont des pistes. Le cerveau est capable de distinguer et de traiter ce qui est beau, par exemple, quand on apprécie l’harmonie d’un tableau, son rythme et sa composition. Le cerveau est stimulé par une émotion déclenchée par ce qui nous apparaît comme beau. En d’autres mots, c’est comme si cela allumait les neurones du cerveau. Prenons l’exemple d’une mélodie qui te plait. Même si tu l’écoutes dix fois dans une même année, elle n’aura pas le même effet sur tes neurones. Il y a plus de 600 millions de synapses (chemins ou câbles) qui connectent les neurones par millimètre cube (insérer dessin neurone 1 émotions, neurone 2 savoir tenir un crayon, donne neurone 3: exprimer l’émotion – câbles qui les relient entre eux). C’est difficile à imaginer pour un si petit espace. C’est pendant toute la vie qu’on peut agrandir les circuits du cerveau, ou reconnecter ces chemins neuronaux. C’est ce qu’on appelle la plasticité du cerveau. Plus on est stimulé par différents types de beauté, plus notre cerveau créera de nouvelles connexions entre les neurones. Pas besoin de chercher loin. La belle nature est gratuite et présente tout autour de nous. Elle stimule des émotions et des sentiments durables de calme, de plaisir ou de satisfaction.

L’expression des émotions et l’intelligence

Justement, parlons-en des émotions. Dans ma pratique artistique et d’art-thérapeute, une création peut libérer des émotions inexprimées ou des inconforts. On peut choisir d’illustrer une émotion pour voir à quoi elle ressemble pour soi. Il suffit d’entrer en contact avec l’émotion pour ressentir comment elle se manifeste dans le corps. Où est-elle ? Quelle est sa forme, ses mouvements et son rythme ? On peut ensuite la regarder avec curiosité et se demander ce qu’elle vient faire, ici et maintenant. On peut découvrir ce qu’elle cherche à dire. La pratique de l’expression des inconforts intérieurs peut amener à la conscience les émotions et favoriser leur compréhension. Avec le temps, tu développes et raffines ton intelligence émotionnelle. Donc, tu peux laisser s’exprimer l’émotion artistiquement, même si tu ne sais pas laquelle est là. Ensuite, tu peux essayer de la comprendre, pour saisir pourquoi elle est là. C’est ainsi que l’émotion contribue à l’intelligence globale du corps, et éventuellement à une prise de décision réfléchie. 

L’intelligence émotionnelle et ses effets 

L’émotion vient stimuler directement la partie réactive du cerveau. Si on ne comprend pas les émotions, celles-ci peuvent diriger nos comportements, malgré notre bonne volonté. Par exemple, tu veux arrêter de fumer. Arrive une situation stressante. Tu ne prends pas le temps d’être en contact et de comprendre le stress que ça génère. Cela engendre le besoin de fumer. Tu prends une bouffée de cigarette, malgré ta volonté de ne pas recommencer.  Si tu t’arrêtes pour comprendre le message de ton stress, tu arrives à raisonner et prendre la bonne décision pour toi. 

Et pas seulement pour soi. Se connaître émotionnellement peut contribuer au succès. En effet, l’intelligence émotionnelle des employés contribuerait à 85% du développement des entreprises2. Les médecins3 reconnaissent de plus en plus l’effet bénéfique de l’expérience artistique sur les changements bénéfiques pour soi. Lorsqu’une personne est malade, l’art-thérapie peut contribuer au processus de guérison ou d’acceptation de la maladie. Aussi, la maladie mentale est une condition physique, tout comme une jambe cassée. Le cerveau est un organe qui fait partie du corps. La personne d’avant la maladie (physique ou mentale) est encore là.  Vivre et exprimer sainement les émotions, comme la peur, la tristesse, la colère peut favoriser le processus du retour à une vie satisfaisante.

Les effets cognitifs et symboliques sur le cerveau

Si on exprime la colère avec un bloc d’argile, en le cognant sur une table et en le transformant, peu à peu le sentiment d’être envahi va diminuer. En modelant la colère qui est encore présente, on lui donnera une forme d’expression (symbolique). On peut chercher à comprendre (cognitif) ce qui s’exprime. Cela a un effet sur les chemins (synapses) qui sont formés dans le cerveau. Exprimer et comprendre peut aider à se sortir des comportements qui nuisent à ta santé mentale et/ou physique. Par exemple, les comportements qui font trop boire d’alcool, trop manger ou trop consommer de drogues. 

Ce qui est envahissant est souvent difficile à identifier et à comprendre. Par exemple, utiliser l’aquarelle (sensoriel) en tapotant (kinesthésique) permet d’exprimer doucement le trop-plein de l’affectif (émotion). Ce qui amène éventuellement à perce-voir autrement (perceptif)4. De là, on comprend mieux l’effet de l’émotion sur notre comportement (cognitif). La forme (symbolique) exprime ce que notre corps et nos émotions cherchent à nous apprendre. Avec le temps, l’image créée revient dans nos pensées. Graduellement, les images créées aident à supporter ce qui est inexprimable ou invivable. 

Par exemple, cette image illustre un moment où je ne me sentais pas bien. J’étais inconfortable avec une décision prise. J’ai pris un carton noir, pour faire ressortir ce que j’avais besoin de voir, car je ne voyais pas clair. Sur l’image abstraite, on voit une femme avec les mains et le corps tournés vers la gauche, et le regard tourné vers la droite. Cela m’a fait prendre conscience que ma pensée (décision) n’était pas alignée avec ce que mon corps ressentait. J’ai alors réfléchi à ce qui pourrait réconcilier mon corps et ma pensée. J’ai pris la même position que le personnage et j’ai réaligné mon corps. Ce mouvement m’a guidé à voir la décision appropriée pour moi. Tu as des questions, viens me voir et on pourra regarder comment tu peux t’approprier l’expression de tes émotions.

 

Références

    1. Verdo, Y. (2016) Comment l’art embrase le cerveau. Retrouvé sur le site Les Échos. https://www.lesechos.fr/2016/11/comment-lart-embrase-le-cerveau-218142
    2. Découverte Sciences (2024). Nos émotions nous rendent-elles intelligents? 38 dossiers pour comprendre Cerveau & Neurosciences, p. 72-74.
    3. Pellecchia, A., Gagnayre, R. (2006). Entre cognition et émotion : les potentialités de l’art dans l’éducation thérapeutique. Revue internationale francophone d’éducation médicale.
    4. Lusebrink, V. J., Hinz, L. (2019). Cognitive and symbolic aspects of art therapy and similarities with large scale brain networks. Journal of the American art therapy association 37(3), 113-122.

 

Cocaïne, amphétamines, MDMA et sport – et si c’était le même cocktail chimique dans le corps?

Notre corps libère des hormones qui contrôlent plusieurs processus physiologiques et émotionnels, comme la croissance, la reproduction, la faim, l’humeur et le sommeil. 

Les hormones sont des substances naturelles sécrétées par des glandes. Elles agissent comme des messagers chimiques pour différents organes ou autres glandes du corps. 

L’activité physique et la drogue stimulent la sécrétion de plusieurs hormones, dont les hormones du bonheur. Mais quelles sont ces hormones qui sont libérées durant l’activité physique et lors de la prise de substances (cocaïne, MDMA, amphétamines) ? Quels sont leurs effets sur notre corps et notre mental ?

  1. Hormones libérées lors de l’activité physique 

Plusieurs hormones sont libérées lors de l’activité physique comme les endorphines, la dopamine et la sérotonine. Ce sont des hormones qui ont des effets divers sur notre corps, que nous allons développer ci-dessous. 

  1. Les endorphines  

Les endorphines sont des hormones sécrétées par des glandes à la base du cerveau en réponse à certaines situations comme l’activité physique. Elles sont aussi appelées « hormones du bonheur » puisqu’elles procurent une sensation de bien-être et d’euphorie. Ces endorphines agissent aussi comme des antidouleurs naturels. L’activité physique va augmenter la production des endorphines dans le corps et améliorer l’humeur, réduire le stress, l’anxiété et la dépression. 

  1. La dopamine  

La dopamine est une hormone qui joue un rôle fondamental dans le système de récompense du cerveau. Tout comme les endorphines, c’est une « hormone du bonheur », car elle est libérée par notre cerveau lors d’expériences associées au plaisir. La dopamine a une influence sur notre comportement, notre bien-être et notre motivation. Pendant l’activité physique, la dopamine joue un rôle essentiel dans la motivation et le renforcement des comportements liés à l’activité physique. 

  1. La sérotonine  

La sérotonine est une hormone qui permet de maintenir un état de stabilité au niveau de l’humeur et donc de se sentir bien mentalement. Elle est aussi impliquée dans la régulation du sommeil et de l’appétit. La sérotonine est associée à l’état de bonheur. 

L’activité physique va stimuler la production de sérotonine dans le cerveau et peut donc améliorer l’humeur et réduire les symptômes liés à la dépression et à l’anxiété. De plus, avec une activité physique régulière, le cerveau va développer une sensibilité aux récepteurs de sérotonine, ce qui va réguler l’humeur et le comportement. 

 

  1. Effets des drogues sur les hormones du bonheur 
    1. Dopamine : influence de la cocaïne, MDMA et des amphétamines 

Lorsque nous consommons de la cocaïne, de la MDMA et des amphétamines, notre corps libère de la dopamine. En réponse à la prise de ces drogues, nous allons ressentir une sensation artificielle de plaisir et d’euphorie, ce qui peut développer des comportements addictifs. Effectivement, la dopamine, impliquée dans le circuit de la récompense, joue un rôle central dans le phénomène de l’addiction. La personne qui consomme va libérer une grande quantité de dopamine, ce qui va lui donner une envie irrésistible de consommer à nouveau, sans prendre en compte les conséquences négatives. 

  1. Sérotonine : effets de la MDMA sur la libération de sérotonine 

La prise de MDMA entraîne une libération importante de sérotonine dans le corps. Cette drogue va alors provoquer une sensation artificielle de bonheur, d’euphorie et d’empathie pour les personnes autour de nous. C’est pourquoi nous l’appelons la drogue de « l’amour ». 

  1. Noradrénaline : les amphétamines et la MDMA 

La noradrénaline est une hormone qui est impliquée dans les fonctions de vigilance, de mémoire, d’impulsivité et d’humeur dans le cerveau. Les amphétamines et la MDMA stimulent la sécrétion de noradrénaline dans le cerveau. Cela va alors favoriser l’attention et la vigilance de la personne. 

  1. Comparaison des mécanismes et des effets 
    1. Mécanismes de libération des hormones 

L’activité physique et la drogue influencent de façon différente le système hormonal dans le corps. Effectivement, l’activité physique va stimuler de manière naturelle le système hormonal, en sécrétant diverses hormones aux multiples effets positifs, en quantité modérée. Tandis que la drogue va stimuler artificiellement le système hormonal en sécrétant des hormones abondamment dans notre corps. 

  1. Durée et conséquences : comparaison des effets à court terme et à long terme de l’activation hormonale par l’exercice et de la drogue 

La cocaïne, les amphétamines et la MDMA ont des effets à court terme sur le plan physique et mental : euphorie intense ; atténuation de la faim, de la fatigue et du besoin de sommeil, augmentation de l’énergie, une exaltation des pulsions sexuelles et aussi une désinhibition sociale.  Des complications peuvent survenir lors de premières prises sur le plan neurologique (AVC) ou cardiovasculaire (infarctus). À long terme, la prise de substances, comme la cocaïne, entraîne un risque de dépendance et des complications psychiatriques (état délirant ou paranoïa ; dépression et tentatives de suicide ; attaque de panique) avec une altération des fonctions cognitives. 

Faire de l’exercice physique de façon régulière améliore la santé physique et psychologique. Effectivement, les effets positifs à court et à long terme sont nombreux. À court terme, l’activité physique va augmenter le flux sanguin et l’apport en oxygène dans le corps, ce qui va donner un regain d’énergie. Avec la libération des endorphines, l’activité physique va aussi entraîner une sensation de bien-être. Sur le long terme, l’activité physique peut aussi : réduire le risque de maladies cardiovasculaires en renforçant le cœur et en améliorant la circulation sanguine ; réduire le diabète de type 2 et les cancers incidents ; réduire les symptômes de dépression et d’anxiété ; améliorer le sommeil et les fonctions cognitives. 

Conclusion : 

L’exercice physique apporte des avantages durables sur la santé physique et mentale par rapport aux risques associés à la consommation de drogue. En effet, la santé cardiovasculaire est améliorée, les symptômes liés au stress, à l’anxiété et la dépression sont réduits, la confiance en soi est améliorée… Bref, faire de l’exercice physique de façon régulière cultive notre bonheur et notre bien-être. C’est pourquoi le CAFGRAF s’engage à pousser nos limites et à encourager l’activité physique, tous les mercredis matins. De plus, le 2 juin prochain se tiendra la course des pompiers à Laval et pour cette occasion, le CAFGRAF participe à une marche de 2 kilomètres. Alors, j’espère vous voir nombreux pour cet évènement et surtout avoir du plaisir. 

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Références 

Steven E. Hyman and Robert C. Malenka, « Addiction and the brain: The neurobiology of compulsion and its persistence », Nature Reviews Neuroscience, vol. 10, no 2,‎ 2001, p. 695-703.

https://www.allodocteurs.fr/mdma-pourquoi-lappelle-ton-la-drogue-de-lamour-33267.html 

https://www.elsevier.com/fr-fr/connect/pharmacologie-du-systeme-noradrenergique 

https://sassosolene.wordpress.com/2013/01/01/circuit-de-la-recompense/#:~:text=Le%20circuit%20de%20la%20r%C3%A9compense,de%20d%C3%A9pendance%20et%20d’addiction

https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/physical-activity#:~:text=L’activit%C3%A9%20physique%20est%20tr%C3%A8s,le%20cancer%20et%20le%20diab%C3%A8te

La cocaïne : un marché en essor évolution et tendances en France (2000-2022), (2023) : chrome-extension://efaidnbmnnnibpcajpcglclefindmkaj/https://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/epfxco2d3.pdf 

https://www.sports.gouv.fr/les-bienfaits-du-sport-25#:~:text=Lorsqu’on%20pratique%20une%20activit%C3%A9,tout%20une%20source%20de%20plaisir.

https://www.allodocteurs.fr/archives-baisse-de-moral-du-sport-pour-oublier-ses-problemes-11075.html 

https://www.drogues.gouv.fr/que-nous-dit-la-science-des-addictions#:~:text=Les%20substances%20psychoactives%20lib%C3%A8rent%20la,cerveau%20de%20continuer%20de%20consommer.

Le cadre du continuum des thérapies expressives en art-thérapie

Le cadre du Continuum des Thérapies Expressives (CTE) en art-thérapie c’est quoi ? En art-thérapie, on utilise des médias d’art-visuels. En utilisant le cadre du CTE, les médias sont disposés sur un continuum dans le studio d’art-thérapie. C’est-à-dire qu’on dispose les médias des plus fluides aux plus résistifs. Ça veut dire quoi tout ça ? Il n’y a rien de mieux qu’une image. 

Mais encore, pourquoi du plus fluide au plus résistant ? Chaque médium peut amener dans le corps une réaction différente. Cela peut aller de l’indifférence, au plaisir, au dégoût ou encore une résistance sans raison particulière. Par exemple, la création avec l’aquarelle peut amener une émotion de lâcher-prise ou de déplaisir. Certaines personnes seront ravies de jouer avec la fluidité de l’aquarelle qui peut s’écouler dans différents sens. D’autres se sentiront désemparées, car l’aquarelle et les médiums apparentés laissent moins de place au contrôle. Un autre exemple est la création avec l’argile. Certaines personnes peuvent avoir de la difficulté à la manipuler. D’autres auront de la difficulté à apprécier sa matérialité. Plusieurs personnes seront surprises d’arriver à donner forme à ce qu’ils imaginent. Certaines personnes aimeront la malléabilité de l’argile et sa propriété pourtant solide.

Des médiums comme les crayons de couleurs, le collage ou les feutres peuvent faciliter le développement de capacités cognitives. Les thérapies expressives comprennent beaucoup plus de matériaux que ceux illustrés ci-haut. Cependant, il est important de ne pas introduire trop de médiums inconnus au début d’une série de séances en art-thérapie.1

Un aspect important de l’approche par le CTE est d’encourager la personne à explorer les médiums. Une des valeurs importantes est de créer avec ce qui est présent.  Comment la personne se sent, quelles couleurs et textures y correspondent. Avec le temps on peut introduire des matériaux moins conventionnels. Ces matériaux peuvent favoriser une expression symbolique et significative pour la personne. Les matériaux non conventionnels peuvent être du tissu, des souliers, pour confectionner un personnage ou une marionnette. Ces explorations symboliques peuvent aider à nourrir des aspects de soi avec un manque à combler. L’important est d’avoir une variété de matériaux qui peuvent nourrir les différents besoins liés à la culture. Par exemple, l’utilisation de tissus, laine ou rubans apaisent et nourrissent les besoins de type sensoriels.

On peut aussi marcher dans l’environnement immédiat pour trouver des objets qui peuvent nourrir le processus créatif. Ce processus de recherche de l’objet naturel ou autre favorise l’action. Par exemple, je marche dans le parc et je trouve une plaquette informatique de 4 pouces (oui ça m’est arrivé). Intéressant.  Comment est-elle arrivée là ? D’où vient-elle ? Qui a participé à sa création ? Je trouve une noisette, mais il n’y a aucun noisetier dans le boisé. Étrange. Quel voyage a-t-elle fait pour se rendre dans ce boisé ? On peut alors imaginer et créer l’histoire de ce qu’on a trouvé.

Vous aurez compris que tout cela explique le CTE. On peut regarder ce continuum sous l’angle de fonctions de composantes physiques et/ou cognitives. Toutes ces composantes font partie de l’expérience humaine. Cela contribue au processus créatif de différentes manières. La personne choisit de créer en fonction de ce qu’elle a besoin d’exprimer. Si le besoin est de marteler ou frapper, elle peut le faire avec un feutre et créer à partir de points successifs. Si elle a besoin de douceur, de textures, elle pourrait utiliser des textiles, de la peinture à doigts ou du pastel à l’huile travaillé avec les doigts. Un autre pourrait avoir besoin d’exprimer des émotions et utiliserait l’aquarelle. Ou encore pour changer sa perspective sur une situation, par exemple en agrandissant une image (comme si on la regardait au microscope). Dans un même processus, la personne peut avoir besoin d’utiliser un crayon pour ajouter un élément précis (passant ainsi à la composante cognitive). L’ajout d’un élément symbolique peut amener une conclusion ou une nouvelle direction à l’œuvre en cours.

INSÉRER GRAPHIQUE DE HINZ 2008 MODIFIÉ

Tout cela pour dire que le CTE est un cadre intéressant, tant pour la personne que pour l’art-thérapeute. L’outil peut permettre à la personne de mieux comprendre ses besoins et de mettre des mots sur son processus. Si au contraire la personne ne sait pas comment procéder, le cadre du CTE peut offrir des possibilités d’exploration en lien avec ce qui est présent. Ce continuum ne se travaille pas de manière linéaire ou par étape, mais plutôt selon le besoin de la personne. Ce n’est pas non plus une recette, mais plutôt un outil ou un cadre d’accompagnement. 

Tout comme avec l’art-thérapie positive2 on travaille à partir de ce qui est présent, en validant et en cherchant avec la personne. Ce qui la motive, la soulage, lui permet de voir une situation sous différents angles, susciter l’espoir et découvrir des capacités inespérées. Bref, on sort de la boîte connue, pour sauter dans l’univers de soi qu’on connaît moins. Comme dit mon collègue Maxime, pour sortir de la boîte, faut-il encore qu’il y ait une boîte ou un cadre pour contenir tout ça.

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  1. Hinz, L. H. (2020). Expressive Therapies Continuum: A framework for using art in therapy (2nd ed.). Routledge.
  2. Wilkinson, R. A., Chilton, G. (2018). Positive Art Therapy: theory and practice. Routledge.

Présentation du Modèle Canadien du Rendement et de l’Engagement Occupationnel (MCREO)

L’ergothérapie est une profession permettant aux personnes de réaliser les occupations qu’elles considèrent comme importantes. L’ergothérapie est décrite comme étant « l’art et la science de l’habilitation de la personne à l’engagement dans la vie de tous les jours par l’occupation ; habiliter les personnes à effectuer les occupations qui favorisent leur bien-être ; habiliter les membres de la société, de telle sorte que celle-ci soit juste et inclusive afin que tous puissent s’engager, selon leur plein potentiel, dans les activités de la vie quotidienne».

Une occupation est l’ensemble d’activités et de tâches de la vie quotidienne auxquelles les individus et les différentes cultures donnent un nom, une structure, une valeur et une signification. L’occupation comprend tout ce qu’une personne fait pour prendre soin d’elle (soins personnels), se divertir (loisirs) et contribuer à l’édifice social et économique de la communauté ‘productivité). C’est l’expertise de l’ergothérapeute. (ACE, 2002). 

Les modèles conceptuels en ergothérapie

Cette profession s’appuie sur des modèles conceptuels. Ces derniers sont des outils essentiels pour guider la démarche clinique. En effet, ils permettent d’organiser les connaissances des thérapeutes, d’analyser les difficultés des clients de manière structurée et d’identifier les priorités d’interventions, dans le but de favoriser leur rendement et leur engagement occupationnel. Dans cet article, le modèle canadien du rendement et de l’engagement occupationnel sera détaillé. 

 

Le Modèle Canadien du rendement et de l’engagement occupationnel (MCREO) 

Le Modèle canadien du rendement et de l’engagement occupationnel (MCREO) est utilisé par les ergothérapeutes oeuvrant au Québec et au Canada. C’est un modèle centré sur le client. Cela signifie que les interventions visent à répondre aux besoins spécifiques de chaque individu, en tenant compte de ses valeurs, de ses objectifs et de son contexte unique. L’évaluation se fait souvent en collaboration avec la personne elle-même, garantissant une participation active dans le processus de prise de décision.

 

La personne est représentée sous plusieurs dimensions : la dimension physique (fonctions sensori-motrices, prothèse de hanche, fractures) ; la dimension cognitive (fonctions cérébrales, la mémoire, l’attention) ; la dimension affective (les émotions comme la colère, la tristesse ou la joie et les sentiments) et la dimension spirituelle (croyances, valeurs, projets de vies). Cette vision globale aide à comprendre la personne dans toutes ses dimensions, ses fonctions, ses activités, ses besoins et ses habitudes de vie.

Puisque chaque individu vit dans un contexte environnemental qui lui est propre, la personne est représentée à l’intérieur de l’environnement. L’environnement est divisé en quatre catégories : l’environnement social (les amis ou la famille de la personne, un voisin gentil) ; l’environnement culturel (la culture québécoise et canadienne par exemple) ; l’environnement institutionnel (les lois, la politique, l’économie ; règles de vie en communauté, etc) et l’environnement physique (le logement de la personne : appartement, maison, château, la rue ; les ressources financières). L’environnement offre des possibilités occupationnelles aux individus. 

À cet effet, les occupations sont conceptualisées comme faisant le pont entre l’environnement et l’individu, puisque celui-ci agit sur son environnement par le biais de ses occupations. Ce modèle propose trois finalités occupationnelles, soit les soins personnels (manger, boire, se déplacer, faire son épicerie et son ménage), la productivité (le travail, les études et le bénévolat) et les loisirs (randonner, lire, dessiner).

Le rendement occupationnel est défini comme le « résultat d’un rapport dynamique qui s’établit tout au long de la vie entre la personne, l’environnement et l’occupation. Le rendement occupationnel évoque la capacité d’une personne de choisir, d’organiser et de s’adonner à des occupations signifiantes qui lui procurent de la satisfaction. » Puis, l’engagement occupationnel, « capture la plus large des perspectives de l’occupation ».  Ce terme réfère à tout ce qu’une personne fait pour s’impliquer, s’investir, pour participer et pour s’occuper. Ainsi, l’engagement occupationnel est plus que la simple réalisation d’une occupation.

Le modèle canadien du rendement et de l’engagement occupationnel (MCREO)     

Avantages de l’utilisation du modèle en santé mentale

L’utilisation du MCREO est cliniquement efficace pour détecter les changements significatifs des vies des personnes qui présentent des problématiques de santé mentale. En effet, l’utilisation du modèle en santé mentale permet de prendre en compte la subjectivité, la spiritualité de la personne ainsi que l’aspect social.

En santé mentale le MCREO, nous permet de regarder la personne au-delà de son diagnostic (bipolaire, schizophrène, etc.). Nous allons explorer et prendre en considération la personne dans sa globalité avec ses valeurs (ce en quoi elle croit) et ses forces. 

Références : 

Christiansen, C., Baum, C. M., & Bass-Haugen, J. (2005). Occupational therapy: performance, participation, and well-being. Thorofare: Slack.

Dunn, W. (2011b). Using frames of reference and practice models to guide practice. Dans Best practice occupational therapy for children and families in community settings. Danvers: Slack inc.

Morel-Bracq, M-C. (2017). Les modèles conceptuels en ergothérapie. Introduction aux concepts fondamentaux (2ème édition). De Boeck Supérieur : Lausanne, Suisse.

Ordre des ergothérapeutes du Québec (OEQ). Qu’est-ce que l’ergothérapie? Repéré à https://www.oeq.org/m-informer/qu-est-ce-que-l-ergotherapie.html 

Sames, K. M. (2010). Documenting  Occupational Therapy Practice. Upper Saddle  River: Pearson Education, 36-46 

Townsend, E.A., & Polatajko, H.J. (2013). Habiliter à l’occupation: Faire avancer la perspective ergothérapique de la santé, du bien-être et de la justice par l’occupation (2e ed. version française Noémi Cantin). Ottawa, Ont : CAOT Publications ACE.

Venez manger du bonheur avec nous !

Oui, le titre peut paraître intéressant. Et qu’est-ce qu’on veut dire par là ? Personnellement, je n’ai jamais vu de recette de cuisine où l’on devait ajouter 2 tasses de bonheur. Alors donnez-vous votre langue au chat ? Non ? J’entends déjà des gens qui m’informent qu’une saine alimentation est essentielle à une bonne qualité de vie. D’autres me diront qu’ils ont la pire humeur lorsqu’ils ont le ventre vide. Vous croyez déjà avoir répondu à la question ? Pas du tout ! 

Que veut-on dire alors par « manger du bonheur » ? Commençons par le commencement. Nous suivrons ici le parcours d’un rôti de bœuf au travers d’une cuisine et nous comprendrons ce qui rend heureux. Vous doutez que la nourriture soit aussi bénéfique qu’on le prétend ? Je n’attends plus et je vous partage dès maintenant ma recette pas si magique que ça. Si vous n’êtes pas sûrs      de comprendre, vous pouvez aussi demander à un de nos 12 participants du       cours de cuisine du lundi, car la nourriture n’a plus de secrets pour eux.

Première étape : Prenez votre rôti et faites-le mariner dans un bouillon social pour au moins une heure.

Pourquoi ? Parce qu’une marinade, ça attendrit ! Même les plus grosses pièces de viande deviennent souples quand elles profitent d’un bon bouillon. Le rôti de boeuf que nous suivons dans son parcours arrive triste, anxieux et grognon. Après avoir jasé avec une cuisinière, deux stagiaires et 4 usagers, l’anxiété commence à disparaître            chair      se desserre      . Les mouvements des muscles sont plus souples, moins robotiques. Comme c’est le cas avec un humain. L     es réponses courtes de trois mots se transforment en échanges vivants et spontanés. Tranquillement, le CAFGRAF et ses usagers font leur œuvre. Comme le ventre et le corps en général sont plus détendus, la personne aura plus de facilité à manger. Avez-vous déjà essayé de manger en état avancé de stress ? Parfois, ça ne passe tout simplement pas.

Deuxième étape : Apprêtez vos ingrédients en y mettant plein d’amour !

Lorsque votre pièce de viande est bien socialisée, c’est enfin le temps d’y injecter un gros tas d’amour et d’épices (des gens préfèreront toujours l’amour bien épicé !). Facile à dire ! Voici quelques indications qui vous permettront de réaliser avec succès la deuxième étape. D’abord, prenez le temps d’observer. Plusieurs personnes sont tellement pressées de parler qu’elles ne se soucient pas de l’autre. Aimez-vous que l’on vous parle sans vous écouter ? Que l’on vous propose des trucs qui sont loin de votre réalité ou déconnectés de vos moyens financiers ? Vous n’aimez pas ça ? Personne n’aime ça ! Alors soyez attentifs aux autres comme vous aimez qu’on soit attentifs à vous. Prenez le temps de comprendre l’autre, de vous intéresser à lui. Vous ne trouverez pas que des différences, mais aussi des points en commun que vous pourrez utiliser pour débuter une discussion intéressante. J’entends plusieurs personnes partager, au CAFGRAF, qu’elles ont parfois de la difficulté à avoir de belles relations. Essayez ce truc ! C’est le plus facile au monde ! Il vous demande en fait de ne rien faire : arrêter de parler, arrêter de couper la parole et laisser      l’autre le temps de terminer sa phrase, voire son histoire.

Ensuite, si j’avais un autre conseil à vous offrir, ce serait de penser à complimenter les autres. Reprenons maintenant l’exemple de notre rôti de bœuf. Imaginez-vous en train de servir le plus magnifique rôti à tous les gens que vous aimez. Vous attendez-vous à des compliments ? Des remerciements ? Oui ? Est-ce que ça fait de vous des gens capricieux ? Des bébés gâtés ? Absolument pas ! Au contraire, c’est parfaitement normal et même très sain. C’est à coup de compliments que l’on apprend à croire en nous. Que l’on apprend à s’aimer. Que l’on apprend aussi à se laisser aimer.

Se laisser aimer ? Tout à fait ! Comme un rôti qui se laisserait manger. Sinon, dites-moi à quoi ça pourrait servir de donner tant d’attention à notre rôti, de le faire mariner doucement, de l’assaisonner selon les préférences des invités, de monter la chaleur pour le laisser cuire afin qu’il ressorte du four le plus tendre possible. Tout ça pour finalement ne pas le servir ? Idéalement, toute cette expérience se terminera donc par un partage. 

Où est-ce que je m’en vais avec tout ça ? Je voulais simplement démontrer que toute la belle expérience d’inviter des gens à la maison pour un repas, ou de le cuisiner au CAFGRAF pour une belle gang d’affamés, ne se résume pas aux 15 coups de fourchettes que nous donnons à notre assiette. En effet, j’ai déjà vu plusieurs personnes ici ressentir un plaisir authentique alors qu’ils étaient en train d’accomplir un merveilleux travail d’équipe en cuisine. Ça rit, ça crie, ça partage, ça entraide, ça bouffe et…ce n’est pas un peu le contraire de la dépression tout ça ?

Et puis, quand vous amenez au reste du groupe la belle nourriture que vous avez préparé, que vous recevez des applaudissements et des compliments, ce n’est pas un peu le contraire de la honte tout ça ?

Alors je dirais que oui, au travers d’un rôti de bœuf, on peut traiter la dépression et l’anxiété. Le remède n’est pas le rôti lui-même, mais plutôt toutes les étapes qui d’habitude font chialer les gens : on coupe les légumes (en jasant), on cuit les viandes (en riant), on apprend de nouvelles recettes (en partageant) et finalement, on sert le plat (avec fierté).

Venez donc manger du bonheur avec nous ! On ne vous le servira pas sur un plateau d’argent, tout cuit dans le bec. Pas parce qu’on est égoïstes (j’ai demandé à Luc si « égoïstes » prenait un « s » et il me dit que oui, alors pardonnez-moi si j’ai fait une faute !), mais plutôt parce qu’on a aucun bonheur déjà tout prêt. Comment ça ??? Parce qu’on a besoin de vous pour en faire. 

Continuez de venir nous voir. Continuez de venir manger avec nous. La fierté, la reconnaissance et la confiance en soi viendront vous rejoindre, tous et toutes assis à la même table !

Vieillissement et sexualité

J’aimerais vous amener sur une piste de réflexion. Qu’est-ce qui vous vient à l’esprit lorsque vous pensez au vieillissement ? Répétez l’exercice, mais cette fois-ci pour la sexualité. Y a-t-il des éléments incompatibles entre les éléments que vous associez au vieillissement et ceux que vous liez à la sexualité? Si cela est le cas, vous n’êtes pas les seul.e.s à le penser, mais laissez-moi vous aider à déconstruire vos croyances. 

Dans notre société, nous avons tendance à faire de l’âgisme et du jeunisme. L’âgisme désigne l’adoption de stéréotypes péjoratifs et de préjugés quant aux personnes vieillissantes. Dans le même sens, le jeunisme représente la survalorisation de la jeunesse dans divers aspects de la vie. Selon plusieurs études, dans nos sociétés, nous faisons particulièrement preuve d’âgisme et de jeunisme dans le domaine de la sexualité. Effectivement, nous avons tendance à associer la sexualité à la beauté, la passion, la performance, la fertilité et, surtout, la jeunesse (Gott, 2005). C’est cette incompatibilité présumée entre sexualité et vieillissement qui amène les gens à entretenir des fausses croyances quant à la sexualité des personnes âgées (Simpson, 2016 ; Pryzybylo, 2021). 

Ces mythes concernent des croyances telles que les personnes âgées ne ressentent plus de désirs sexuels, comme si la libido disparaissait ou diminuait drastiquement après un certain âge. Également, il est souvent véhiculé que les corps vieillissants deviennent indésirables. Pourtant, selon une étude, 73 % des personnes âgées entre 57 et 64 ans maintiennent leurs activités sexuelles, 53 % des personnes entre 65 et 74 ans, et 26% des personnes entre 75 et 85 ans (Karaker et al. 2011). Ces résultats montrent que, malgré que le vieillissement entraîne des changements hormonaux et une diminution variable de la fonction sexuelle, les personnes vieillissantes continuent ou souhaitent maintenir leurs activités sexuelles. Les fausses croyances ont un effet stigmatisant pour les personnes vieillissantes qui peuvent se retrouver être dissuadées à rechercher un.e partenaire, à maintenir une vie sexuelle active ou à rechercher l’information ou les services nécessaires à leurs besoins sexuels. Cela peut avoir comme effet de diminuer leur qualité de vie, et parfois contribuer à leur isolement et leur bien-être mental.

Par ailleurs, ces mythes mettent en lumière la tendance de la société à entretenir des standards élevés quant à l’image corporelle, et à mettre en relation l’apparence physique liée à l’âge et la valeur sexuelle d’une personne. En d’autres mots, plus une personne présente des rides, des cheveux gris ou blancs, ou une perte de tonus musculaire, plus elle sera vue comme asexué.e et indésirable sexuellement. Selon une étude, cette disqualification sexuelle des personnes vieillissantes se produit davantage chez les femmes que les hommes (Alarie, 2019). Effectivement, les hommes demeurent éligibles sexuellement plus longtemps que les femmes. Par exemple, il existe de nombreux « sex-symbol » masculins parmi les célébrités américaines comme George Clooney, Brad Pitt, Johnny Depp, et bien d’autres encore. Y a-t-il autant d’exemples de célébrités féminines d’âge avancé perçues comme des « sex-symbol » ? Venez me faire part de vos réponses ! Finalement, que peut-on faire pour diminuer la stigmatisation sexuelle liée à la vieillesse ? Puisqu’après tout, nous passons tous par là un jour !

 

Sources : 

(OMS, 2021) SITE WEB

Organisation Mondiale de la Santé. (2021, 18 mars). Vieillissement  : l’âgisme. https://www.who.int/fr/news-room/questions-and-answers/item/ageing-ageism

(Gott, 2006) LIVRE

Gott, M. (2006). Sexuality, Sexual Health and Ageing. International Journal of Ageing and Later Life. 1(1), 119-122. 

(Przybylo, 2021) 

Pzybylo, E. (2021). Ageing asexually: exploring desexualisation and ageing intimacies. Dans P. Simpson, P. Reynolds et T. Hafford-Letchfield (dir.), Sex and Diversity in Later Life (p.181-198). DOI: 10.2307/j.ctv1nh3m64.16

(Karraker et al. 2011)

Karraker, A. DeLamater, J., Schwartz, C. R. (2011). Sexual Frequency Decline from Midlife to Laterlife. The Journals of Gerontology, 66B(4), 502-512. Doi:10.1093/geronb/gbr058

https://academic.oup.com/psychsocgerontology/article/66B/4/502/589527?login=true

(Alarie, 2019)

Alarie, M. (2019). «  Je ne suis pas une Cougar ! » Quand l’âgisme et le sexisme compliquent l’expression du désir sexuel féminin. Recherches féministes. 32(1), 49-70. https://doi.org/10.7202/1062224ar